Il arrive encore que le filtre à huile installé lors d’une vidange ne corresponde pas aux spécifications du lubrifiant recommandé pour le véhicule.
Bernard Lefebvre, maintenant au groupe Altrom, distributeur spécialisé dans les pièces européennes, le constate. « Il y a encore beaucoup d’éducation à faire à ce sujet, constate-t-il. Il faut faire lien entre la qualité du lubrifiant et le filtre de remplacement. Les ateliers doivent arrêter de décider pour le client et offrir le produit moins cher. Dans certains cas, la pièce d’entrée de gamme ne va pas faire le travail, surtout pour les modèles où les fréquences de vidange de lubrifiant sont plus espacées. Le filtre va se colmater et les particules vont circuler dans le moteur. »
Mêmes conseils chez le formateur Wilson Almeida, de l’Académie Vast. « Le marché secondaire offre de bonnes solutions. On parle ici de filtres produits dans les mêmes usines que les pièces d’origine. Il faut suivre la qualité recommandée par le constructeur. L’époque où une pièce répond aux besoins de tous les véhicules est révolue. Les filtres ont une durée de vie et avec des vidanges aux 25 000 kilomètres il ne faut pas lésiner sur la qualité. »
De l’information accessible
Comme l’explique Donald Chilton, directeur de la gestion des produits chez Wix, son entreprise partage beaucoup d’information avec les distributeurs et ateliers pour les mettre à jour sur les diverses applications des filtres qu’ils développent.
Rappelons que ce fournisseur propose trois catégories de produits : PRO-TEC (usage normal), WIX (usage sévère) et WIX XL (usage extrême) liées aux utilisations et spécifications des constructeurs.
La gamme PRO-TEC a été revue et sera réintroduite sur le marché canadien d’ici la fin de 2022.
« En ce qui a trait au remplacement d’un filtre, deux facteurs entrent en ligne de compte. Le premier est évidemment le kilométrage, comme indiqué par le constructeur et le second est le temps. Une voiture qui roule peu va accumuler de l’humidité qui peut contaminer le lubrifiant », explique M. Chilton.
« Dans d’autres cas, les automobilistes ne vont pas respecter les périodes de vidange et c’est là où le choix d’un filtre de mauvaise qualité sera particulièrement mis à mal. L’intérieur du filtre peut se dégrader et émettre des débris. »
Ce spécialiste constate toutefois une tendance vers la meilleure qualité en matière de filtres de remplacement. « Il faut être à l’écoute des consommateurs qui veulent conserver leur véhicule plus longtemps sans vouloir nécessairement passer constamment à l’atelier. Ils comprennent aussi de plus en plus que leur véhicule est une pièce de haute technologie qui nécessite des pièces de qualité. »
Jeff Dent, directeur des produits pour FRAM, mentionne aussi que son entreprise propose trois qualités de filtres de remplacement. On y trouve les filtres Extra Guard, Tough Guard et Ultra destinée spécifiquement aux lubrifiants synthétiques.
« Les produits se sont adaptés au fil des ans et nous remarquons maintenant un glissement vers les lubrifiants synthétiques, observe le directeur. Près de la moitié des véhicules sur nos routes roulent au synthétique et près de 75 % fonctionnent avec cette huile ou un mélange semi-synthétique. Cela demande aux garagistes de porter une attention particulière aux intervalles de vidange, mais aussi aux périodes de temps où ce remplacement est recommandé. »
Penser synthétique
Il souligne qu’il est possible dans la plupart des cas de proposer au client de passer d’une huile minérale à un lubrifiant semi-synthétique ou synthétique, pour une meilleure protection du moteur.
Mentionnant qu’un changement de lubrifiant synthétique est plus dispendieux, M. Dent considère normal que l’atelier installe un filtre adapté de qualité supérieure. Certains véhicules, notamment européens, vont demander des cartouches filtrantes, plus faciles à recycler. « Ce qui est essentiel, c’est de marier le bon filtre avec le bon lubrifiant », résume-t-il.
Avec des véhicules qui, depuis deux ans, font en moyenne moins de kilomètres, Maxim Manzerolle, spécialiste des produits sous le capot chez NAPA, réitère les consignes des fournisseurs. « Avec le temps et nos conditions, le lubrifiant va se dégrader. Le temps est un facteur important qu’il ne faut pas oublier. »
NAPA présente aussi trois catégories de filtres, le ProSelect, le Gold qui équivaut à la pièce montée d’origine sur le véhicule et le Platinum, pour les usages intenses, comme pour les voitures taxi par exemple. M. Manzerolle mentionne que s’il existe encore de la demande pour les filtres d’entrée de gamme, la tendance est vraiment vers les produits équivalents aux pièces d’origine ou de qualité supérieure.
Il explique que le catalogue informatique de NAPA facilite le travail du technicien qui veut trouver le filtre qui correspond aux spécifications du véhicule qu’il a entre les mains.