L’un des sujets les plus sensibles dans le marché secondaire – et au-delà – est l’impact potentiel des tarifs douaniers imposés par les États-Unis. Comparé aux États-Unis, le marché secondaire canadien est relativement petit. En conséquence, la majorité de notre approvisionnement transite à un moment ou un autre par les États-Unis.
Historiquement, cela ne posait pas de problème, même lorsque les États-Unis imposaient des droits de douane élevés sur la Chine ou d’autres pays. En effet, les produits qui étaient ensuite exportés hors des États-Unis donnaient droit à un remboursement partiel ou total des droits acquittés, un mécanisme de remboursement appelé drawback. Ainsi, la plupart des coûts pouvaient être récupérés une fois les marchandises expédiées à l’étranger.

Coût à la hausse
Les nouveaux droits de douane appliqués à la Chine ne sont plus admissibles à ces remboursements. Par conséquent, tout produit chinois transitant par les États-Unis entraînera un surcoût à l’importation au Canada.
Étant donné que le gouvernement américain actuel entend augmenter significativement les droits de douane à l’échelle mondiale, tout produit passant par les États-Unis risque de coûter beaucoup plus cher si ces nouveaux tarifs ne sont pas remboursables. Même si l’application de ces droits reste incertaine, le gouvernement en place a encore quatre années devant lui, ce qui entretient une grande instabilité sur les coûts. Le marché secondaire canadien doit examiner sérieusement sa chaîne d’approvisionnement et chercher à se prémunir contre toute action américaine.
Les discussions menées avec les fournisseurs pendant ces derniers mois montrent clairement quelles entreprises se sont déjà engagées dans une démarche de réduction des risques. Certaines envisagent de modifier le pays d’origine des produits passant par les États-Unis, ou même de contourner totalement les États-Unis pour faire entrer les produits directement au Canada.
Les risques d’une chaîne d’approvisionnement centralisée
Beaucoup de fournisseurs ont déjà pris conscience des risques liés à une chaîne d’approvisionnement centralisée et ont passé ces dernières années à diversifier leur production. Le premier gouvernement Trump, combiné aux perturbations causées par la pandémie, a montré que s’approvisionner auprès d’un seul pays ou site expose à des ruptures totales, alors qu’une chaîne diversifiée offre plus de résilience. Même si de nombreux ajustements sont encore en cours, les fournisseurs proactifs récolteront probablement les fruits de leurs efforts d’ici la fin des quatre prochaines années, tant sur le marché canadien qu’américain.
Peu importe si le gouvernement annonce retarder ou ne pas appliquer certains droits de douane pour le moment, il ne faut pas baisser la garde. Tous les acteurs du marché secondaire canadien devraient revoir leurs sources d’approvisionnement et identifier les gammes les plus à risque. Pour ces lignes vulnérables, il est judicieux de discuter avec vos fournisseurs de leur stratégie en cas de hausse tarifaire. Et si leur réponse ne vous convainc pas, mieux vaut se tourner vers ceux qui démontrent leur volonté de protéger leur activité au Canada.
Faire preuve de proactivité
Que ce soit en diversifiant les sites de production, en important directement au Canada, ou en proposant d’autres solutions à leurs partenaires canadiens, un fournisseur proactif sera bien mieux préparé à affronter l’avenir que ceux qui attendent de voir venir. Même si aucun événement majeur ne survient dans les quatre prochaines années, réduire les risques liés à la chaîne d’approvisionnement restera toujours bénéfique pour votre entreprise. Les fournisseurs qui prendront les devants sur cette question seront les gagnants et s’assureront une part de marché enviable.