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Sécurité dans les ateliers de pneus : de petits détails qui font une grosse différence

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Stéphane Bélisle, propriétaire de B2C Auto inc. et vice-président de l’Association des spécialistes de pneu et mécanique du Québec (ASPMQ).

Dans l’industrie des services automobiles, la sécurité des travailleurs dans les ateliers de pneus demeure une préoccupation majeure. Les risques ergonomiques, les blessures causées par des chutes ou par des objets et celles liées à la manipulation de pneus sont fréquents. Pourtant, des solutions existent pour restreindre ces dangers.

Selon Sylvie Mallette, directrice générale d’Auto Prévention, les risques de nature ergonomique arrivent en tête du classement 2023 de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), représentant 37 % des lésions dans le secteur. « Être frappé par un objet – comme un pneu, une jante, une roue ou un outil – suit de près avec 19 % des accidents, tandis que les chutes occupent le troisième rang avec 16 % des cas », explique-t-elle.

Les blessures au dos, qui incluent également le cou et les épaules, sont particulièrement préoccupantes, avec une moyenne de 116 jours perdus par lésion, pour un coût total qui frôle les 14 000 $ par incident. La tendance est claire selon la DG: le nombre global de lésions professionnelles diminue, mais leur gravité augmente. « Les blessures aux épaules, par exemple, entraînent en moyenne 160 jours d’absence — soit près de cinq mois », ajoute Mme Mallette.

Toutefois, réduire les risques de nature ergonomique exige la mise en place de mesures plus strictes et requiert parfois l’achat d’équipement supplémentaire et d’outils spécifiques. « Les pneus sont de plus en plus gros et lourds, ce qui complique leur manipulation », précise Stéphane Bélisle, propriétaire de B2C Auto inc. et vice-président de l’Association des spécialistes de pneu et mécanique du Québec (ASPMQ). Il ajoute que l’arrivée de pneus de 19 pouces comme standard a alourdi la tâche des techniciens.

« Au début de la saison, c’est pertinent de faire une révision avec les employés », note M. Bélisle. Un petit rafraichissement pour leur remémorer de forcer de la bonne façon et d’être attentifs à leur tâche pour éviter de faire de faux mouvements, lesquels pourraient entraîner des blessures. Il rappelle aussi l’importance de bien répartir la charge de travail et d’adopter des solutions simples telles que faire la rotation des postes pour ainsi réduire les gestes répétitifs.

Sylvie Mallette, directrice générale d’Auto Prévention. Source : Sophie Gélinas, photographe

Retour sur investissement

Investir dans de l’équipement adapté contribue également à alléger le travail des techniciens, à faire des gains en temps et en efficacité, en limitant le nombre de manipulations et de mouvements récurrents, soutient Jean-François Bourassa, directeur de comptes pour le Canada chez Martins Industries. « La sécurité des travailleurs fait partie de nos valeurs. Dans tout ce qu’on conçoit, on a toujours en tête le point de vue des opérations. »

Le leader mondial dans la fabrication d’équipements de manutention, d’entreposage et d’outillage propose un éventail de solutions pensées pour accroître la sécurité en atelier. « Nos lève-roues à batterie peuvent effectuer jusqu’à 500 levages en une journée », indique M. Bourassa. « Les cages de gonflage de sécurité, obligatoires dans l’industrie du poids lourd, sont essentielles pour prévenir les accidents. Nous fabriquons aussi des gonfleurs automatiques. En programmant une pression, le technicien n’a plus besoin de demeurer à côté du pneu. En plus d’être sûres, ces innovations génèrent un gain en efficacité et en productivité », fait-il valoir.

Martins Industries a également développé des convoyeurs à pneus, qui facilitent leur transport vers la mezzanine pour l’entreposage, ainsi qu’un diable pouvant déplacer jusqu’à huit pneus en une seule fois, avec un minimum d’effort. « Ces équipements limitent les mouvements répétitifs et diminuent les risques de chute », spécifie M. Bourassa.

Un enjeu majeur reste la formation. Selon Mme Mallette, « celles liées à l’ergonomie sont fortement recommandées, mais ne sont pas requises conformément à la réglementation actuelle en santé-sécurité, contrairement à celles sur le Système d’information sur les matières dangereuses utilisées au travail (SIDMUT), le bruit et la surdité professionnelle, la conduite sécuritaire d’un chariot élévateur et le transport des matières dangereuses. »

« Malheureusement, certains gestionnaires ont tendance à faire le minimum et se limitent aux formations obligatoires », souligne Mme Mallette, invoquant la plupart du temps le manque de temps pour justifier leur décision, surtout lors des périodes très occupées. Pourtant, « la santé et la sécurité sont des valeurs ajoutées, car elles augmentent aussi l’attractivité, un plus dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre. » M. Bélisle perçoit, quant à lui, la formation comme un investissement qui, à terme, aide à réduire les absences et accroît la productivité.

