Karim Zaidane, récipiendaire du Prix du Président de Réseau Fix 2024, incarne un parcours inspirant, composé de résilience, d’ambition et de passion pour l’industrie.
Âgé d’une quarantaine d’années, Karim Zaidane dirige aujourd’hui quatre ateliers de carrosserie sous la bannière ProColor et Fix Auto. Mais rien ne laissait présager une carrière aussi prolifique lorsqu’il débute chez Toyota-Lexus Spinelli de Lachine en 2001 en tant que laveur d’autos.
Initialement motivé par l’idée d’un emploi provisoire dans l’industrie de l’automobile, il découvre un univers stimulant lui permettant d’exploiter son potentiel et s’épanouir. « C’était juste un travail temporaire avant de reprendre mes études en techniques policières, » se souvient-il.
Son charisme et son aisance naturelle avec les clients attirent toutefois l’attention de Michel Spinelli, qui lui propose de rejoindre le département des pièces. C’est là qu’il connait une véritable révélation. « Ce n’était pas tant la division, mais plus le fait d’avoir l’occasion de relever de nouveaux défis, de faire bouger les choses et de changer les façons de faire. »
Faire ses classes
Stimulé par son nouvel environnement qui met à profit son esprit d’initiative et son leadership, M. Zaidane gravit rapidement les échelons. Plutôt que de retourner sur les bancs d’école, il choisit de parfaire son éducation sur le terrain. Chez Spinelli, il apprend les rudiments de la gestion des stocks et les subtilités de la relation client.
Cependant, après quelque temps, il ressent qu’il a fait le tour de sa division. Un concours de circonstances va redéfinir sa trajectoire lorsqu’on lui propose un poste dans le département de carrosserie du concessionnaire. Grâce à ses performances remarquables, il accède au poste de directeur, même s’il avoue qu’il « ne connaissait rien dans ce domaine ».
Le changement est radical et brutal. Ses débuts en tant qu’entrepreneur sont marqués par son entêtement, son acharnement, et une perte de poids. Malgré tout, il n’a jamais songé à abandonner la partie. Il désirait ardemment déchiffrer les rouages de ce secteur complexe qu’il tentait d’apprivoiser, mais il lui manquait des éléments. Il devait « mettre le doigt » sur ces pièces manquantes.
Les planètes s’alignent
Après trois mois, les planètes s’alignent enfin : « Des connaissances se sont rajoutées et des fournisseurs m’ont aidé avec des paramètres. Je comprenais enfin la logique qui régit le système. » Malgré les défis, M. Zaidane persévère, apprenant les aspects techniques de la carrosserie, de même que les enjeux liés à la gestion d’équipe et la logistique. Ces années formatrices l’initient à un domaine empreint de subtilités, exigeant, mais profondément gratifiant.
Le département croît rapidement, attirant de nouvelles occasions d’affaires qui font germer en lui l’idée d’être à la barre de son propre navire. Un premier projet d’actionnariat dans un atelier de carrosserie de Québec n’aboutit pas, mais un second se concrétise le 2 décembre 2020. En pleine pandémie, M. Zaidane devient propriétaire de Carrossier ProColor LaSalle A.M., installation qui lui servira de vaisseau amiral.
M. Zaidane s’adapte rapidement et avec brio à sa nouvelle réalité, malgré un début tumultueux marqué par la crise sanitaire qui l’oblige à des choix difficiles. Il se voit alors contraint de licencier certains employés. « Une épreuve qui nous a beaucoup rapprochés » tient-il à préciser, car le processus s’est fait en toute transparence.
La force de l’équipe
Bientôt, l’atelier dépasse les attentes et doit accroître ses effectifs. La succursale, qui ne comptait que douze travailleurs, au moment de l’acquisition, en emploie désormais 41, une croissance que le gestionnaire attribue à la force de son équipe. Il voit dans chaque coéquipier un acteur essentiel au succès de l’entreprise. « Je suis très proche de mes employés. Chaque matin, je prends le temps de leur serrer la main individuellement. J’ai compris que dans la vie, il faut savoir bien s’entourer. Chez nous, tout le monde a droit au même niveau de respect, peu importe leur poste. » Cette approche humaine crée un environnement de travail stimulant, propice à l’épanouissement et à la loyauté du personnel ; une culture adoptée par l’ensemble des ateliers de M. Zaidane et mise en application par chaque directeur de succursale.
