Les problèmes de finition de peinture automobile dans les ateliers de carrosserie demandent des reprises néfastes pour les finances de l’entreprise.
Le mauvais agencement des couleurs ou des finis, le délaminage des couches de peinture ou de vernis ou encore une surface texturée vont déplaire au client qui risque d’exiger une reprise. Les cas en atelier seraient heureusement moins fréquents, mais causent encore régulièrement des maux de tête et des pertes financières importantes.
« Le travail du peintre en carrosserie est d’une grande complexité », indique d’entrée de jeu John Beauregard, superviseur du centre de formation PPG. « L’environnement joue pour beaucoup dans le résultat. Les écarts de température jouent par exemple, alors qu’on peut avoir une matinée à 15 degrés et un après-midi à 28 degrés. Les produits à utiliser et les temps d’attente doivent être ajustés. »
Même chose pour l’éclairage. Des fournisseurs spécialisés offrent en effet des appareils qui reproduisent la lumière du jour afin d’éviter que la peinture parfaite en atelier le soit moins une fois à l’extérieur. « Il n’y a pas uniquement un seul facteur à considérer, reprend M. Beauregard. Il faut des points de contrôle à chaque étape et suivre les procédures. Il faut savoir sauver du temps en prenant son temps. »
Perception des couleurs
Comme le mentionne d’ailleurs M. Beauregard, parfois il y aura une disparité de couleurs sur certaines pièces même sur un véhicule sortant de l’usine d’assemblage. « Ce n’est pas une mauvaise idée de faire le tour de la voiture avec le client, question de lui montrer les dommages antérieurs, mais aussi, la différence de couleur qu’il puisse y avoir entre certaines parties du véhicule qui ne sont pas fabriquées et peintes au même endroit ou composées des mêmes matériaux. Cela évite des discussions par la suite », enchaîne Christian St-Arnaud, spécialiste en peinture chez Les Entrepôts AB. « Ce qu’on constate encore souvent comme source de problèmes en finition de peinture, c’est une mauvaise préparation des outils. »
Ajustement du pistolet à peinture
Comme l’explique M. St-Arnaud, une attention particulière doit être apportée au pistolet à peinture qui devrait être nettoyé rigoureusement entre les utilisations. « Certaines pièces vont s’user et la valve d’ajustement de pression doit être vérifiée si on veut un résultat constant et précis. Il en va de même du compresseur et de toutes les conduites d’air qui peuvent être contaminés par l’eau, d’autres particules ou même de l’huile. Les gestionnaires doivent s’assurer que les filtres soient régulièrement remplacés. C’est souvent négligé et cela affecte le résultat de la peinture. Malheureusement, je dirais que neuf petits ateliers sur dix ne savent pas entretenir un compresseur. »
Selon lui, il faut prévoir dans l’horaire de l’atelier une période dédiée spécifiquement au nettoyage. Une culture d’entretien évite beaucoup de maux de tête au bout de la ligne de production.
Suivre les étapes
Mathieu Simard, directeur des opérations pour le Réseau Fix, admet que les problèmes de finition découlent souvent d’équipements mal entretenus ou nettoyés. « La peinture est la dernière étape dans le processus de réparation de la carrosserie. Il faut être particulièrement minutieux. Même un peintre chevronné doit suivre les étapes indiquées par le fournisseur de peinture ou du constructeur. Avec les peintures à base d’eau, le contrôle de l’humidité et des temps de séchage est essentiel. Parfois, tout le côté du véhicule doit être repeint pour éviter les écarts de finition et on doit le faire. »
Pour éviter les mauvaises surprises, M. Simard, à l’instar de l’ensemble de ses collègues d’ailleurs, recommande fortement le cartonnage d’un échantillon avant de procéder à la finition. « Ça reste la meilleure méthode pour s’assurer du résultat, souligne M. Simard. De plus, peut conserver ces échantillons, avec les produits utilisés et les processus suivis, pour référence si l’atelier doit reproduire le même fini sur une autre voiture plus tard. »
L’expert revient aussi sur l’entretien des équipements, mais souligne aussi la nécessité pour le peintre de porter un habit propre comportant un capuchon afin d’éviter qu’un cheveu rebelle se glisse entre les étapes de finition.
M. Simard mentionne aussi au passage que certains problèmes de finition découlent de la mauvaise calibration de la balance à peinture. « L’usure ou la perte de précision des équipements de peinture est graduelle, souligne-t-il. Il faut donc régulièrement prendre le temps de s’assurer de leur précision, autrement, même avec la plus grande rigueur d’application, les résultats seront faussés. »
Besoin de formation
Pour Rémi Michaud, gestionnaire régional des opérations pour la zone Québec chez CARSTAR, la principale source de problèmes de finition en carrosserie repose malheureusement sur le manque d’expertise dans la chambre à peinture. « Je comprends les enjeux de main-d’œuvre, explique-t-il, mais les jeunes peintres sont mis à l’ouvrage sans avoir eu l’occasion de parfaire leur apprentissage. Souvent ils n’ont pas de diplôme professionnel ou de formation de base et ne sont pas suffisamment coachés. Ça roule vite dans un atelier et on ne prend pas le temps de bien former ces techniciens. »
Il incite les gestionnaires d’atelier à profiter des programmes de formation en peinture automobile offerts par les réseaux, mais aussi par les fournisseurs de peinture qui ont aussi tout à gagner de confier leurs produits à des mains expertes.
M. Michaud trace un parallèle avec l’entretien des équipements, facteur important dans la qualité du résultat final comme nous l’avons vu plus haut, pour commenter : « L’atelier n’a pas le temps de former les techniciens ou d’entretenir les équipements, mais il a le temps de reprendre le travail deux fois. La peinture ne pardonne pas, et l’atelier n’est payé qu’une fois ! »