Si on assiste à un ralentissement de la croissance des ventes de véhicules électriques au Québec, il n’en demeure pas moins que ce virage vers l’électrification est incontournable.
L’annonce de la réduction graduelle des subventions à l’acquisition d’un véhicule électrique ou hybride par Québec tombe au moment où les adopteurs précoces cèdent la place à une masse critique de consommateurs qui sont moins convaincus de passer à l’électrique.
Les subventions à l’achat représentaient en effet l’incitatif le plus efficace et sans elles, la décision d’opter pour un véhicule électrique ou hybride devient moins rationnelle. Il faut balayer de la rumeur publique l’idée qu’il y aura parité de prix entre un véhicule à essence et son équivalent électrique d’ici 2027. Il faut en moyenne huit ans à un constructeur pour amortir le développement et la mise en marché d’un nouveau modèle. On pourra assister à une baisse des prix certes, mais certainement pas à une parité.
Le rôle du concessionnaire
Cette situation change la posture des concessionnaires. De gérer les commandes et d’expliquer aux clients les attentes de livraisons, ils doivent maintenant redevenir des agents d’information et de vulgarisation. Parler des subventions disponibles, des solutions de recharge à la maison, des pratiques de conduites qui prolongent l’autonomie ou encore l’identification des bornes publiques et de leur fonctionnement est maintenant leur lot quotidien.
Les véhicules électriques et hybrides sont en inventaire et l’offre des constructeurs est plus importante. On parle ici de 80 modèles électriques et rechargeables alors que 20 autres modèles seront disponibles l’an prochain. Le consommateur a beau jeu.
Pour vendre, il faudra expliquer davantage et convaincre cette clientèle qui n’est pas nécessairement aussi enthousiaste envers ce produit. Il me semble évident que les gens vont monter moins vite dans la caravane électrique.
Des cibles à revoir
J’observe que malgré cette hésitation toute rationnelle, le gouvernement fédéral maintient ses objectifs pour les véhicules zéro émission.
Des cibles qui me semblent aujourd’hui trop ambitieuses. Il sera en effet difficile de convertir ultimement 100 % des ventes de véhicules légers neufs à l’électrique en 2035 si ces véhicules demeurent trop dispendieux pour le consommateur ou encore, comme c’est le cas dans plusieurs provinces, les réseaux de recharges publiques demeurent anémiques.
Je crois au virage électrique et à son enjeu environnemental. Je considère toutefois que les cibles gouvernementales devraient prendre en considération toutes les solutions de motorisation offertes par les constructeurs dans le calcul des émissions des véhicules légers. La technologie liée à l’économie de carburant a fait des progrès remarquables au fil des ans et pourrait jouer favorablement dans la réduction de l’empreinte carbone du secteur des transports.
La période de transition en serait allégée et le consommateur aurait le choix d’opter pour la technologie qui lui convient, et ce en respectant les limites de son budget.