Les limites n’existent pas chez les audacieux qui misent sur leur expérience, profitent des occasions et agissent rapidement.
À Surrey, Colombie-Britannique, les dirigeants du réseau OK Tires se rappelleront longtemps l’émoi causé en 2020 par le propriétaire de l’atelier rural de Sainte-Brigitte-des-Saults.
Membre de leur réseau depuis 2013, Martin Allard y aura fait sonner fort la cloche de celui qui, au Canada, a enregistré de façon historique la plus forte hausse des commandes en une même année.
Malgré la pandémie, une économie ankylosée et un marché primaire d’à peine quelques centaines de clients, il a en quelques mois très largement franchi le cap du million en se lançant tout de go dans le poids lourd.
Et cette spécialité toute nouvelle n’est que l’un des étonnants volets d’une diversification qui a des ramifications jusqu’à des secteurs commerciaux et industriels aussi pointus que surprenants.
« La pandémie aura été un moment de réflexion et de prise de décision. »
Le pouvoir de la curiosité
À 44 ans, il n’aura fallu à Martin Allard que 20 ans pour devenir, du Pacifique à l’Atlantique, l’un des détaillants de pneus les plus en vue et, qui plus est, de la catégorie verte campagne.
En son cas, il y a eu un avant tout aussi impressionnant qu’un après, tellement il ne correspond à aucun modèle type, sinon par son intérêt qu’on aurait cru enfantin pour les mécaniques pétaradantes.
Ce n’est donc pas son apprentissage acquis par le démontage de tondeuses, motoneiges et VTT qui l’a propulsé du garage parental vers l’univers qu’est devenu le sien propre.
Il fallait, semble-t-il, qu’il passe d’abord, après le Secondaire, par ces chas courants des milieux agricoles que sont la soudure, l’entretien de la machinerie, la gestion des récoltes et même la construction de bâtiments.
D’employé à employeur
Ce qu’il a appris par son passage comme employé chez Machinerie Lépine, Pommes de terre Cardinal et Bétons St-Pierre l’a enrichi de savoir et fait germer l’exceptionnel talent d’entrepreneur qu’il ignorait.
Mais ce qui l’attendait un matin où il a fait pour 20 $ le plein à la station d’essence du village combinée à un atelier de soudage, a eu l’effet d’une tentation à laquelle il a aussitôt succombé.
Comme on venait sur-le-champ d’y fermer boutique, il s’en est aussitôt porté acquéreur sans autre obligation que prendre le relais du propriétaire en continuant à en payer les mensualités, devenant du coup employeur.
« J’ai sauté sur l’occasion sans m’inquiéter du lieu où le cheval m’amènerait. »
Les règles de Martin
« Lorsque quelqu’un se présente pour être embauché, les mains sont la première chose dont je tiens compte. Si elles sont sales, mon verdict est immédiat. Pas question de l’engager, déclare Martin. »
Il sait qu’un atelier de mécanique n’est pas un bloc opératoire, mais l’un de ses grands principes est fondé sur le fait que plus on est brouillon dans sa tenue, plus il a de risques qu’on le soit aussi au travail.
Même approche quant à l’emploi de l’outillage. S’il n’est pas correctement rangé chaque fois qu’on l’utilise, il estime qu’il distrait l’esprit ; le cerveau s’y retrouve moins bien et la pensée en souffre, dit-il.
C’est d’ailleurs dans cette optique qu’il a préféré miser dès le premier jour sur des candidats prêts à être formés par lui, au même titre qu’il a fait ses classes de mécanique auprès d’excellents professionnels.
Méthode et raisonnement
En ce sens, le Garage Martin Allard est ce centre de perfectionnement permanent que devrait être tout atelier où on a le souci, dans l’accomplissement des tâches, de partager à tous le savoir de chacun.
Doué pour l’enseignement basé sur le savoir de l’expérience, Martin n’aurait pas dédaigné y mettre du sien auprès des élèves de Mécanique, mais il soutient que c’est au travail que ça se joue.
Passionné par les défis que soulèvent les troubles majeurs, il s’y attarde aussi bien seul qu’en mettant à contribution l’équipe, puisque l’apport de 3 ou 4 têtes multiplie les chances de les solutionner.
Lorsque ni l’équipement d’avant-garde ni le flux d’informations en ligne ne suffisent à mettre le doigt sur la nature du problème, même s’il est fort bien équipé, il y arrive à tout coup par le raisonnement.
Il souligne cependant que, malgré ses analyseurs dernier cri et ses abonnements aux services de soutien technique généraux ou spécifiques, et de certains constructeurs, l’oscilloscope a toujours sa place.
« Ce qu’on n’apprend pas par l’intelligence, on l’apprend par la souffrance » est le dicton de Martin.
Connaissances et polyvalence
Comme il ratisse très large par une offre de service s’étendant aux poids lourds, aux camions spécialisés, à la machinerie lourde et aux véhicules miniers, les connaissances comptent énormément.
Très rares sont, comme la sienne, les équipes ayant la capacité d’entretenir et de réparer d’urgence le matériel spécialisé exigeant des compétences en hydraulique, soudure et électronique.
À preuve, l’achat en 2015 d’un atelier situé à Bowmanville — à 606 kilomètres de chez lui — afin de répondre à la suite d’une grêle au besoin d’un réputé client spécialisé en élagage, émondage et essouchage.
Objectif Nord
Ainsi, à partir du 2 mai 2002, prenait graduellement forme de l’atelier d’aujourd’hui qui, après deux agrandissements, en comptera bientôt un troisième de 6500 pieds carrés pour y entreposer les stocks de pneus.
En deux décennies, Martin l’aura de prime abord converti en atelier de mécanique et commerce de petits moteurs de marques connues, tout en se faisant former par des techniciens hors pair.
En 2013, il optait pour la franchise OK Pneus, abandonnait la vente de l’essence en 2015, et offre depuis 2018 l’installation de filtres CAF destinés aux cabines à pression positive des machineries réglementées par la CNESST.
Brillamment soutenu par Mélanie Bédard, sa femme depuis 20 ans, Martin Allard a maintenant pour objectif de conquérir le Nord par ses services spécialisés en équipement minier.
Ce n’est qu’au début de 2020 que Martin Allard s’est lancé dans le pneu de camion. Depuis, des dizaines d’entreprises du Centre-du-Québec et de sa périphérie recherchent ses services, qui seront incessamment accrus.