Il y a deux façons de choisir une profession : opter pour celle qui promet une pratique sans surprises ou en choisir une qui en réserve à plein.
Arrivé au Québec à 12 ans en provenance de l’archipel des Açores, plus précisément de São Miguel, Tony Alves avait déjà le tempérament d’un jeune ne s’imaginant pas vivre une vie longue et tranquille.
Jusqu’à présent, il a été servi à souhait depuis le jour où, encouragé par l’un de ses amis avec lesquels il partageait les plaisirs fous de la motoneige et de la moto, c’est en mécanique qu’il s’est retrouvé.
À l’exemple de milliers de jeunes, il avait rêvé d’être pilote d’avion ; un mirage qui l’a conduit au ras des pâquerettes aussitôt qu’il a découvert, comme tous, qu’il fallait de solides études.
Posséder son atelier
Contrairement à ce qu’on pourrait conclure, ce n’est pas le fait de devoir apprendre qui l’a fait reculer, mais la crainte d’avoir à subir de la théorie durant des heures, et en temps inversement proportionnel au pilotage.
Sitôt initié à la mécanique de la machinerie lourde, il a oublié cette déception en constatant surtout que sa détermination à posséder son propre atelier ne le quittait pas.
Une détermination née dans son enfance en assistant aux transactions de son père, qui était en même temps garde-forestier et propriétaire d’une importante ferme d’élevage.
Un déjeuner mémorable
À l’époque où le commerce n’était pas entravé par mille tracas administratifs, la parole suffisait encore au Portugal pour conclure une affaire dans le respect et l’honnêteté, dit-il.
C’est imprégné par cette tradition qu’en 1980, après deux ans à l’emploi du propriétaire d’une station-service, que Tony saute sur l’occasion d’acheter cette concession appartenant à une compagnie de chauffage.
Sans le moindre signe avant-coureur, c’est lors d’un déjeuner impromptu qu’on lui avait fait cette offre à prix coûtant; un quasi-héritage, puisqu’il gérait déjà l’atelier, et que c’est lui que les clients connaissaient.
Démarrer dans la crise
L’achat a été conclu avec Carlos Da Ponte, son beau-frère mécanicien-machiniste, sauf qu’il fallait avoir tout un cran et une foi inébranlable en raison des emprunts au taux presque usuraire de 18 %.
Rien ne l’a cependant empêché de passer à travers la forte récession de cette période, même si, fort de son expérience et de ses capacités, il avait dû en devenir en 1983 l’unique concessionnaire.
Malgré, et en raison de son nouveau statut, on lui avait d’ailleurs permis de passer d’apprenti à Compagnon, à condition de réussir la formation requise; ce qui lui a valu sur-le-champ d’être classé B.
Un fonceur à tout crin
Il était cependant clair que les clients dont les véhicules étaient récents lui accordaient volontiers le niveau A, sachant qu’il maîtrisait comme peu l’injection électronique, aussi bien que l’ajustement de carburateur.
De fait, son appétit gargantuesque pour être à la fine pointe d’une évolution technologique qu’il mettait des heures et des heures à découvrir et comprendre, l’avait préparé pour tous les défis.
Ainsi est-il passé par 2 stations-service Texaco et une de Petro-Canada avant d’acquérir le bâtiment actuel en 1995, que G Lebeau, alors dans le giron d’AutoPoint géré par Magella Boutin, avait vendu faute d’espace.
Un expert jamais repu
Cet achat lui a donné par le fait même l’occasion de choisir la toute nouvelle bannière AutoPLACE, d’être aujourd’hui doté d’une solide équipe de haut niveau, et assisté par Alexandre, son fils.
« Au fil des formations, on n’a pas à envier la scolarité d’un médecin, affirme-t-il. »
Rien, toutefois, ne l’allume plus que sa fascination pour les problèmes électroniques. Il en « mange » sans jamais s’en repaître, et adore toujours réglé un carburateur les yeux fermés, admet-il.
L’exagération n’est cependant jamais de bon aloi. Quand la pression monte, Tony conseille de s’arrêter et de régler le tout calmement après une bonne nuit… de sommeil !
Une flamme inextinguible
Craquant pour les bons coups, il a toujours en mémoire ce jour où un client inconnu venant d’une autre rive se plaignait d’être en panne chaque fois que son véhicule encaissait un choc.
Concessionnaires et garagistes n’avaient pas encore réussi à en trouver la cause. Ouvrant le capot, il remarque tout de suite que la batterie récemment remplacée avait été brisée par une vis d’ancrage trop longue !
Quoi de plus pour entretenir la flamme de Tony Alves, puisqu’elle ne s’éteindra jamais.
Une relève de premier ordre
À 30 ans, Alexandre compte déjà plus de 10 ans comme partenaire de taille auprès de son père.
Sorti du Secondaire en ayant en main un bulletin qui lui permettait de choisir n’importe quel métier ou profession, c’est indubitablement la mécanique automobile qui l’attirait le plus.
Même si la police, l’armée et l’enseignement en Éducation physique lui faisaient de l’œil, Alexandre Alves a fait le pari que rien ne pourrait le combler davantage que le CFP de L’automobile.
À peine y avait-il mis le pied, qu’il a eu l’impression d’avoir tiré le numéro gagnant du 6/49, enrichi du plaisir et du bonheur de s’éclater à souhait dans un milieu qui le libérait d’ailleurs d’une infantilisation étouffante.
Un diplôme en Or
Il y a adoré les brefs exposés théoriques précédant les passionnants exercices guidés par une équipe non pas d’enseignants traditionnels, mais de partenaires privilégiant l’autonomie à la rigoureuse surveillance.
Ce formidable premier pas dans le monde de la profession, officialisé par son DEP en mécanique, l’a marqué pour la vie. À tel point d’ailleurs qu’il recommande aux jeunes à la recherche d’un défi de l’imiter.
Alexandre soutient que ce diplôme est infiniment plus qu’un papier. Il témoigne d’une formation et d’un apprentissage multidisciplinaire touchant tant à l’électronique et à la chimie qu’à l’informatique.
Un apport sans prix
Sa fierté de savoir servir la clientèle par l’écoute et des explications claires quant à la nature des travaux, ainsi que le fait de seconder l’équipe à titre de magasinier virtuel, se perçoit au premier contact.
On peut de plus constamment compter sur lui pour donner un coup lorsqu’il y a surachalandage ou quelque recherche poussée afin de régler un problème non prévu par les constructeurs.
Il représente le solide apport dont quiconque a absolument besoin à l’heure où les clients sont portés à oublier que l’entretien de base demeure indissociable d’une évolution technologique irréfrénable.
Alexandre Alves est prêt à prendre la relève de son père au pied levé.