Dans un contexte d’électrification de son parc, Laval s’est doté d’un comité de gestion du changement composé d’experts en développement organisationnel pour aider les dirigeants à piloter ce changement de culture.
Jennifer Laroche est chef de division pour le département de gestion des véhicules et équipements à la ville de Laval. Diplômée en génie industriel, elle est une des rares femmes à faire carrière dans le domaine du matériel roulant.
« Je me suis découvert une passion pour les parcs de véhicule », affirme-t-elle.
Laval est la troisième ville la plus peuplée au Québec, derrière Montréal et Québec. Son parc automobile est diversifié et comprend 1250 véhicules et équipements : des camions-échelles pour lutter contre les incendies jusqu’aux véhicules légers en passant par les véhicules de police et les camions pour entretenir la voie publique.
Pour les gestionnaires de parcs municipaux, Laval se démarque par sa chaîne de montage qui lui permet d’aménager à l’interne 100 % des véhicules du service de police. Ainsi, une trentaine de ses véhicules spécialisés sont équipés chaque année par les cinq techniciens à temps plein.
« Certains collègues gestionnaires de parcs municipaux sont un peu jaloux de nous parce que tous les fournisseurs externes spécialisés dans l’aménagement de ces véhicules sont en surcharge de travail et ils ne sont pas capables d’embaucher non plus. Donc la file d’attente s’allonge dans toutes les villes. »
Verdir le parc
La ville de Laval, en vertu d’une politique écoresponsable du matériel roulant, prévoit, à terme, l’électrification de son parc.
« Notre objectif est de réduire nos émissions de GES de 20 % d’ici 2035 par rapport aux émissions de 2018. C’est un très gros défi » lance Jennifer Laroche.
À cause du manque de disponibilité des véhicules et des pièces de rechange, l’électrification devient un réel casse-tête pour les gestionnaires. Mais la principale contrainte, ce sont les infrastructures de recharge.
« On doit travailler avec nos collègues au service des immeubles pour implanter des parcs de bornes de recharge. Installer 50 bornes, ça ne se fait pas juste en disant : « Je vais ajouter un fusible dans le panneau électrique ! »
Par ailleurs, dans le contexte où Hydro-Québec souffle le chaud et le froid quant à la disponibilité future de l’électricité, les responsables doivent être proactifs.
« Cela affecte la réflexion des concepteurs des parcs de bornes ; ils font des analyses de charges et de fluctuation du courant et ils sont en discussion avec les utilisateurs pour bien comprendre leurs habitudes et leurs besoins. »
Gestion du changement
Dans un contexte d’électrification, changer la culture des utilisateurs devient vite une priorité. D’autant plus que plusieurs d’entre eux n’ont jamais conduit de véhicule électrique.
« L’humain est ainsi fait que quand il y a un changement, il y a des préoccupations et des réticences », affirme Jennifer Laroche. On souhaite donc éduquer nos employés pour qu’ils soient informés des changements impliqués dans cette transition et tout mettre en œuvre pour réduire leurs préoccupations. »
Ainsi, Laval s’est doté d’un comité de gestion du changement composé d’experts en développement organisationnel pour aider les dirigeants à piloter ce changement de culture.
« Nous sommes en train de faire les analyses d’impact auprès des parties prenantes en vue de développer des stratégies de communication et différents outils d’information pour que nos équipes vivent le changement le plus aisément possible. »
Entretien des véhicules
À Laval, les véhicules du parc sont entretenus à l’interne dans une proportion de 55 %. La plupart des travaux qui se font à l’externe nécessitent des outils ou des compétences qui ne sont pas disponibles au sein de la municipalité : un test de pompe certifié en fonction des normes de prévention des incendies ou encore un graissage d’échelle, par exemple.
« Nous avons environ 130 types/classes/fonctions différents dans notre parc de véhicules. Lorsque notre capacité de production a atteint sa limite avec nos mécaniciens, on externalise des opérations. À Laval, nous avons 34 postes permanents de mécaniciens, dont une demi-douzaine, qui ne sont pas pourvus. Difficile de recruter des employés de métier. »
Par ailleurs, le développement des compétences des mécaniciens dans un contexte d’électrification est prioritaire à Laval.
« Plusieurs de nos mécaniciens ont 20, 30 ans d’expérience; mais il y a 20 ou 30 ans, les équipements n’étaient pas conçus de la même façon, donc on ne peut pas les entretenir de la même façon. Nous faisons d’ailleurs des représentations pour avoir plus de financement en matière de formation des mécaniciens parce que ça a des impacts directement sur l’entretien du parc. »
Jennifer Laroche et son équipe sont en train d’élaborer un portefeuille de compétences jumelé à une évaluation de ces compétences pour chacun des employés. Le but est de proposer un projet de formation sur les pratiques sécuritaires liées aux véhicules électriques.