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Planifier l’électrification des véhicules des parcs

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Choisir le virage électrique doit tout d’abord viser à identifier les véhicules les plus aptes à emprunter le virage vert. Photo Cléo

Les gestionnaires de parc automobile vivent une époque charnière.

Intégrer les véhicules électriques dans leur parc soulève une foule d’enjeux complexes : approvisionnement, programmation des itinéraires, entretien des VÉ, infrastructures de recharge sans oublier le profond changement culturel que cette transition implique.

Identifier les véhicules qui pourraient transiter vers l’électrique ?

L’électrification peut bien convenir à certains types d’usages, mais ne sera pas optimale pour d’autres. 

Donc, avant de passer en mode électrique, il est essentiel « de connaître le besoin d’utilisation actuel de notre parc de véhicules, explique Guillaume Poudrier de Géothentic. Pour planifier la transition, on doit savoir comment les véhicules sont utilisés pour déterminer lesquels peuvent migrer en mode électrique. »

Chelsea Feast, gestionnaire de projet chez Holman, précise que l’objectif ultime est de s’assurer que le véhicule soit en mesure d’effectuer le travail qu’il doit faire sur le plan opérationnel. 

« Les principaux éléments à analyser pour identifier les véhicules à faire transiter vers l’électrique sont l’autonomie du VÉ, les conducteurs qui utiliseront le véhicule et la charge utile qui sera transportée. Tous ces éléments vont affecter la portée d’un VÉ. » 

Par ailleurs, intégrer des VÉ à la flotte représente non seulement un changement opérationnel, mais également un changement culturel au sein de l’organisation. Pour donner vie à cette culture corporative, les équipes doivent être convaincues des avantages des VÉ et comprendre les objectifs de la transition est en cours. 

« Ce sont des objectifs de développement durable qu’il est essentiel de partager avec les employés ; on doit mettre en évidence les avantages et les caractéristiques de ces véhicules et préciser comment la transition affecte les objectifs de l’entreprise », souligne Chelsea Feast.

Géothentic propose un ensemble de produits de géolocalisation écologiques, économiques et adaptés aux entreprises. Photo Géothentic

Par quelles catégories commencer

La non-disponibilité des véhicules est une réalité incontournable, rappelle Roger Constantin, consultant pour la gestion de parc de véhicules. 

« Malheureusement, la réalité c’est que les entreprises qui ont commandé 50 véhicules n’en reçoivent que dix. Donc, il faut gérer par priorité, en fonction du plan de remplacement et en fonction la durée de vie économique du véhicule. » 

Certaines catégories de VÉ comme les fourgonnettes et les camionnettes sont plus disponibles que d’autres. 

« Il y a plus d’offres de la part des constructeurs automobiles dans cette catégorie-là. Cependant, les attentes sont longues. Il faut s’adapter, revoir les pratiques des véhicules qui sont fournis dans certaines organisations. » 

Pour Guillaume Poudrier, commencer par des véhicules de dirigeants peut être une bonne idée. « Ils vont ainsi prêcher par l’exemple et envoyer le message que la transition est prise au sérieux dans l’entreprise et que c’est un changement à long terme. De plus, les dirigeants ont des besoins de déplacements plus adaptés à une utilisation de véhicules électriques comparativement à des employés qui vont être sur la route constamment. » 

Quant aux véhicules de représentants, c’est toujours une question de territoire à couvrir. 

« Si leur territoire est vaste, il ne sera pas facile de les faire migrer en mode électrique parce qu’ils devront passer beaucoup de temps au niveau des recharges ; l’hiver également c’est un enjeu alors que les capacités des VÉ sont grandement diminuées, soulève M. Poudrier. Si un représentant couvre la région de Québec-Saguenay, ça risque d’être plus difficile parce que ça complexifie la logistique. » 

Pour les camions légers, cela dépend du secteur d’activités. 

« Pour des clients dans le domaine minier, par exemple, la capacité du pick-up électrique n’est pas suffisante pour répondre aux besoins des entreprises. En revanche, si le besoin est de faire la livraison en ville et que le quart de travail correspond à la capacité du véhicule, les VÉ sont parfaits. Les entreprises ne peuvent pas risquer leurs opérations primaires pour passer en mode électrique ; ça prend un équilibre », conclut l’expert de Géothentic.

Un virage planifié pour éviter une perturbation de service

Roger Constantin, lors d’une présentation devant la NAFA Québec. Photo Michel Beaunoyer

Un plan de gestion de risques s’impose, estime Roger Constantin. 

« Il faut analyser plusieurs paramètres : la disponibilité des véhicules, les besoins opérationnels et le mode opérationnel. Un plan élaboré à moyen, long terme permettra de tenir compte de tous ces aléas. » Ensuite, c’est de gérer ce plan, sinon au quotidien, régulièrement. 

« Il n’y a pas de solution simple parce que l’enjeu central est la disponibilité. Il faut donc cinq ans environ pour planifier et organiser le remplacement des véhicules à essence par des VÉ. Le défi est d’avoir une bonne vision et une bonne compréhension de ce que ça implique d’avoir des véhicules électriques », souligne le consultant. 

L’analyse de besoins primaires va permettre de préciser comment entamer le virage vert pour en retirer des gains d’efficacité. Mais, comme le rappelle Guillaume Poudrier, d’autres moyens que le véhicule électrique existent pour réduire l’empreinte carbone d’un parc. 

« Certains véhicules peuvent passer de 30 à 50 % de leur temps de fonctionnement au ralenti. Géothentic propose donc un système qui gère le ralentissement des véhicules en éteignant le moteur automatiquement après une certaine période. Sur un véhicule léger typique, ce système permet une réduction de trois tonnes de GES par année par véhicule. Ce qui représente par ailleurs une diminution de consommation d’essence instantanée et une économie de 1000 à 1500 $ par année, par véhicule. »

Planifier la formation de techniciens

La rareté de la main-d’œuvre sur le marché du travail touche aussi les techniciens et les électriciens. 

« Il faut inclure un plan de formation dans vos projets dès maintenant. Si on prévoit une transition vers des VÉ d’ici deux ans, il faut commencer à former les mécaniciens aujourd’hui, car ils ne seront pas fonctionnels avant un an ou deux, soutient M. Constantin. 

Les constructeurs offrent des programmes de formation ; il existe aussi des entreprises de formation indépendantes. Plusieurs centres de formation professionnelle présentent aussi un profil de formation pour véhicules électriques.

« Il faut s’assurer que lorsque les véhicules arrivent, les gens sont formés pour en faire la maintenance », rappelle Roger Constantin.

 

Catégories : Éditorial, Parc
Étiquettes : Gestion

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