La pandémie a changé les façons de faire en atelier, parfois pour le mieux, comme nous l’explique Pierre Beaudoin.
Chroniqueur pour Autosphere.ca et spécialiste de l’entretien automobile, Pierre Beaudoin a expliqué, lors d’une entrevue vidéo, comment les ateliers de mécanique ont su s’adapter aux conditions imposées par la pandémie.
En discutant avec des ateliers de plusieurs régions du Québec il constate aussi que certains de ces ajustements ont été très bénéfiques et vont demeurer dans les nouvelles façons de faire de ces gestionnaires.
M. Beaudoin a tenu à discuter avec des gestionnaires d’ateliers de plusieurs régions du Québec, sachant que ce qui est vécu en ville ne se reflète pas de la même manière en région.
Réduire les heures
« La pandémie a frappé lors de la saison printanière de changement de pneus, se remémore l’expert. Les ateliers et centres de pneus ont dû tout de suite revoir leurs horaires et communiquer avec leurs clients. Heureusement, selon les témoignages que j’ai recueillis, ces derniers se sont montrés très coopératifs et compréhensifs. »
Un impact ressenti dans toutes les régions a été la réduction des capacités d’accueil dans les salles d’attente.
« Passer de 60 places à six a demandé un bon sens de la débrouillardise. Un atelier donnait des cartons numérotés à placer sur la pare-brise pour attendre à l’extérieur sans perdre sa place », illustre M. Beaudoin.
Les navettes et véhicules de courtoisies ont dû être adaptés aussi avec un protocole de désinfection et de séparateurs.
L’intérieur des commerces a vu apparaître des flèches et autres panneaux signalant les distances à respecter ou les directions à suivre.
« Heureusement notre industrie a été reconnue comme essentielle et contrairement aux restaurants, le personnel n’a pas perdu son emploi très longtemps, constate-t-il. Évidemment, les ateliers ont réduit leurs équipes, mais nous étions déjà en période de rareté de main-d’œuvre, alors l’impact a été moindre. »
Gérer les rendez-vous
Pierre Beaudoin a aussi observé que la réduction des heures d’activité a permis de faire souffler les équipes.
« La nouvelle façon de gérer les rendez-vous a contribué à améliorer la qualité de vie des travailleurs. Plusieurs gestionnaires d’ateliers me disent qu’ils ne reviendront pas en arrière. La planification des rendez-vous, en priorisant les clients qui leur confient l’entreposage de leurs pneus par exemple, va contribuer à limiter les heures d’ouverture même après la crise sanitaire. »
Il constate d’ailleurs que certains ateliers ont géré les rendez-vous et les demandes d’assistance routière de la maison.
Ces postes pourraient très bien continuer d’être gérés de la maison.
Parlant rendez-vous, la pandémie a vu exploser l’utilisation des plateformes de prises de rendez-vous en ligne.
Les ateliers et centres de pneus qui les ont découverts ou redécouverts ne s’en passeraient plus.
Les outils de communications avec les clients ont aussi été modernisés s’ils n’étaient pas à la fine pointe avant la pandémie.
Les échanges de textos ou encore les rencontres virtuelles, avec les clients ou entre membres de l’équipe, vont certainement continuer à être utilisés.
Chasse à la grippe
« Je constate aussi que les bouteilles de désinfectant et les séparateurs au comptoir sont là pour rester. Leur présence a eu un impact direct sur l’absence des travailleurs pour cause de maladie. »
Ces pratiques sanitaires ont barré le chemin à bien des virus courants et bactéries néfastes au-delà de la COVID-19 et ses variants.
« Ce que j’apprends aussi c’est que les ateliers vont ajuster leurs programmes d’entretien préventif, observe M. Beaudoin. Les voitures ne roulent plus autant qu’avant. Même avec la reprise des activités, la rareté des voitures neuves va contribuer à ce que les gens conservent leurs véhicules plus longtemps. C’est un heureux problème pour nos ateliers. »
M. Beaudoin a conclu la conversation en mentionnant qu’un des effets positifs de la pandémie aura été l’amélioration de la relation entre le garagiste et son client.
« Je pense que les consommateurs étaient bien contents de voir qu’ils pouvaient avoir du service pour leurs automobiles. »