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Entretien avec Jean-Sébastien Sauriol : La disparition du plaisir de la conduite automobile

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Jean-Sébastien Sauriol, passionné d’automobile, nous parle de l’évolution de la voiture et du plaisir de la conduire. Photo IDC conduite préventive

La course à l’automatisation et à l’électrification des transports est-elle en train de sonner le glas d’une certaine vision de l’automobile, où le plaisir de conduire l’emportait sur le côté utilitaire ? Entretien sur le sujet avec le pilote et entraîneur professionnel Jean-Sébastien Sauriol.

Karting, formules monoplaces, courses d’endurance ; Jean-Sébastien Sauriol a bouclé de nombreux circuits sur tous les continents depuis le début de sa carrière de pilote. Il est également devenu, depuis 2009, un des rares entraîneurs canadiens coachant aussi bien des forces policières, que des coureurs et des particuliers. Le président d’IDC conduite préventive a suivi de près l’évolution technologique du milieu automobile.

« J’ai appris à conduire sur des boîtes manuelles, raconte-t-il. Dans les années 1980, mes premières voitures étaient des R5 et des R14, et mes modèles de course étaient aussi manuels. Puis dans les années 1990, les boîtes semi-automatiques sont apparues, pour céder ensuite leur place à d’autres entièrement automatiques. Les cockpits des bolides d’aujourd’hui n’ont même plus d’embrayage. Ça a beaucoup évolué. »

 Le plaisir de conduire se perd

Les avancées technologiques qui ont marqué le sport automobile ont évidemment rejailli sur le marché des véhicules routiers. Le choix de voitures neuves à boîte manuelle est de plus en plus restreint, y compris chez des constructeurs évoquant la conduite sportive. Par exemple, les mythiques Porsche 911 sont désormais bien moins populaires que les VUS Cayenne et Macan.

Jean-Sébastien Sauriol voit dans cette évolution un changement des mentalités : « Je ne suis pas contre les progrès technologiques. C’est génial de pouvoir rouler 400 ou 500 kilomètres, sans faire de bruit, dans une voiture disposant de bonnes caractéristiques routières. Mais on ne voit plus nos automobiles de la même manière qu’avant. »

Le pilote se souvient qu’à ses 16 ans, comme la majorité des jeunes de son époque, il avait couru à la SAAQ pour chercher son permis temporaire. « Il y avait une promesse de liberté et de sensations fortes associées à la conduite, dit-il. Je n’avais qu’une envie : partir sur la route, faire des roadtrips, sentir mes cheveux voler au vent sur une petite route sinueuse. C’était du plaisir à l’état pur. »

Un plaisir que ne semblent pas partager aujourd’hui les nouvelles générations, qui apprennent à conduire beaucoup plus tard et considèrent la voiture davantage comme une commodité. C’est le cas des conducteurs de tous les jours, mais aussi, nous apprend M. Sauriol, des jeunes policiers qui suivent ses cours de conduite spécialisée. « De moins en moins de personnes ont envie de découvrir le plaisir de conduire, c’est dommage », lâche l’expert.

En l’espace de 30 ans, les voitures de course manuelles ont disparu pour des modèles entièrement automatiques ressemblant à de vrais cockpits d’avion. Photo IDC conduite préventive

Des automobiles aseptisées et coûteuses

Il y a bien sûr des avantages liés à l’intégration des dernières technologies dans les véhicules. Moins de consommation, plus de confort et de sécurité constituent de bons arguments de vente. « Mais le gars de char en moi a du mal à comprendre pourquoi on mise autant sur les gros écrans, les prises pour le cellulaire, les connexions wifi ou les capteurs de sécurité, avoue Jean-Sébastien Sauriol. Avec tout ça, on ne sent plus la route, et on n’est plus maîtres de nos autos. »

Ce sont pourtant ces éléments accessoires que beaucoup de constructeurs mettent désormais de l’avant dans leurs modèles comme dans leurs publicités. Il suffit de penser aux annonces réalisées par Marilou Wolfe pour Chevrolet, ou bien par Marilou Bourdon (3 fois par jour) pour le Wah de  Hyundai pour s’en convaincre. Le nouveau rêve, ce sont des véhicules tout équipés, tout confort, branchés, pourvus des dernières technologies, écologiques. « Et aseptisés, ajoute M. Sauriol, car ils évacuent en partie ou en totalité le plaisir de conduire en tant que tel. »

Le pilote est conscient que de gros enjeux environnementaux et économiques sous-tendent l’approche des constructeurs. Mais l’objectif gouvernemental de convertir 20 % du parc automobile canadien à l’électrique dès 2030 est selon lui très ambitieux, tout comme celui de la démocratisation de ces nouveaux modèles.

« Je suis un peu sceptique par rapport à ça, dit-il, ne serait-ce que parce que je trouve que ces voitures électriques ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Que des modèles accessibles comme la Chevrolet Bolt soient retirés du marché parce qu’ils ne rapportent pas assez au constructeur, et que les gens doivent investir 60, 70 ou même 80 000 dollars pour une auto électrique, c’est contraire aux objectifs affichés. »

La revanche du vintage

Malgré ces considérations économiques, nous nous dirigeons quand même vers l’avènement des automobiles électriques et, très bientôt, autonomes. Alors, le plaisir de conduire est-il voué à une mort prochaine ? Jean-Sébastien Sauriol ne le pense pas.

L’expert remarque en effet que les clubs de pilotage, dont les membres participent à des journées de lapping (conduite sportive sur des circuits fermés), ont gagné des adeptes au cours des dernières années. Cette niche, constituée de millions de conducteurs à travers le monde, refuse de voir disparaître des modèles iconiques comme la Porsche 911 GT3, qui a failli être retirée du marché avant de le réintégrer, en raison du tollé que l’annonce du constructeur avait suscité.

M. Sauriol est également étonné par l’engouement incroyable pour les voitures antiques et tout ce qui touche à l’ancien en ce moment. « Le vintage a de plus en plus la cote. Meubles, vêtements, etc. Les voitures à propulsion peuvent-elles aussi profiter de ce mouvement, ce qui représenterait un retour de balancier vraiment intéressant » indique-t-il, avant d’ajouter : « Vous savez, le plaisir de conduire, c’est viscéral. Notre voiture, c’est un des derniers espaces où on est seul et où on se connecte avec la route. Quant aux sensations et aux émotions qu’on vit au volant, elles sont incomparables. Je crois donc qu’il y aura toujours une place pour ça dans notre société. »

Ce n’est certainement pas Bill Danner, un « jeune » pilote de 76 ans que Jean-Sébastien Sauriol a entraîné en 2023 pour la série Champcar Endurance Series du célèbre circuit de Sebring, en Floride, ni la publicité pour la Nissan Z dans laquelle Karine Vanasse utilise une boîte de vitesses manuelle, qui nous prouveront le contraire.

Bill Danner, un des clients de Jean-Sébastien Sauriol, a participé en décembre 2023 à une course du mythique circuit de Sebring dans une AUDI RS3 TCR … à l’âge de 76 ans ! Photo IDC conduite préventive

 

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