Avec l’explosion du nombre d’accessoires et d’équipements électroniques dans les voitures d’aujourd’hui, diagnostiquer les problèmes devient une science.

« Heureusement de tels problèmes électriques ou électroniques sur les voitures ne se produisent pas tous les jours, se réjouit le formateur spécialisé Billy Thomas chez Uni-Sélect. Cependant, avec la multiplication des accessoires de confort et de sécurité il se produit des situations déroutantes. Trouver la source du problème relève de l’enquête. »

Comme le mentionne cet expert, plusieurs modules de contrôle sont reliés en systèmes complexes. Discerner entre un problème avec une pièce mécanique, un contrôleur ou un module qui capte un signal d’erreur fait partie de la démarche du diagnostic. Il précise que parfois il peut s’agir de corrosion affectant un capteur ou son câblage. Par exemple, le module de contrôle de l’ajustement de siège se situe parfois au sol, sous le tapis, et est exposé à l’humidité.

Des problèmes bizarres

« Nous avons aussi des surprises et des problèmes bizarres, illustre M. Thomas. Dans un cas particulier, un balai d’essuie-glace du hayon arrière ne se positionnait pas correctement. Cela envoyait le message d’activité même si la clé de contact avait été retirée. Résultat : la batterie s’est complètement épuisée. »

Il note cependant que l’intégrité du module de contrôle est rarement en question. Il s’agit plutôt de conflits de commande entre des composantes dont on ne peut deviner parfois l’important niveau de collaboration. C’est le cas notamment de systèmes de freinage ABS liés au module de contrôle du régime moteur qui vont travailler conjointement à stabiliser le véhicule en cas de perte d’adhérence.

Le formateur de l’Académie Vast-Auto Wilson Almeida est bien au fait de ces enjeux où électronique et électricité peuvent entrer en conflit. « On ne peut remplacer simplement un accessoire ou un moteur lorsqu’une panne se manifeste, tranche-t-il. Il faut comprendre les systèmes et remonter à la source. Le technicien avant même d’ouvrir son coffre à outils doit analyser la charte de diagnostic. Ce n’est pas toujours simple pour les francophones, car cette information est habituellement en anglais. Ceci étant dit, sur la plateforme de diagnostic et de réparation on trouve les descriptions et les opérations des systèmes électriques et électroniques. J’insiste sur l’importance de la formation. »

Comprendre les systèmes

Comprendre le fonctionnement des systèmes est essentiel insiste-t-il. Il l’illustre en parlant d’une Chevrolet Volt qui a tout simplement décidé de ne plus fonctionner. « Une situation qui laissait tout le monde perplexe, incluant le concessionnaire. Pourtant, une fois sur place, il m’a été facile de réaliser que tout ce dont avait besoin cette voiture avant de reprendre la route était une reprogrammation de module. »

Pour M. Almeida, les ateliers doivent pousser davantage leur expertise en prévision de l’arrivée de véhicules d’une complexité croissante. Pensons notamment aux véhicules électriques, ou plus communément, à ces voitures bardées de systèmes avancés d’aide à la conduite qui vont brouiller encore davantage les cartes.

Michel Julien, spécialiste bien connu du diagnostic électronique, pointe du doigt une source très fréquente de problèmes électroniques. « Les capteurs, sondes et modules sont très sensibles aux variations d’alimentation électrique. Je dirais qu’à 70 % les anomalies parfois étranges sont liées à la batterie ou aux mises à la masse. Des bornes corrodées sur la batterie ou une mise à terre mal positionnée ou branchée sur une surface qui n’est pas propre peuvent provoquer des codes d’erreur ou affecter le fonctionnement des éléments électroniques. Une transmission qui passe mal ses rapports peut simplement s’expliquer par des bornes de batterie couvertes de vert-de-gris. »

Selon lui, les enrageants problèmes intermittents découlent de ces raisons. Faire le tour des mises à la masse des pièces problématiques est recommandée. Il mentionne au passage qu’on peut compter une cinquantaine de composantes électroniques et électriques avec une mise à la masse, principalement sur le châssis, sur un véhicule moderne. Tout comme ses collègues, M. Julien rappelle l’importance de comprendre les systèmes, de consulter les chartes et d’effectuer un diagnostic électronique avant de considérer remplacer une pièce.

Comment ne pas rendre service

M. Julien mentionne finalement un autre facteur qui peut contribuer à provoquer toute une famille de problèmes, soit celui de remplacer une batterie de 600 ampères par une version plus musclée de 900 ampères. « On veut rendre service à un client qui veut de la puissance en abondance, mais dans les faits, c’est un mauvais choix qui va causer son lot de problèmes, avertit-il. La batterie ne correspond pas au système de recharge du véhicule et ne se chargera jamais à 100 %. La baisse graduelle de voltage va venir créer un paquet de problèmes électroniques, en commençant par les accessoires qui demandent le plus d’énergie. »

Bref, l’introduction constante d’accessoires et de technologies de pointe visant à améliorer la performance, la sécurité et le confort des voitures modernes recèle la nécessité de comprendre des systèmes d’une grande complexité pour les techniciens de nos ateliers.