Si l’entrepreneur ne fait rien et qu’il décède, la valeur de l’entreprise fondra de moitié parce que le propriétaire n’est plus là pour assurer une bonne transition, sécuriser les banquiers et garder ses employés et ses clients.
Absorbés par le quotidien, les entrepreneurs oublient de prévoir leur transfert d’entreprise pour des raisons évidentes. La raison en est bien simple. On ne peut pas planifier à long terme lorsque le téléphone sonne ou que l’on doit superviser du personnel.
Au moment d’atteindre la soixantaine, au même titre qu’un salarié, il est temps de préparer votre retraite. Il faut mettre à votre agenda ce projet au même titre que votre financement bancaire ou un projet de rénovation ou une campagne de promotion. Tous les propriétaires d’entreprises ont assisté à des présentations et séminaires leur expliquant la façon d’approcher cette échéance. On en discute à la pause et l’on oublie le tout sans décider d’une action concrète à prendre.
Les chiffres
La Banque de développement du Canada (BDC) estimait, il y a deux ans, que quatre entrepreneurs sur dix devraient prendre leur retraite d’ici 2022. C’est un grand défi pour l’industrie du marché secondaire, sachant que 70 % des transferts échouent et que ceux qui fonctionnent peuvent prendre huit ans à réussir.
Selon l’avocat Patrice Vachon, associé chez Fasken et spécialiste en transfert d’entreprise, la façon de communiquer et sensibiliser les entrepreneurs actuellement ne fonctionne pas. M. Vachon donne une cinquantaine de conférences par années sur le sujet. Même si un organisme comme le Centre de transfert d’entreprise du Québec (CTEQ) est inondé d’appels, la question est sur toutes les lèvres, mais les entrepreneurs tardent à bouger.
L’entrepreneur-grossiste
Le cas des grossistes est cependant plus sécurisant, car ceux-ci peuvent faire appel à l’expertise de leur distributeur affilé et utiliser les ressources mises à leur disposition par le siège social du réseau. Les grands distributeurs canadiens tiennent à garder leur pénétration de marchés et vous assisteront dans votre transition à vendre à vos enfants ou vous aideront à trouver un acheteur potentiel. Ce mouvement s’est accéléré au cours de la dernière décennie, voyant les grossistes profiter de l’opportunité de progresser dans leur marché limitrophe et connaître une croissance accélérée.
L’entrepreneur-garagiste
Pour le garagiste, la démarche sera plus ardue, même s’il peut compter sur l’appui des ressources de sa bannière et de son grossiste-fournisseur. Si vos enfants ou des employés clés font partie de votre relève, un transfert d’entreprise est possible sous forme de rachat progressif tout en restant actionnaire principal. Cette démarche demande du temps de remboursement et met plusieurs années à se compléter. Le début de la soixantième est la bonne période pour enclencher le processus, surtout avec vos enfants.
Selon M. Vachon, si l’entrepreneur ne fait rien et qu’il décède, ce qui peut arriver, la valeur de l’entreprise fondra de moitié parce que le propriétaire n’est plus là pour assurer une bonne transition, sécuriser les banquiers et garder ses employés et ses clients.
Si vous avez 65 ans, que vous êtes en affaires depuis 40 ans et que votre commerce est prospère, vous avez sûrement accumulé des actifs substantiels. Ceux-ci constituent votre fonds de retraite. Votre entourage ou vos compétiteurs ne seront pas surpris d’apprendre que vous êtes à la recherche d’un acheteur.
Même si votre ADN d’entrepreneur vous fait hésiter, afficher une transparence qui vous permettra de recueillir les efforts d’une vie de travail et passer le flambeau.