Une impressionnante variété de problèmes sur les surfaces refinies hantent les ateliers et exigent souvent une reprise des travaux.
Cratères et bosses, pelure d’orange et délamination peuvent découler de plusieurs facteurs.
Accuser la qualité de la peinture et des vernis serait trop simple.
« Pour contrôler le résultat, tu dois contrôler ton environnement, illustre Christian Roy, gérant des services techniques chez CMAX. Quand le travail part croche, on ne peut pas s’attendre à de bons résultats. »
Il mentionne l’importance d’avoir un éclairage approprié dans l’atelier afin de garantir une couleur finale juste.
Pour lui, la qualité de l’environnement repose aussi sur la propreté des filtres, ventilateurs, pistolets, compresseurs et conduites d’air.
« On voit souvent que les yeux de poisson sont causés par un compresseur qui crache l’huile ou des surfaces rugueuses provoquées par de la poussière qui flotte dans la chambre à peinture. »
Mais en plus de la propreté des lieux, c’est à la propreté du véhicule que s’intéresse M. Roy.
« Je dirais que la moitié des ateliers ne lavent pas la voiture à repeindre comme il le faut. Avant d’y travailler, on parle d’un lavage rigoureux à l’eau et au savon pour éviter de traîner de la saleté partout dans l’atelier. »
Il recommande aussi, surtout pour les pièces de plastique, l’utilisation d’un pistolet antistatique pour repousser les grains de poussière qui voudrait s’y accrocher avant de passer à la chambre à peinture.
Des résultats inconstants
Son confrère Christian St-Arnaud, représentant technique en peinture pour les Entrepôts AB est bien d’accord, mettant aussi l’accent sur le dégraissage de la surface sur laquelle le travail de refinition sera effectué.
« C’est toujours étonnant de constater qu’en utilisant les mêmes produits, les ateliers ne vont pas nécessairement arriver avec les mêmes résultats, constate M. St-Arnaud. Nous voyons que plusieurs ateliers ont des équipements désuets ou mal entretenus. Mais selon moi, plusieurs des problèmes de finition sont liés à la main-d’œuvre. Une seule personne qui saute une étape ou qui commet une erreur va gâcher le résultat final. »
Il comprend très bien les contraintes de temps auxquelles les carrossiers sont confrontés, mais maintient que l’entreprise doit avoir une politique du travail bien fait.
Nos intervenants soulignent en passant que les équipements ont évolué au cours des années et qu’il est plus facile d’obtenir aujourd’hui des résultats constants qu’il y a 20 ans.
« Regardez par exemple les sableuses sans poussière, pointe M. St-Arnaud. C’est une technologie qui va protéger tes techniciens tout en réduisant de 80 à 90 % la présence de poussière dans l’air. Ça règle bien des problèmes dès le départ. »
Suivre le guide
Selon M. St-Arnaud, suivre les processus standardisés (SOP) des fabricants est essentiel.
« La fiche technique est le meilleur ami du carrossier et pourtant elle est rarement consultée. Le fabricant de peinture ou de vernis connaît son produit et sait comment on doit l’utiliser pour obtenir les résultats souhaités. On y trouve les directives de préparation ou encore les temps de séchage. Ce sont les bases et 95 % des réponses aux questions qu’on nous pose se trouvent sur la fiche technique du produit. »
Normand Cormier, directeur de la formation en classe chez Axalta en aurait long à dire sur les problèmes de finition découlant du non-respect des processus.
« J’ai devant moi une liste de 37 problèmes courants de finition sur la carrosserie automobile, précise-t-il. Nous allons faire une série de capsules techniques à l’échelle mondiale pour appuyer nos efforts de formation technique. Il y a tellement de facteurs qui entrent en jeu dans l’obtention d’une finition parfaite que la formation continue en atelier est un incontournable. »
Chose certaine, M. Cormier constate que bien des problèmes découlent du fait que l’atelier veut aller trop vite.
Il pointe par exemple l’utilisation d’activateurs ou de catalyseurs rapides qui, utilisés dans des conditions climatiques contraires, provoquent des problèmes apparents sur la surface.
« Si on veut aller vite, on prend des produits qui vont lentement. »
Ses confrères l’appuient dans ce constat et précisent également que l’économie sur la qualité des produits utilisés tout au long de la chaîne de production risque bien d’être repayée au double par la reprise des travaux.
Il mentionne aussi que la préparation de la pièce avant la peinture doit être parfaite, car, encore une fois, corriger une surface apprêtée par sablage gaspille du temps et du matériel.
Un masquage adéquat
Un autre son de cloche nous parvient de Bill Suzuki, qui est à la division des produits du marché secondaire chez 3M.
Il mentionne l’importance de suivre les processus des fabricants au niveau des temps de séchage et de l’utilisation des bons abrasifs lors de la préparation des surfaces.
« Un élément important à ne pas oublier est la protection des surfaces sur lesquelles on ne travaille pas, explique M. Suzuki. Le masquage va protéger le reste du véhicule. C’est incroyable comment les gouttelettes de peinture peuvent voyager et s’infiltrer ailleurs sur le véhicule. Il faut y mettre le temps pour éviter les problèmes. »
Contamination
Normand Cormier mentionne l’apparition de problèmes de corrosion galvanique sur les pièces d’aluminium découlant de la contamination de la surface à repeindre.
Cette contamination se fait par l’utilisation d’une sableuse ayant servi à travailler sur une surface d’acier avec le même disque d’abrasif.
La surface métallique va gonfler sous la peinture avec le résultat qu’on peut deviner.