Le terme Intelligence artificielle (IA) a quitté le domaine de la science-fiction pour présenter des solutions concrètes pour les gestionnaires de parc.

L’intelligence artificielle existe depuis longtemps et ce n’est que plus récemment que cette notion abstraite a trouvé des applications intéressantes pour les gestionnaires de parc.

Comme l’explique Guillaume Poudrier, président de la firme Geothentic, les gestionnaires de parc doivent prendre des décisions au quotidien en se basant sur une multitude de données tirées notamment de la télématique tout en jonglant avec des variations constantes. « Comment prendre la décision pour s’assurer que c’est la meilleure ressource qui sera attribuée pour accomplir une tâche donnée ? Il y a des milliards de combinaisons possibles. Et qu’arrive-t-il si un véhicule tombe en panne sur la route ; comment trouver la solution la plus efficace ? »

Pour M. Poudrier, l’intérêt de laisser l’intelligence artificielle démêler toutes les données et proposer au gestionnaire des solutions idéales écarte de l’équation les facteurs émotifs ou politiques. Chaque département a son importance et leurs directeurs souhaiteront toujours avoir la priorité sur les équipements mobiles. Avec des chiffres en main, il est plus facile de réduire ces débats et de s’entendre sur la meilleure décision.

Des données de qualité

Évidemment, la collecte des données repose sur la présence des capteurs nécessaires sur les véhicules. De plus, les systèmes informatiques de l’entreprise doivent être en mesure de communiquer pour ouvrir un partage des données à la demande.

Le concept d’un robot qui va traiter automatiquement les données pour en extraire des scénarios répondant aux questions spécifiques d’un gestionnaire est bien assimilé aujourd’hui. Ce qui change, c’est le raffinement des solutions proposées par les firmes spécialisées dans l’accompagnement des gestionnaires de parc. Comme le constate M. Poudrier, l’introduction de solutions liées à l’intelligence artificielle dans un parc peut se faire graduellement, spécifiquement en établissant des problématiques claires à corriger ou des objectifs précis à atteindre.

Questionné à ce sujet, Anthony Mainville, président de Attrix, présente quelques applications où l’Intelligence artificielle peut faire une différence.

« La mobilité durable dont nous entendons tellement parler représente un enjeu d’une très grande complexité », explique M. Mainville qui est d’ailleurs président de la communauté d’intérêts Camionnage Zéro Émission de Propulsion Québec. « L’intelligence artificielle sera incontournable pour aider les gestionnaires à cibler là où se trouvent les gains. Si les données sont bien structurées, des gestes très précis peuvent être posés pour faire une différence dans le court terme. Par exemple, est-ce que ça vaut la peine, dans le cadre de l’électrification d’une flotte, d’opter pour une camionnette équipée d’une grosse batterie alors que les usages et l’accès facile à une borne ne justifient pas cette option ? »

L’expert mentionne, dans le même ordre d’idées, que l’optimisation des itinéraires par IA permettrait de réduire la consommation de carburant et la distance parcourue jusqu’à 25 %.

Selon M. Mainville, les tableaux affichant les indicateurs de performance ne suffiront bientôt plus. « L’optimisation de la navigation, par exemple, c’est de demander au système de proposer une solution lorsqu’un chauffeur est malade et qu’un nouveau chantier débute sur le parcours. »

De plus en plus s’offre la possibilité de converser avec le système, un peu comme on le voit avec l’application ChatGPT, qui puisera dans la banque de données du parc.

La pêche aux informations

C’est d’ailleurs ce qu’illustre notre collègue Huw Evans, qui interviewait récemment Mike Branch, vice-président des Données et Analytique chez Geotab. M. Branch confirme qu’il est difficile pour un gestionnaire de parc de plonger au cœur d’un océan de données pour y pêcher l’information pertinente.

« Le défi pour de nombreux gestionnaires de flotte est de pouvoir donner un sens à toutes ces données. La compagnie Geotab a développé Geotab Ace, un assistant d’analyse optimisé par l’IA. Avec Ace, nous avons la possibilité d’utiliser les données sans avoir besoin d’un analyste de données, mais il est possible également d’exploiter la technologie de l’IA, en posant des questions. En substance, on pose une question à Ace, qui fournira une réponse en effectuant des requêtes en arrière-plan, en extrayant des données de milliers de véhicules différents pour obtenir rapidement les informations nécessaires. »

François-Alexandre Tremblay, responsable de l’innovation 4.0 chez Baseline, une coopérative de solidarité basée au Québec qui offre des services d’accompagnement en intelligence artificielle, mentionne un élément important dans toute cette question de gestion de données et de solutions optimisées par l’intelligence artificielle : « Il y a des retombées directes sur le positionnement concurrentiel de l’entreprise », explique-t-il.  « Si la livraison de votre entreprise n’est jamais en retard ou que vous pouvez faire bénéficier vos clients de votre bonne gestion des ressources, vous affirmez votre position sur le marché. »

M. Tremblay constate qu’il existe plusieurs solutions qui peuvent aider les gestionnaires dans leur prise de décisions. « Mais il faut établir nos besoins au préalable et voir si une solution générique s’applique ou si l’entreprise aura besoin d’une solution sur mesure. Ce qui est certain, assure M. Tremblay, c’est qu’il faut mettre à l’essai les plateformes avant de s’engager avec un contrat. »