Depuis 1945, année de l’ouverture du Garage Bazinet & Fils, trois générations de mécaniciens-carrossiers ont vécu les étapes les plus marquantes de 80 ans d’évolution dans cet atelier de Waterloo en Estrie.

Le temps a peu d’emprise sur ce qui a été solidement établi et transmis de génération en génération.

Qu’ils s’appellent François, Denise, Claude, Jean-Marie, Winston, Sébastien, Meghan, Alphonse, Charles ou autres, ils se sentent chez eux au Garage Bazinet & « Petit-fils ».

Maintenant aux couleurs de 2024, ce lieu où jadis on pouvait aussi bien faire le plein qu’acheter une Ford, a un caractère historique pour quiconque garde en mémoire l’âge d’or de l’automobile.

Durant les 25 premières années, Médéric et Fernand, son fils, y ont vu défiler des lots de véhicules américains.

C’était l’époque où on les commandait selon une large gamme d’options : couleurs, moteur, transmission automatique, climatisation, radio et aides à la conduite tels que miroir de droite, servodirection et servofrein.

1970, année du choix

Troisième propriétaire de l’entreprise familiale, Éric Bazinet a cependant à peine connu cet âge d’or où on « se cassait les jambes » à la pompe pour servir le client mieux qu’un roi, puisque l’on a cessé d’y servir l’essence en 1970.

Si la famille a été fière de sa station-service, à laquelle la pétrolière accordait cinq étoiles puisque la priorité absolue était ce service à une clientèle qui consommait goulûment les gallons, il y avait un « bémol », dit-il.

Plus la cloche sonnait, plus on devait interrompre des tâches de mécanique au point de devoir les terminer en soirée ; ce qui était particulièrement contre-productif. Le choix s’imposait.

 La ligue du vieux poêle

Autre fait d’époque, son grand-père, qui avait même délivré les permis de conduire, y recevait sa propre « ligue du vieux poêle » à laquelle il avait réservé quatre chaises berçantes.

Tout un programme de relations amicales, rappelle avec humour Éric Bazinet : une formule que son père avait même perpétuée jusqu’à ce qu’il décède en 2019, à l’âge de 85 ans.

Le Garage Bazinet & Fils aura été, durant de longues années ce genre de point d’échanges passionnés que tiennent encore certains restaurants de village et de quartier… et de rares ateliers.

Mieux que 1000 sondages

À l’aube de ses 60 ans, Éric Bazinet a la conviction que la qualité de l’accueil et du service sont pour beaucoup dans la fidélité des familles qui forment l’essentiel de sa clientèle depuis trois, voire quatre générations.

Ce qui lui fait indéniablement un grand plaisir, puisque dans une communauté de 5000 habitants, on ne peut pas rester en affaires si les gens ont des doutes sur les services ou sur l’intégrité d’un commerçant.

On n’a pas à se demander quelle note on accorderait à cet atelier sur les médias sociaux. Les 80 ans de fidélité dont témoignent ses clients, et plus encore en tenant compte du premier emplacement, valent plus que mille sondages.

Bien que la notion de fidélisation soit indissociable du métier, jamais elle n’avait été abordée lors de sa formation en mécanique automobile et diesel, que l’orienteur lui avait conseillé aux débuts des DEP.

Vers 2045

Depuis qu’il est l’unique propriétaire, Éric Bazinet a beaucoup investi dans l’équipement de pointe, dont en alignement et en carrosserie, comme le faisaient autrefois les garagistes les plus polyvalents et doués.

Ce qui rappelle le temps où les clients payaient comptant avec de bons rouleaux de coupures. Une époque où l’atelier faisait crédit à certains clients aussi.

Autre temps autres mœurs, mais le dénominateur commun est le même quant à la satisfaction d’une clientèle qui provient toujours de l’Estrie et des régions avoisinantes, ainsi que de Montréal ou Ottawa, souligne-t-il.

Enfin, chez les pros, le Garage Bazinet est synonyme d’école, vu le nombre de stagiaires qui y auront bénéficié d’une excellente et inoubliable initiation aux fines astuces de la mécanique.

Quant au cadeau de 80^ième anniversaire, il consiste à investir dans l’avenir par un ajout de 1000 pieds carrés.