Nous avons demandé à des formateurs d’expérience jusqu’à quel point les ateliers indépendants doivent s’équiper de scanners d’origine pour compléter les analyses des données des véhicules et accéder à tous les processus de réparation.
La question est simple : faut-il que l’atelier ait en main un analyseur (scanner) d’origine pour réaliser les diagnostics et les réparations sur les voitures d’aujourd’hui ?
L’incontournable Michel Julien de la firme MJConsultech indique que selon son expérience un atelier doté de scanner du marché secondaire est en mesure de faire environ 80 % des diagnostics électroniques et accéder au même pourcentage de processus de réparation.
« Toutefois l’outil du marché secondaire ne donnera pas toujours les solutions pour la reprogrammation des modules, indique-t-il. Certaines fonctionnalités ne se retrouveront pas sur ce type d’appareils. Cependant, pour les calibrations des composantes des systèmes avancés d’aide à la conduite, les scanner du marché secondaire sont nettement plus rapides. »
Selon lui, les scanner d’origine sont complémentaires. Tout est question de rentabilité. Un atelier indépendant qui souhaiterait être en mesure d’avoir tous les outils d’origine dans une approche multimarques devra investir au moins une centaine de milliers de dollars.
Vers la spécialisation
« Nous allons possiblement voir des ateliers se spécialiser dans certaines marques, indique M. Julien. Comme on voyait des spécialistes de transmission ou de silencieux, on va voir des ateliers travaillant exclusivement sur les véhicules de certains constructeurs. »
Le formateur indique aussi que peu importe l’outil, sa performance sera directement liée aux compétences du technicien qui l’utilise.
C’est d’ailleurs le point de vue que partage Wilson Almeida, directeur de la formation pour le groupe Vast-Auto. « Il faut s’adapter à cette nouvelle réalité et ce dont ont besoin les ateliers du marché secondaire c’est avant tout des techniciens informaticiens. La situation n’est pas facile pour les généralistes toutefois, avec un scanner du marché secondaire entre de bonnes mains, au moins 85 % du travail peut être réalisé. »
M. Almeida comprend que dans certains cas le scanner d’origine peut être complémentaire, mais encore ici, tout est question de rentabilité. « Et même avec l’outil d’origine, il faut comprendre les systèmes. Chaque constructeur a sa plateforme, ce qui n’est pas simple. L’expérience et la formation comptent pour beaucoup. »
Le formateur constate le raffinement de l’offre de scanners performant sur le marché secondaire. Des outils de plus en plus faciles à utiliser. Il déplore toutefois une hausse constante des frais liés aux accès.
Des scanners d’après marché performants
Le formateur et garagiste Dany Leblanc a une position nette en matière d’équipements de diagnostic d’origine. « Je n’en ai pas et je n’en ressens pas le besoin, tranche-t-il. Je travaille avec deux scanners d’après-marché, un Autel et un Launch pour être sûr d’avoir les bons liens de communication. Tout ça est relié à deux plateformes de gestion, Mitchell et ALLDATA pour les processus. Cela représente un investissement supplémentaire, mais c’est nettement plus rentable que d’investir dans un scanner d’origine. »
Leblanc concède que parfois travailler avec un analyseur d’origine est plus simple. Cependant, le spécialiste considère qu’il est dans la nature des vrais techniciens de vouloir comprendre et qu’avec l’expérience, un outil du marché secondaire peut réaliser le travail.
Comprendre les systèmes
« Pour la programmation de modules, ça peut être complexe, explique-t-il. Mais si on comprend les systèmes et la démarche, on trouvera l’information. Les processus ne sont pas affichés de la même façon ou encore les directives vont changer constamment. On doit investir du temps, mais cela fait partie de notre métier. Il ne faut pas avoir peur des choses compliquées. Et plus on en fait, et moins ce l’est. »
Il recommande aux ateliers indépendants qui utilisent des scanners du marché secondaire d’avoir une discipline ferme en matière de mise à jour des outils. Par exemple, dans son atelier, à la fin de la semaine de travail, il va lancer les mises à jour sur ses scanners pour s’assurer qu’ils soient prêts pour la semaine à venir.
« Le travail sur les composantes électroniques n’est pas simple et ne se fait pas tout seul. Cela nous oblige, en tant que généralistes, à être plus intelligents. Chose certaine, avec mes outils du marché secondaire, je complète tous les travaux et n’envoie aucune voiture de mes clients vers les concessionnaires. »
Billy Thomas, spécialiste en formation chez Uni-Sélect, travaille aussi avec un analyseur du marché secondaire. « J’ai un scanner Autel qui fonctionne merveilleusement bien, témoigne-t-il. Les ateliers généralistes dont les techniciens comprennent les systèmes et sont débrouillards vont trouver les données spécifiques dont ils ont besoin. J’aime bien l’idée d’avoir accès à deux scanners de compagnies différentes, ça peut être en effet complémentaire. En ce qui concerne les analyseurs d’origine, il faut mesurer si cela est nécessaire et rentable. »
Il précise qu’un atelier qui reçoit beaucoup de véhicules du même constructeur, en gestion de parc par exemple, pourrait opter pour un scanner d’origine. « Il y a des coûts élevés à considérer, mais dans certains cas, notamment en matière de reprogrammation de modules, ça peut rendre le travail plus simple. »