Officiellement ouverts depuis la semaine dernière, les ateliers de carrosserie doivent gérer une réduction significative des volumes.
Des ateliers de carrosserie ont poursuivi leurs opérations pour offrir des services essentiels, mais ce, avec des équipes très réduites. Aujourd’hui, la reprise plus large des opérations se déroule dans un contexte d’incertitude. Les chiffres ne mentent pas ; l’importante réduction du nombre de voitures sur nos routes a eu un impact direct sur le volume des réclamations. Le flot du travail s’est en grande partie tari.
« Nous avons accompagné nos ateliers durant toute cette crise, souligne Yves Roy, vice-président régional Québec du Réseau Fix Canada. Nous avons gardé un lien direct avec eux, par le truchement de notre intranet, afin de les guider vers les différents programmes d’aide offerts par les deux niveaux de gouvernement et certaines municipalités. Parallèlement, notre équipe est restée en opération pour garder aussi les canaux de communications ouverts avec les assureurs. »
Selon M. Roy, les gestionnaires des ateliers de ses deux réseaux, Fix Auto et Carrossiers Procolor, étaient très contents de l’annonce de la reprise des activités. Mais ces derniers, s’ils n’avaient pas maintenu un minimum d’activité, ont été forts occupés à mener des analyses financières en prévision de la reprise, sachant que la situation serait alors loin d’être normale. « Ils n’ont pas chômé, souligne M. Roy. Tout en préparant leurs ateliers pour qu’ils répondent aux normes sanitaires et de distanciation sociale ils ont analysé leurs coûts d’opération et mesuré quelle main-d’œuvre ils pouvaient rappeler pour offrir un service à volume réduit.
Nouvelles contraintes
Si les ateliers de carrosserie sont familiers avec les mesures de sécurité qui doivent prévaloir dans leurs entreprises en temps normal, les nouvelles contraintes en prévision de la reprise les ont obligés à faire preuve de beaucoup de flexibilité. « Au début de la crise, nos ateliers fermés ont offert, par exemple, leurs masques de protection aux services de la santé, illustre M. Roy. C’était un geste généreux. Mais aujourd’hui, ces masques, ils en ont besoin pour faire leur travail dans un contexte complètement nouveau. »
Mais selon le vice-président il n’y a pas de problème d’approvisionnement chez les ateliers de son réseau puisqu’ils ont accès à la fois au réseau de distribution de Uni-Sélect et de NAPA C/MAX.
Au moment de notre entretien téléphonique Yves Roy était en discussion avec CSMO-Auto afin de déterminer comment ses ateliers pourraient avoir accès à la subvention annoncée par Québec pour financer des programmes de formation qui pourraient être avantageux pour les travailleurs de l’industrie qui ne peuvent retourner immédiatement au travail, faute de volumes.
Des volumes perdus
Cette question de volumes de voitures à réparer inquiète aussi Yves Robichaud, directeur régional pour le Québec du réseau CARSTAR. « On vit présentement une réduction de plus de 80 % de la mobilité au Québec, analyse M. Robichaud. Concrètement, cela s’est traduit par une baisse des réclamations de 40 % en mars et une chute qui pourrait atteindre 80 % en avril. Difficile de prévoir la baisse en juin, mais chose certaine, ces voitures que nous n’avons pas eu à réparer ne vont pas réapparaître, c’est une perte nette de revenus que doivent absorber nos carrossiers. » Il souligne que même ailleurs au Canada ou aux États-Unis où les ateliers sont restés ouverts durant la crise, les volumes de travail ont fondu comme neige en avril.
Tout en accompagnant les ateliers de son réseau dans la mise en place de mesures de gestion serrées des finances, il a travaillé à les inciter à trouver de nouvelles sources de revenus. « Mais il n’y a pas une solution miracle, constate-t-il.
Travailler avec les concessionnaires, les gestionnaires de parc ou les agences de location de voitures ne donne pas de résultats probants quand tout le secteur roule au ralenti quand il n’est pas carrément à l’arrêt.
— Yves Robichaud, directeur régional Québec, CARSTAR
À l’instar de ce que notait Yves Roy, M. Robichaud constate qu’en ces temps difficiles les membres de son équipe tout comme les gestionnaires des ateliers du réseau se sont serré les coudes et ont développé, malgré l’éloignement physique, des relations plus étroites.
Selon Yves Robichaud un pourcentage élevé des ateliers CARSTAR sont resté ouvert durant le premier mois de la crise. Cela a comme résultat qu’ils sont déjà bien organisés pour la reprise, même à petite échelle. Mais il prédit que pour tous, les six prochains mois seront déterminants. Il s’inquiète particulièrement de la saison estivale qui devrait être particulièrement tranquille.
D’un autre côté, un des effets de la COVID-19 aura été de régler artificiellement le problème de pénurie de main-d’œuvre. Même si les deux dirigeants de réseaux soulignent que la vaste majorité des travailleurs ne sont que trop heureux de revenir au travail, la dure réalité pour les prochains mois est que pour une partie d’entre eux, leurs services ne seront pas nécessairement requis.
Des acquisitions
La fragilité du secteur pourrait s’avérer positive pour les gestionnaires d’ateliers qui voudraient procéder à des acquisitions. Les propriétaires qui préparaient leur retraite ou la passation des opérations à la nouvelle génération seront peut-être poussés à vendre. « Mais le drame est que dans le contexte, ces ventes risquent de se faire au rabais, prédit M. Robichaud. Les investisseurs potentiels savent qu’il sera difficile de tirer des profits de ces acquisitions avant de longs mois. »
S’il est difficile de tirer présentement du positif de la situation pour nos carrossiers, il n’en demeure pas moins que les gestionnaires qui auront su gérer étroitement leur budget, trouver de nouvelles alliances ou offrir de nouveaux services profitables vont être particulièrement bien positionnés lorsque la situation retrouvera une normalité toute relative.