Un atelier de mécanique qui souhaite offrir les services de réparation et d’entretien des véhicules électriques n’a pas besoin d’investir des sommes colossales en équipements spécialisés.
Évidemment, on ne saurait trop insister sur l’importance d’aller chercher les compétences nécessaires avant même de considérer prendre en charge des véhicules électriques et hybrides, surtout si l’atelier veut s’approcher des systèmes à haut voltage ou de la batterie.
Mathieu Côté, directeur général de Pièces d’auto Alain Côté à Québec est un précurseur en matière d’entretien de ces véhicules. « Nous parlons d’un très intéressant potentiel pour les ateliers du marché secondaire, souligne-t-il. Les propriétaires de véhicules électriques et hybrides, qui vous font déjà confiance avec leurs voitures à essence, voudront continuer de faire affaire avec ces ateliers quand ils feront la transition électrique. »
Penser sécurité
Lorsqu’on demande à M. Côté les équipements nécessaires à ces travaux, il en distingue trois catégories. La première et la plus importante selon lui est celle de la sécurité.
« Il faut isoler le technicien qui travaille sur ces véhicules. Il faudra lui fournir des gants isolés, le doter d’un sarrau et d’une visière. Des tapis isolants doivent permettre de séparer les diverses pièces sur lesquelles travaille le technicien. »
L’atelier devrait aussi avoir une perche de sauvetage afin d’accéder au technicien en toute sécurité advenant une électrocution. M. Côté indique aussi que l’atelier devrait aménager un boîtier verrouillé dans lequel seraient placées les clés du VÉ pour éviter toute activation accidentelle.
L’autre catégorie d’équipements que recommande M. Côté touche au diagnostic. Un multimètre spécialisé devrait être complété par un scanner, bien mis à jour, offrant l’option véhicules électriques.
Finalement, un outillage à main spécialisé, isolé par une membrane à cet effet devrait se trouver dans le coffre des techniciens de véhicules électriques. Une table de levage de forte capacité, si l’atelier n’en possède pas déjà une, devrait être envisagée. « On parle ici d’une capacité d’au moins 3500 livres allant jusqu’à 9000 livres, considérant qu’on voit maintenant sur le marché de lourds VUS et camionnettes électriques », indique le directeur général.
Un investissement abordable
Selon M. Côté, l’équipement de base ne représente un investissement que de 3000 à 4000 dollars. Ce sera plus s’il faut de nouveaux scanners ou l’ajout d’une table de levage.
Le directeur de la formation chez Vast-Auto Wilson Almeida en arrive sensiblement au même montant pour les équipements de base. « Si l’atelier ne touche pas au système de haut voltage ou à la batterie, l’investissement est minime, souligne-t-il. L’investissement dépend du niveau des réparations. Dès qu’on s’approche du haut voltage, c’est une autre paire de manches. »
Lui aussi recommande de se doter d’un multimètre de catégorie 3 permettant entre autres de mesurer les pertes d’isolation. Évidemment, le technicien doit être protégé avec les équipements de sécurité mentionnés. M. Almeida mentionne aussi l’utilité de la bâche de protection pour éviter les arcs électriques.
« Il faut y aller graduellement, indique le formateur. Il n’est pas rentable d’acheter une table élévatrice de grande puissance si on ne pense pas réparer des Hummers électriques. Chose certaine, l’important est de penser à la formation et à la sécurité de vos employés, ce sont les premiers investissements à considérer avant d’aborder le virage électrique. »
Il faut considérer l’achat d’une table élévatrice puissante si on veut déplacer une batterie. Photo Pièces d’auto Alain Côté
Une zone laboratoire
Yves Racette, à l’origine du programme de formation Compétences VÉ et maintenant directeur du développement pour le programme NexDrive de NAPA, suit la même voie que ses collègues. Il insiste sur la création, dans l’atelier, d’une zone sécurisée pour les techniciens qui travaillent sur les véhicules électriques et leurs collègues de l’atelier.
Des cônes doivent l’identifier et tous les équipements de sécurité dont nous avons parlé doivent être compris par les travailleurs et bien utilisés.
« On commence à voir plus de disponibilité pour les outils et équipements spécialisés sur le marché, constate-t-il. Il faut toutefois s’assurer qu’ils sont bien homologués pour leur utilisation sur les véhicules électriques. »
M. Racette indique que dans un monde idéal, une zone sécurisée en permanence devrait être prévue dans les ateliers qui veulent développer la spécialité électrique ; une forme de laboratoire où le technicien contrôlera tout son environnement.