La sécurité au volant et la prévention sur la route s’enseignent et s’assimilent.
Pour y arriver selon les visées d’une entreprise qui déploie un parc de véhicules et qui cherche à préserver sa notoriété tout en protégeant ses employés, une formation devient un incontournable. Quels en sont les éléments névralgiques? Réflexions de trois intervenants qui promeuvent au quotidien la sécurité routière.
Une approche transparente
Chez Géothentic, Guillaume Poudrier tend à croire que la manière dont nous conduisons engendre un comportement similaire autour de notre véhicule en mouvement. Ainsi, en demeurant en contrôle, calme et prévoyant, le chauffeur s’offre du temps de réaction au cœur de situations plus délicates et peint le tableau routier selon des teintes plus positives derrière une notion de partage. En somme, il s’agit là du fondement de toute bonne formation sécurité-prévention qui, selon notre intervenant, doit s’amorcer sur des attentes objectives.
« Lors du lancement de la formation, la présentation de données neutres et impartiales suggère une approche globale ciblée sur la politique de la maison, non sur le comportement de l’individu. Ainsi, on fait miroiter la réalité sans préjudice », explique d’entrée de jeu le président de Géothentic.
Pour s’outiller afin de perfectionner son approche didactique, le responsable qui cherche à former des conducteurs concentrés et impassibles au volant pourra ensuite intégrer une technologie de pointe.
« C’est ici que la télémétrie entre en jeu avec le bulletin de conduite. Un rapport reflétant les données statistiques à glisser sur la table lors de la formation pour une approche constructive. Comparer le comportement d’un candidat avec celui de ses pairs aide à améliorer la conduite globale de chacun. De cette façon, l’employeur adopte une approche sécuritaire et positive afin de niveler vers le haut. »
En bout de ligne, avec toutes ces statistiques à l’appui, il devient plus facile pour le gestionnaire de parc de récompenser les bons comportements afin de consolider la culture de prévention.
« Une méthode neutre pour cibler les points à peaufiner sur le plan individuel pour satisfaire les enjeux. En y allant avec des données concrètes au lieu d’insinuer des angles de perception, on évite les bruits de corridor », image M. Poudrier en terminant.
Un cycle perpétuel
Aux yeux de Rich Radi, directeur, systèmes d’information clients chez Holman, l’instauration d’une culture de la sécurité améliore les performances globales des conducteurs, atténue les risques et réduit le taux d’accidents. Selon lui, tout commence par un programme d’accueil pour les recrues comprenant trois volets, basés sur une politique claire qui précise les attentes de l’entreprise à l’endroit d’un employé qui conduit un véhicule dans un cadre professionnel.
« D’abord un examen et une évaluation de la politique de l’organisation en matière de flotte ou de sécurité, afin que le conducteur comprenne parfaitement les normes de performance de conduite de l’organisation. Ensuite, une estimation des compétences du chauffeur dans une variété de situations pour évaluer son processus de réflexion et son jugement une fois confronté à divers scénarios de conduite, suivie d’une rétroaction immédiate. Enfin, une formation personnalisée traitant des domaines à améliorer pour ce conducteur spécifique. »
Dans le même ordre d’idées, notre intervenant stipule que cet enseignement devrait s’échelonner sur toute l’année afin que chaque chauffeur ait constamment à l’esprit le concept de sécurité.
« Pour le chauffeur ayant un comportement à risque, qui inclut notamment excès de vitesse, freinage brusque et virage agressif, il est important de fournir une formation corrective immédiate ciblée sur son rendement spécifique. »
Par ailleurs, en termes d’approche, Rich Radi suggère une formation élaborée sur mesure, en fonction des besoins personnels de l’employé, plutôt qu’un programme générique.
« Pour l’impliquer dans le processus d’apprentissage, il est essentiel de fournir au chauffeur un retour d’information sur ce qu’il peut améliorer. Par exemple, s’il commet un excès de vitesse, on doit lui attribuer immédiatement un module de formation à la gestion de la vitesse. »
En dernier lieu, M. Radi fait l’éloge d’une formation plutôt virtuelle, concoctée par des experts en sécurité routière, qui pourrait servir à tous, nouveaux et anciens, soit pour innover, soit pour peaufiner.
« Contrairement à la formation en classe, la formation en ligne ne dépend pas de la performance de l’instructeur ce jour-là. Elle peut être personnalisée en fonction du conducteur, sur la base de son comportement au volant et des données relatives aux incidents. »
Sous forme de jeu
Interrogée à son tour sur la valeur quantitative d’une formation prônant la sécurité et la prévention routière, Jennifer Chapman, directrice des ventes et du marketing pour Foss National Leasing, parle d’un investissement rentable à long terme. Au bout du compte, la démarche réduira les accidents, les réparations et les coûteuses responsabilités civiles. Elle soulève même l’aspect divertissant du processus.
« Pour accroître la conformité et encourager la sécurité, l’employeur peut utiliser la ludification. Ainsi, il récompense les conducteurs les plus sûrs par des primes en argent, des jours de vacances supplémentaires ou d’autres avantages. »
Madame Chapman enchaîne avec sa notion idéale du mode opératoire pour bien diffuser les éléments critiques de l’enseignement.
« La meilleure stratégie consiste à combiner la formation en ligne et la formation en voiture, ce qui permet de dispenser une éducation complète à vos employés et de faire en sorte que les comportements de conduite sûre fassent partie de votre culture. »
Évidemment, le gestionnaire voudra s’assurer, à moyen et à long termes, que les apprenants appliquent les rudiments transmis. Ici, notre spécialiste ramène les rapports de synthèse des chauffeurs qui détaillent l’historique de conduite de l’employé.
« Règle générale, il est conseillé de les examiner une fois par an afin de déterminer si certains employés ont besoin d’une formation corrective en matière de sécurité routière, et dans quels domaines de conduite spécifiques. »
Que ce soit par la télémétrie ou en vertu d’applications de conduite installées sur les téléphones portables des employés, la technologie éclairera les responsables de l’entreprise dans leurs prises de décisions.
« Les données concernant la vitesse, l’accélération et la décélération seront précieuses, au même titre que les paramètres liés à la distraction au volant. Ces informations permettront de cibler les problèmes de sécurité parmi vos conducteurs tout en récompensant ceux qui obtiennent les meilleurs résultats sur une période donnée », résume Mme Chapman.