Lors d’une entrevue riche en contenu, Robert Poëti, PDG de la CCAQ, a expliqué l’impact de la COVID sur son secteur qui a fait preuve de résilience, et a su développer de nouveaux outils pour commercer.
Comme le rappelle M. Poëti, la pandémie a eu des impacts sérieux sur le secteur, tout comme sur l’ensemble du commerce au détail. Au déclenchement de la pandémie au printemps, 45 000 travailleurs du réseau des concessionnaires ont dû retourner à la maison.
« Cependant, grâce à la capacité d’adaptation de nos concessionnaires on a fait rapidement un protocole sanitaire de réintégration des services dans un premier temps pour la mécanique, puis pour les ventes. Il fallait pouvoir travailler de façon sécuritaire, pour nos employés, mais aussi pour notre clientèle. »
Une réduction des ventes
Les ventes de véhicules neufs sont en recul de 20 % comparativement à l’année antérieure. Il y a eu beaucoup d’inventaires accumulés en janvier, février et mars.
« Mais lorsque nous avons pu rouvrir les ventes, les gens avaient énormément magasiné, explique M. Poëti. Ils avaient regardé en ligne sur les différentes plateformes des concessionnaires et des constructeurs, et étaient informés davantage. Quand on a pu reprendre les ventes, les gens ne venaient pas magasiner, mais acheter. »
De plus, étant données les circonstances, un bon choix de véhicules était disponible et les prix étaient bons. Les constructeurs ont offert des rabais intéressants, au niveau des taux d’intérêt pour le financement ou le prolongement des garanties d’origine. Bon an mal an 600 000 véhicules, dont 400 000 neufs, sont vendus par les 900 concessionnaires de partout au Québec.
Les programmes d’aide
Les divers programmes d’aide mis de l’avant par le gouvernement fédéral et Québec ont été salutaires pour plusieurs concessionnaires durant cette période difficile, et encore aujourd’hui.
« Les programmes, notamment les subventions pour les employés et l’aide pour les loyers, qui se sont graduellement présentés, ont été bénéfiques. Du côté municipal, il n’y a pas eu de grands pas de faits en ce sens. Certaines villes ont retardé la demande de paiement des taxes municipales, mais n’ont fait que les repousser. Mais ces mesures ont limité l’impact global et on minimise un peu les pertes. »
À savoir si certains concessionnaires ne passeront pas à travers cette crise, M. Poëti répond : « La vérité, c’est que ce n’est pas fini. Pour certains c’est plus difficile. Quelques-uns ont annoncé leur fermeture qui n’était pas nécessairement liée à la pandémie, mais qui est venue devancer une décision qui aurait été prise dans quelques mois. Est-ce qu’il y a des difficultés pour les concessionnaires sur le plan économique, la réponse c’est oui. Est-ce qu’ils vont tous s’en sortir ? Je ne pourrais pas le dire aujourd’hui. »
Les ventes en ligne
Les concessionnaires connaissaient déjà les rouages de la vente en ligne avant la pandémie. Cette dernière a toutefois eu un effet d’accélérant. Pour la Corporation des concessionnaires d’automobiles du Québec, que représente M. Poëti, il était important de les aider en travaillant avec les instances gouvernementales pour faciliter ce type de commerce au détail.
« L’Office de la protection du consommateur ne permet pas encore 100 % une vente en ligne. Il faut que la signature se fasse en personne, chez le concessionnaire. Je pense qu’on est en retard au Québec et c’est une doléance portée à la ministre de la Justice. » M. Poëti souhaite qu’avec l’écoute présentement, la loi puisse être modifiée sous peu.
Ceci étant dit, le PDG de la CCAQ a expliqué les limites de la vente en ligne, illustrant que l’achat d’un véhicule, représentant un investissement important, est grandement facilité par l’essai routier et surtout la rencontre avec un conseiller technique.
« Les ventes en ligne ont permis au consommateur d’être mieux informé, mais la rencontre face à face avec un conseiller demeure hyper importante. Les plateformes sont extraordinaires, mais le plaisir d’aller chez le concessionnaire pour avoir un contact humain et pouvoir essayer le véhicule va rester. »
Le besoin d’un véhicule
En ce qui concerne l’avenir, notre invité soulignait comprendre la réalité urbaine qui favorise l’adoption de modes de transport collectif. « Mais je ne peux pas rapprocher Matane de Québec ou l’Abitibi de Montréal. Les distances sont importantes et les gens ont besoin d’un véhicule. La relation avec l’automobile au Québec, elle est présente. »
Ceci étant dit, les technologies progressent en M. Poëti a tenu à féliciter les Québécois qui sont précurseurs dans l’électrification des transports alors qu’on vend ici 50 % des VE de tout le Canada.
« L’industrie automobile au Québec va continuer, car elle s’ajuste, se modernise et elle va continuer de le faire », a conclu Robert Poëti.