Chaque année les véhicules mis en marché possèdent de plus en plus de fonctions de sécurité actives, menant, selon Frantz Saintellemy, vers une plus grande automatisation et un partage fluide de l’information.
Frantz Saintellemy est ingénieur électrique et à la tête de l’entreprise de haute technologie LeddarTech de Québec. Son entreprise développe des capteurs et modules dotés de LiDAR permettant de tracer une image tridimensionnelle de l’environnement du véhicule.
Contrairement au Radar qui pulse une onde radio, le LiDAR projette un faisceau lumineux, en l’occurrence un laser invisible, des millions de fois par seconde, pour construire une image précise des obstacles. Il est plus précis, offre une plus longue portée et demande moins d’énergie. Combinée aux caméras et aux Radars, cette technologie donne une image beaucoup plus précise.
Un ADAS plus performant
Cette technologie est déjà commercialisée et utilisée par des constructeurs automobiles haut de gamme dans la conception de leurs systèmes avancés d’aide à la conduite (ADAS). « L’aide à la conduite est l’application la plus intéressante présentement pour cette technologie, explique le président de cette PME québécoise. Mais nous voyons, dans un avenir rapproché, son utilisation dans le développement de véhicules autonomes. »
Si LeddarTech offre l’image, c’est au constructeur automobile ou à l’équipementier de l’interpréter et la lier à un système de prise de décision. Le véhicule va envoyer une alerte au conducteur ou appliquer les freins d’urgence, par exemple. Et, à un autre niveau, pour les véhicules entièrement autonomes, cette image servira à les guider sur le parcours déterminé.
Cette technologie est encore dispendieuse. Mais la multiplication des applications aura pour effet de la rendre plus accessible.
Commercial et communautaire autonomes
À cause des plusieurs facteurs, notamment la condition des infrastructures, Saintellemy ne croit pas à l’arrivée si tôt de la voiture entièrement autonome. Non, il prédit plutôt que c’est du côté des véhicules commerciaux et communautaires que cette technologie va prendre son essor. « Plusieurs projets ont été mis sur la glace à cause de la pandémie, explique-t-il. Mais on parle ici, par exemple, de navettes autonomes pour les aéroports ou encore de camions lourds circulant d’un entrepôt à un autre ou sur des circuits privés. Je vois aussi des autobus autonomes qui utiliseraient leur propre voie réservée. Pour les gestionnaires de parc, la possibilité d’avoir des camions sans conducteur, roulant en toute sécurité 24 heures sur 24, peut s’avérer une solution très économique. »
Il voit aussi dans la progression de la connectivité des véhicules une promesse d’efficacité accrue pour les gestionnaires de parc. « Le déploiement d’un réseau 5G va faciliter ces communications, prédit-il. Un véhicule commercial, autonome ou non, pourra aviser les responsables de son entretien que les freins sont moins efficaces et auront besoin d’un remplacement sous peu, par exemple. »