Un groupe d’universitaires anglais a mis au point un appareil qui collecte la poussière engendrée par l’usure des pneus.
Sous l’appellation The Tyre Collective, les quatre étudiants derrière le projet ont unis leurs efforts pour trouver une solution à ce qui sera la principale source polluante du secteur automobile une fois que tout le parc roulera à l’électricité. Le problème est exacerbé par le fait que la lourdeur supplémentaire occasionnée par les batteries des voitures électriques contribue à une usure plus rapide des pneus.
Hugo Richardson, Siobhan Anderson, Deepak Mallya et Hanson Cheng ont construit ce projet dans le cadre de leurs études en Design industriel innovant à l’Imperial College de Londres et au Royal College of Art. Ils ont développé une approche interdisciplinaire pour aider les gestionnaires de parc et les constructeurs automobiles à atteindre un objectif d’émission zéro pour leurs véhicules.
Un enjeu environnemental
L’appareil utilise l’électrostatique et le mouvement de l’air autour du pneu en opération pour capter les particules de caoutchouc. Ces dernières peuvent être récupérées et réutilisées, notamment dans la fabrication de nouveaux pneus.
Selon l’équipe, l’idée émane du constat que 500 000 tonnes de ces particules sont produites en Europe chaque année, flottent dans l’air des villes et finissent par s’écouler dans les cours d’eau et les océans. En juillet dernier le gouvernement anglais a soulevé cette problématique et a invité les chercheurs à proposer des solutions. D’où le Tyre Collective.
Son fonctionnement
Les chercheurs ont constaté que les particules d’usure des pneus étaient chargées positivement, à cause de la friction avec la chaussée. En disposant des plaques chargées négativement tout juste derrière les pneus, proche du sol, le prototype de l’appareil réussit à récolter 60 % des particules émises lors du roulement. L’appareil ne demande que peu d’énergie et peut être alimenté par l’alternateur du véhicule. Il est arrimé de telle façon qu’il suit le mouvement des roues directionnelles et peut être adapté à divers types de véhicule.
Les particules capturées s’accumulent dans des cartouches qui peuvent être vidées lors des entretiens ou du remplacement des pneus. Une fois raffinées, les particules peuvent être utilisées à plusieurs fins, que ce soit dans la fabrication de nouveaux pneus, de matière première pour l’impression 3D ou pour fabriquer des colorants.
Pour mettre leur théorie à l’épreuve, le quatuor de chercheurs a construit un prototype avec une roue de bicyclette en contact avec une surface asphaltée. En parallèle, des prélèvements ont été effectués dans les rues de Londres et une analyse de l’usure des pneus des autobus urbains a démontré qu’un seul de ces véhicules produit l’équivalent d’un pamplemousse de particules d’usure de pneus chaque jour.
Ce principe de captation à la source a été soumis à une demande de brevet. De plus, selon les concepteurs, les données tirées de la mesure de l’usure seront des informations précieuses pour les fabricants de pneus et les constructeurs automobiles.
La commercialisation
Le Tyre Collective veut évidemment commercialiser son appareil, mais aussi les données qu’il permet de récolter. Le groupe négocie présentement un partenariat de développement avec un grand constructeur automobile. Deux fabricants de pneus seraient aussi en pourparlers pour s’associer dans le volet recherche.
Pour accélérer la mise en marché, le Tyre Collective veut aussi produire à petite échelle ses appareils de captation pour les mettre à l’épreuve sur de vraies voitures, dans des conditions normales d’utilisation. Un projet pilote pourrait être mis en branle avec la Société de Transport de Londres pour l’aider à atteindre son objectif de zéro émission en 2030.