Sa démarche collaborative se reflète également dans ses relations avec ProColor et Fix Auto. « Je dis souvent aux autres propriétaires : la bannière n’est pas là pour nous sauver, mais bien pour nous soutenir. Il faut oser demander de l’aide quand on en a besoin, mais surtout être clair dans nos requêtes afin qu’elles puissent nous fournir le support adéquat. »
Outre la force de son équipe et celle de son réseau, M. Zaidane souligne l’importance de la qualité et de l’innovation pour sortir se démarquer. Dès son entrée en poste, le nouveau propriétaire profite du ralentissement imposé par la COVID-19 pour investir dans la certification de ses ateliers. « Quand j’ai acheté, on n’en avait aucune. » Aujourd’hui, la liste ne cesse de s’allonger. L’atelier de LaSalle, le seul du groupe a détenir une certification de Tesla pour l’instant, vise désormais celles des marques de luxe. Parfois, ce n’est pas la volonté qui fait défaut, mais plutôt l’espace, certains équipements nécessitant une plus grande superficie. La certification, explique-t-il, va bientôt devenir un atout majeur, car les assureurs vont privilégier ceux qui en sont dotés. « Mon objectif, c’est de toujours être à la fine pointe et ce qu’on n’a pas encore, on travaille pour l’obtenir. »
Innover et s’impliquer
Pour se démarquer dans cette industrie hautement compétitive, M. Zaidane a même créé un poste d’agent de livraison. Cette personne, dédiée aux clients, s’assure de la qualité du service. Elle leur présente les travaux, explique les garanties et gère les détails liés à la transaction, centralisant les étapes et déchargeant ses collègues de tâches qui leur incombaient auparavant par défaut. L’instauration de nouveautés s’inscrit toujours dans une optique d’amélioration : « On veut travailler intelligemment et alléger les processus afin d’arriver au même volume et obtenir le même profit, tout en continuant à offrir un excellent service. C’est un défi constant. »
Le gestionnaire s’implique aussi activement à l’extérieur des murs de son entreprise. Il soutient divers projets de la communauté de LaSalle et suit de près les transformations de cet arrondissement qui l’a vu grandir. « Je comprends très bien la culture, les clients et les habitants de LaSalle et de Lachine, où j’ai travaillé pendant 19 ans. Ce sont des secteurs que je maîtrise et qui n’ont pas de secrets pour moi. » M. Zaidane anticipe l’évolution de la demande et prépare déjà son plan d’attaque pour servir cette clientèle appelée à croître de 20 % d’ici dix ans. Il adapte ses stratégies pour maintenir un service de proximité et répondre aux besoins, présents et futurs, de cette population diversifiée.
La diversité se retrouve aussi au sein de son équipe. En collaborant avec des agences de recrutement à l’international, M. Zaidane attire des talents variés, intégrant des perspectives nouvelles et un savoir-faire complémentaire. Sous peu, quatre estimateurs français viendront grossir les rangs.
Axé sur la croissance
Le modèle de gestion de M. Zaidane, axé sur la croissance de l’individu autant que sur celle de l’entreprise, semble prêt à amorcer le prochain chapitre de son évolution. En seulement quatre ans, il est passé d’un à quatre ateliers, et bientôt, un cinquième s’ajoutera à la liste. Ce parcours exemplaire a été couronné par la remise des Prix du Président Fix et du Service à la clientèle lors de la dernière Conférence nationale du réseau, témoignant de la qualité de ses services et de l’engagement de son équipe. Pour le lauréat, cette reconnaissance représente une motivation supplémentaire pour viser toujours plus haut.
Avec des projets plein la tête, M. Zaidane sait qu’il peut toujours compter sur le réseau lorsqu’il se bute à des obstacles. Et il risque d’en rencontrer plusieurs au cours des deux prochaines décennies, car il aspire à s’imposer comme un acteur clé dans l’industrie de la carrosserie. « J’aimerais y transposer ma vision, non pas pour des raisons financières, mais pour la postérité du secteur. » Et quand il est question d’avenir, l’entrepreneur ne cache pas ses ambitions. « Dans cinq ans, je me vois avec quinze à vingt carrosseries. »