Lors d’un webinaire technique organisé par le CCIF, des propriétaires de carrosseries ont livré d’intéressants témoignages concernant les processus de réparation.
Animé par Patrice Marcil du CCIF, cette discussion en deux phases a permis à des représentants d’un atelier certifié par les constructeurs de livrer leur point de vue avant de céder la parole à un carrossier indépendant.
Jeff Pabst et Ryan Hurdman de Pfaff Auto ont expliqué que leur atelier était certifié par des constructeurs haut de gamme incluant Tesla, Porsche, BMW et Audi.
Comme ils l’expliquaient, cette certification oblige une mise à jour constante des outils et connaissances techniques.
Accès aux processus
« Avec l’accès aux sites et plateformes spécifiques des constructeurs, nous pouvons identifier avec précision le modèle, mais aussi toutes les options de chaque véhicule qui entre dans notre atelier, explique Ryan Hurdman. Nous pouvons ainsi savoir à quoi nous attendre lors de la réparation. Par la suite, nous accédons aux processus spécifiques de réparation. Nous faisons systématiquement cette recherche même sur des modèles sur lesquels nous avons déjà travaillé puisque les constructeurs modifient constamment leurs processus de réparation. »
Il donne pour exemple le couvert de pare-chocs, une pièce souvent aux premières lignes lors de l’impact. Parfois, on peut le réparer, parfois on doit le remplacer systématiquement dès qu’il est abîmé.
Et ces directives changent constamment, car une pièce qui devait être remplacée peut maintenant être remplacée si le bris est suffisamment loin de la cassure.
« Analyser le processus dès le départ avec toutes ces contraintes nous permet de savoir rapidement si cette voiture sera réparable ou devra être déclarée perte totale. » Les processus détaillés sont aussi partagés sur le système de gestion de l’atelier ce qui permet tout de suite de voir les pièces nécessaires et même les nuances de peinture qu’il faudra prévoir.
Nouveaux matériaux
Pour l’atelier Pfaaf de Concord en Ontario, l’accès aux processus du constructeur s’impose davantage avec les nouveaux matériaux structuraux ou encore, les véhicules électriques.
« Il ne faut pas aller au hasard ou penser faire les choses comme on le faisait par le passé, met en garde Jeff Pabst. La mauvaise réparation ne sera peut-être pas apparente pour le client, mais avec la précision des systèmes la moindre erreur peut avoir des conséquences dramatiques. Et avec la voiture électrique, on travaille avec de la haute tension qui peut mettre en danger les techniciens. Aller rigoureusement chercher l’information auprès du constructeur et déployer attentivement les bons processus sont des incontournables. »
Peter Sziklai a ouvert son atelier de carrosserie en 1995. Cet indépendant est parfaitement d’accord avec ses collègues au sujet de l’accès au processus de réparation des constructeurs même si dans son cas la démarche est plus complexe, puisqu’il n’est pas certifié.
« Ne pas faire la recherche c’est risquer l’échec. Il y a vingt ans, en regardant la voiture on savait ce qu’on avait à faire, plus aujourd’hui, témoigne le carrossier. Ça prend une nouvelle forme d’expertise. »
Un informaticien
En fait, dans cet atelier, un informaticien programmeur a été engagé spécifiquement pour aller chercher sur les sites des constructeurs les processus de réparation.
Son horaire est complété par les analyses de données du véhicule et la calibration des systèmes avancés d’aide à la conduite suivant les réparations.
« Ce que nous voulons c’est de la constance dans la qualité des travaux, reprend-il. Si chaque technicien répare selon ce qu’il croit être la bonne méthode, nous sommes à risque. Une personne qui va nous sortir les processus adéquats est maintenant un pivot. Mais cette ressource ne se trouve pas facilement dans notre secteur occupé par des passionnés d’automobiles. Il faut créer un nouveau poste spécialisé. »
Cinq années déterminantes
Autant chez l’atelier certifié que chez l’indépendant il ne fait aucun doute que les cinq prochaines années vont être déterminantes pour l’avenir de la carrosserie. Pour l’équipe de Pfaaf Auto, la création et le maintien de liens étroits avec les constructeurs est la seule approche valable pour assurer son avenir.
« Regarder les structures de carbones sur certains véhicules de pointe. Pour les réparer, il faut établir une communication directe avec le constructeur qui va nous demander des photos et d’autres informations avant de nous guider vers la bonne réparation. »
Selon ses deux représentants, les cinq prochaines années vont être difficiles pour les ateliers indépendants.
Peter Sziklai est d’accord.
Mais son atelier est situé à près de 300 kilomètres du plus proche centre urbain où une concentration de volumes justifierait la démarche de certification auprès d’un ou d’un groupe de constructeurs.
Pour lui, l’important est de mettre en place un processus rigoureux de réparation.
« Nous vivons des réalités différentes. Mais nous sommes tous d’accord sur le fait qu’il faut être rigoureux et prendre le temps de faire la recherche sur les processus et les respecter avant d’entreprendre quoi que ce soit. »