Conseiller en santé-sécurité au travail depuis 42 ans, Auto Prévention propose gratuitement, à ses quelques 10 000 établissements membres répartis à travers la province, un éventail d’outils et de services. Le site Web de l’organisme à but non lucratif (www.autoprevention.org) héberge des trousses thématiques, notamment pour l’accueil des nouveaux employés, un centre de documentation, des webinaires, de même qu’une série de capsules informatives. Les formations, en ligne ou sur les lieux de travail, peuvent, de plus, être personnalisées en vue de répondre aux besoins spécifiques de l’entreprise. Les conseillers d’Auto Prévention n’hésitent pas à se déplacer pour rencontrer les gestionnaires afin d’élaborer un plan d’action.

Jean-François Bourassa, directeur de comptes pour le Canada chez Martins Industries.

La formation au service de la prévention

Le manque de formation est surtout problématique lorsqu’entrent en poste les travailleurs saisonniers. « Ils ont l’air de bien se débrouiller, mais on ne connaît pas nécessairement leur niveau d’expérience », insiste M. Bélisle. « Si on les laisse aller sans supervision, c’est là que les problèmes peuvent survenir. Il est donc primordial de les accueillir et de les accompagner. Les gestionnaires doivent s’assurer qu’ils maîtrisent et comprennent les bases du travail qui doit être accompli. Certains peuvent se mettre dans des situations à risque alors qu’ils ne veulent que montrer qu’ils sont performants », soutient le vice-président.

M. Bélisle relève au passage les lacunes quant aux formations sur tout ce qui a trait aux pneus. Mis à part le diplôme d’études professionnelles (DEP) en mécanique, qui leur consacre un module, seule la formation pour obtenir le statut d’homme de service, offerte par le centre de formation professionnelle de l’automobile (CFPA), aborde le sujet. Principalement axé sur la mécanique, le cursus de 450 heures inclut une portion dédiée « au remplacement de divers composants (pneus, batteries, accessoires, pièces de système d’échappement, etc.) et à divers autres travaux tels la réparation de pneus », peut-on lire sur leur site.

La clé pour réduire les risques d’accident réside dans l’implantation d’une culture de prévention partagée entre les gestionnaires et les travailleurs, martèle Mme Mallette. « La santé-sécurité, c’est l’affaire de tous. » Elle encourage la mise en place de « pep talk » quotidiens: « Cinq minutes pour rappeler un point de sécurité, c’est souvent suffisant pour éviter un accident. »

Par ailleurs, une nouvelle loi sur la santé-sécurité, qui entrera en vigueur en octobre prochain, imposera la création de comités dévoués à cette cause dans les entreprises de 20 employés et plus. Celles de 19 travailleurs et moins devront avoir un agent de liaison en santé et sécurité (ALSS). Cette mesure vise à mieux structurer la prévention en impliquant directement les gestionnaires dans le processus. « C’est une avancée majeure qui obligera les employeurs à prendre cet aspect au sérieux », affirme Mme Mallette.

Le bruit, trop souvent sous-estimé, constitue un autre facteur de risque pouvant entraîner des complications à long terme. « Pendant la saison des pneus, le niveau sonore est particulièrement élevé. C’est plus bruyant, plusieurs travailleurs s’affairent en même temps (dégonflage, vissage et dévissage de roues) », relate M. Bélisle. Lui-même victime d’acouphènes, il impose désormais le port de protections auditives à ses employés à titre préventif. Il conseille de « ne pas attendre de se retrouver dans cette situation-là pour commencer à sensibiliser son équipe. » À cette mesure s’ajoute le port de lunettes de protection. « Les projections de poussière et de débris lors du gonflage ou du démontage des pneus peuvent facilement causer des blessures aux yeux. Durant les périodes très achalandées, la protection visuelle s’avère encore plus importante », conclut M. Bélisle.

Employeurs et employés ont chacun leur part de responsabilités lorsqu’il est question de réduire les risques d’accident en milieu de travail. La sécurité dans les ateliers de pneus passe par une combinaison de prévention, de formation et d’équipement adapté. Les gestionnaires jouent un rôle crucial pour l’accueil, l’accompagnement et la sensibilisation de leurs équipes dans leurs tâches quotidiennes. Leur offrir des outils appropriés et instaurer une véritable culture de prévention en santé-sécurité est primordial. Car en fin de compte, mieux vaut prévenir que guérir.

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