Parmi les dossiers attribuables à la responsabilité du gestionnaire de parc, celui du carburant préoccupe en raison de l’instabilité de son prix.
Comment gérer un budget annuel dans un marché où les prix à la pompe ne cessent de fluctuer, voire d’augmenter dans un court laps de temps?
Un élément volatil
Confinements récurrents dus à la pandémie de COVID-19, conflit en Ukraine et planification de production des pays exportateurs de pétrole, bien malin celui qui pourrait prédire l’incidence de ces facteurs sur le prix de l’essence. Pour les entreprises déployant un parc de véhicules, le contexte devient fort épineux. Questionné à savoir comment assurer une saine gestion dans ces circonstances, Guillaume Poudrier, président de Géothentic, parle d’abord d’une colonne de dépenses plutôt névralgique.
« Le budget du carburant est un élément volatil pouvant exercer une influence sur la pérennité du parc. Oui, le prix de l’essence fluctue beaucoup, mais il est permis de croire qu’en bout de ligne, il finira par s’équilibrer. »
Pour pallier cet irritant, plusieurs entreprises pourraient pencher du côté d’une entente avec leur fournisseur de carburant afin d’établir, sur une période donnée, une moyenne du prix à la pompe. Ainsi, il serait possible de conserver les réserves pour mieux planifier le budget subséquent. En parallèle, notre intervenant y voit une autre option.
« Je crois que le gestionnaire de parc doit regarder le dossier carburant de façon réaliste, mais avec un brin de pessimisme pour éviter les mauvaises surprises. En établissant un prix moyen à la lumière de ses calculs rattachés aux années précédentes et au prix actuel, il pourra rectifier le tir au fil de ses budgets », explique-t-il en terminant.
Pas qu’une pétrolière
Incidemment, tous les gestionnaires de parc n’abordent pas le volet carburant de la même façon. Tout dépend de la réalité, de la vocation de l’entreprise. En ces temps où le prix de l’essence atteint des plateaux records, chez Communauto, on admet que les soubresauts vécus à la pompe se reflètent dans les tarifs proposés aux usagers. À cet effet, Marco Viviani, vice-président, développement stratégique, explique pourquoi l’option de la couverture de prix devient moins pertinente.
« Il est difficile d’imposer une bannière en particulier à nos usagers lors de leurs voyages avec nos véhicules », mentionne-t-il, ajoutant que l’entreprise bénéficie déjà d’un rabais auprès d’un fournisseur, applicable en utilisant la carte d’essence.
Ce point étant précisé, M. Viviani relate que Communauto, qui compte un lot respectable de voitures à essence parmi son parc de 3500 véhicules au Québec, se tient bien au fait des variations du marché.
« Nous suivons de près l’augmentation du prix de l’essence pour pouvoir ajuster le tir dans un délai raisonnable, soit au moins un mois avant que le contrat de location du véhicule ne soit effectif », résume l’homme d’affaires en insistant sur le principe que Communauto, à travers son mandat d’autopartage, vise toujours à réduire l’utilisation des véhicules à essence.
Réduire le gaspillage
Puisque les répercussions de la pandémie affectent l’économie du pays en général, les gestionnaires de parc entrevoyaient déjà une hausse à la station-service. Or, chez Foss National Leasing, à Laval, Lana Hadi, directrice régionale, Québec et Est du Canada, évoque davantage la grande instabilité affligeant le marché, paramètre qui pourrait complexifier la démarche de la couverture de prix.
« Les prix des carburants sont déterminés par de nombreux facteurs changeants et j’ignore si, sur le marché d’aujourd’hui, quelqu’un pourra garantir les prix dans des conditions aussi volatiles. »
Par conséquent, si fixer un prix moyen en dépenses de carburant au cœur de cette conjoncture particulière engendre une période d’incertitude, quelles solutions pourraient être envisagées? Qu’en est-il des VÉ?
« Acquérir des VÉ ne serait pas une solution immédiate. Les frais généraux qui en découlent rendraient difficile le changement complet du parc sans parler de la pénurie actuelle de véhicules. »
Une autre clé, plus accessible et qui gagne en popularité auprès des entreprises qui administrent un parc de véhicules au quotidien, serait d’adopter la télémétrie, exprime Lana Hadi.
« La télémétrie peut aider les gestionnaires de parc à modifier le comportement des conducteurs. Elle peut surveiller le temps de marche au ralenti, les excès de vitesse et les trajets inutiles, ainsi que les informations sur le moteur, ce qui peut réduire les oublis de maintenance préventive. Tous ces éléments font augmenter la consommation de carburant. »
Madame Hadi ajoute en guise de conclusion que si le véhicule est utilisé à bon escient et entretenu aux moments propices, recommandés par le manufacturier, « nous pouvons au moins contrôler le gaspillage de carburant, car nous ne pouvons pas contrôler les prix du carburant ».