Discussion avec Ernest Bedia, président de Pirelli Canada, lors du Grand Prix

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Le président de Pirelli Canada, Ernest Bedia, a accordé une longue entrevue à Autosphere lors du Grand Prix du Canada. Source : Michel Beaunoyer

Président-directeur général de Pirelli Canada depuis cinq ans et membre de cette équipe depuis 2014, Ernest Bedia a bien voulu répondre aux questions d’Autosphere, entre les vrombissements des bolides sur la piste Gilles-Villeneuve, lors du Grand Prix du Canada.

Pirelli, fournisseur de pneus pour les Grands Prix de Formule 1 depuis 2011, avait invité Autosphere lors de l’épreuve montréalaise afin de participer à cette grande fête dans des conditions exceptionnelles. M. Bedia avait prévu du temps à son horaire, qu’on devine très chargé durant ce week-end, pour nous accorder une longue entrevue.

Le premier sujet abordé lors de cet échange, qui s’est déroulé dans la vaste section Pirelli du Paddock Club, portait sur la situation du marché canadien.

« Le marché canadien est stable, indique-t-il en réponse, mais nous restons prudents face à ce que nous réserve la seconde partie de l’année. Nos produits vendus sur le marché canadien ne sont pas frappés par des tarifs douaniers, et nous nous assurons, dès leur conception, que leurs prix rivalisent avec ceux de nos concurrents. » Ce que craint davantage le président, c’est l’effritement de la confiance des consommateurs qui consacreront leur budget aux achats essentiels.

En ce qui concerne les ententes avec les constructeurs pour l’offre de pneus Pirelli en première monte, M. Bedia parle encore d’une situation stable, mais plus volatile. Il mentionne que les tiraillements commerciaux à ce chapitre n’ont aucun impact sur le marché d’ici.

Offrir la qualité

Quand on aborde le marché de la vente au détail, M. Bedia reprend sur le dernier élément de la conversation. « Si la voiture est dotée de Pirelli en première monte, c’est qu’il y a une très bonne raison. Lors du remplacement, la proposition devrait être évidente. Il faut voir, dans ces cas de remplacement, le pneu comme une pièce d’origine », illustre-t-il.

Certes, mais il pousse plus loin l’analyse. Pirelli a grandement élargi son catalogue et propose aujourd’hui des produits dans tous les segments. « Nous avons une réputation de performance, explique M. Bedia, mais il est possible de proposer des pneus qui offrent longévité et confort sans faire de compromis sur la performance. Notre département de Recherche et Développement est aussi axé sur la création de pneus de tous les jours. Mais il faut rester fidèle à notre image de marque et à notre réputation.»

Il est intéressant d’entendre M. Bedia expliquer comment Pirelli s’attaque au marché croissant du véhicule électrique. « Notre approche n’est pas de développer une ligne de pneus pour ces véhicules qui répond à toutes les applications. Il faut un pneu qui réponde à ces nouvelles attentes de performance – durabilité, faible résistance au roulement – mais qui pourra aussi correspondre aux usages, qu’il s’agisse d’un VUS de haute performance ou d’une sous-compacte de tous les jours. »

Peu importe le client qui se présente au centre de pneus, il souligne l’importance de faire circuler l’information du fabricant de pneus aux consommateurs par l’entremise des distributeurs et marchands. Ce n’est pas parce qu’un automobiliste est au volant d’une voiture d’entrée de gamme qu’il ne voudra pas chausser les meilleurs pneus sur le marché, leur garantissant sécurité et confort. « Il faut que les consommateurs connaissent les avantages des pneus de qualité supérieure, tranche-t-il. C’est ensuite à eux de prendre une décision éclairée. »

Dans ce même ordre d’idée, Ernest Bedia milite pour l’utilisation au Canada de véritables pneus d’hiver, justement pour des raisons de sécurité. Il considère que le pneu quatre saisons est un choix intéressant le reste de l’année, sachant qu’une pluie verglaçante ou une neige précoce sont vite arrivées.

L’effet Formule 1

Évidemment, si Pirelli investit des sommes astronomiques dans le développement de pneus pour la Formule 1 et placarde son logo à la vue de tous sur les circuits à travers le monde, c’est que l’entreprise carbure à l’émotion. « Le marché canadien est passionné et fier de notre pneu, confirme M. Bedia. Nous misons sur cette image de performance et de prestige. L’autre élément important de notre association avec la Formule 1 est la progression technologique qu’elle impose. Nous devons rester au sommet de la technologie et le faire à toute vitesse. Ce qui est intéressant pour notre offre de pneus de remplacement, c’est que nous pouvons aussi bénéficier de cette approche de développement rapide et de transfert technologique. Il y a ainsi certaines composantes ou des designs mis à l’essai pour les pneus de compétition qui s’avèrent être des solutions intéressantes pour nos pneus consommateurs. »

Le président de Pirelli Canada revient, à la lumière des investissements colossaux effectués par sa compagnie dans le développement de pneus de qualité supérieure, sur l’importance de s’assurer que « tout le marché soit soutenu par des experts ». En effet, à une époque où les consommateurs peuvent acheter en ligne les pneus qu’ils pensent, pour diverses raisons, adaptés à leur véhicule, le rôle du conseiller technique au comptoir des marchands révèle toute son importance.

Catégories : Éditorial, Pneus
Étiquettes : Ernest Bedia, Pirelli Canada

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