Avec des voitures bardées de composantes électroniques, le remplacement de modules fait maintenant partie des réparations dans les ateliers de mécanique.
Ces modestes pièces qui se cachent par dizaines dans les voitures modernes contrôlent tout dans ce que de plus en plus d’observateurs qualifient d’ordinateurs sur roues. Selon nos intervenants, ces pièces de haute technologie sont relativement fiables et leur remplacement demeure rare. Ceci étant dit, les conditions météorologiques ou l’usure normale au fil des années peuvent exiger leur remplacement.
Ce sont des pièces qui demeurent dispendieuses d’autant plus que plusieurs ateliers qui ont les capacités techniques de les remplacer optent encore pour les pièces d’origine. « Toutefois, la demande pour des modules de remplacement se fait croissante », explique Pierre Beaulac, spécialiste du développement des ventes chez NAPA. « On ne trouve pas encore toutes les pièces chez nos fournisseurs du marché secondaire, mais le catalogue s’enrichit chaque année. Mentionnons que les pièces offertes sur le marché secondaire proviennent souvent des mêmes usines que celles qui fabriquent les pièces d’origine. »
Une nouvelle offre
Le fournisseur Dorman fait partie des entreprises qui proposent des modules de remplacement. Le catalogue est centré pour le moment sur les pièces qui affichent une problématique récurrente. Ceci étant dit, Dorman propose des modules de gestion du moteur et de la puissance, pour l’infodivertissement, le contrôle des freins ABS ou encore, plus simplement, de gestion de l’éclairage ou de la ventilation, entre autres.
« Nous nous concentrons sur les modules qui ont le plus haut niveau de panne au lieu de viser une couverture de toutes les pièces pour tous les constructeurs et toutes les marques », explique Derek Suen, directeur de l’équipe de développement de nouveaux produits chez Dorman. « Cela rend plus productif l’investissement de nos clients dans leurs inventaires. »
M. Suen comprend la complexité que peut représenter le remplacement de modules électroniques dans un véhicule pour un atelier indépendant qui travaille sur plusieurs marques. « Nous présentons des modules vides, à programmer, mais aussi des pièces de remplacement qui ne demandent pas de programmation, une forme de plug & play si l’on veut, pour rendre le travail plus simple. Dorman développe aussi des modules améliorés où le plastique sera remplacé par le métal ou comportant des connecteurs conçus pour mieux résister à la corrosion, par exemple.
Pour ce spécialiste, la formation est la base pour établir un diagnostic indiquant le besoin de remplacer un module et comment remplacer ce dernier et le programmer au besoin. Le site dormantrainingcenter.com, récemment mis en activité, se veut d’ailleurs une plateforme d’apprentissage à ce sujet.
Un pas à la fois
D’ailleurs, les spécialistes avec lesquels nous avons parlé au sujet du remplacement de modules électroniques recommandent aux ateliers qui veulent embrasser ce champ d’expertise de commencer par les véhicules des marques les plus fréquentes dans leur marché. L’outillage de diagnostic et de programmation ainsi que les accès aux plateformes des constructeurs demandent un certain investissement.
Certains constructeurs sont loin d’être transparents et aidants lorsque vient de temps de jouer dans l’électronique de leurs véhicules. On peut comprendre que cette tiédeur repose en partie sur le fait que plusieurs modules de contrôle sont directement liés à la performance et à la sécurité du véhicule.
Ceci étant dit, malgré la complexité apparente de l’opération, le formateur de NAPA Autotech, Herman Chabot, affirme que les ateliers du marché secondaires ne doivent pas regarder passer la parade. « Il y a encore trop d’ateliers qui ne sont pas familiers avec un simple branchement sur internet, constate-t-il. Pour travailler sur l’électronique de plus en plus présente sur les automobiles, les techniciens doivent s’approprier les connaissances. Diagnostiquer, trouver le ou les modules à remplacer et les programmer de telle façon qu’ils seront ensuite reconnus par les systèmes demandent des connaissances. Il faut que nos ateliers arrêtent d’envoyer chez le concessionnaire les véhicules de leurs clients dès qu’un problème électronique se manifeste ! »
Le formateur indique que les ateliers indépendants ont accès aux mêmes informations que les concessionnaires au sujet du remplacement des modules électroniques. Il constate cependant que les modules du marché secondaire sont encore peu nombreux et que la pièce d’origine reste la plus populaire.
Un travail pour nos ateliers
« On peut se brancher sur les sites des constructeurs, incluant maintenant Tesla, pour effectuer la reprogrammation des modules qu’on vient d’installer, indique-t-il. L’opération reste complexe et il y faut vraiment compter sur des techniciens compétents. » Évidemment, l’expérience compte pour beaucoup et plus le technicien fréquentera les sites des constructeurs pour programmer ou mettre à jour des modules ou des capteurs et plus il deviendra efficace.
Il recommande d’identifier dans l’atelier un technicien qui a les habiletés et l’intérêt pour développer ses talents en matière de diagnostic électronique, de l’encadrer et de lui donner accès à la formation nécessaire.