L’intelligence artificielle, disent les experts, va contribuer à changer la façon dont les gestionnaires de flotte exercent leurs activités au quotidien. Mais du même souffle, on comprend qu’une majorité de gestionnaires ignorent l’ampleur des possibilités et des changements annoncés par l’arrivée de l’IA.
« En matière de gestion du changement, notre plus grand défi est d’aider l’industrie des flottes à comprendre ce qui existe et ce qui s’en vient en matière d’intelligence artificielle. Nous en sommes encore à la phase de sensibilisation, mais c’est le cas pour toutes les autres industries qui cherchent à adopter l’IA », souligne Amir Sayegh, vice-président associé, chez Geotab.
Le défi de nombreux gestionnaires, devant l’abondance des informations disponibles et les possibilités offertes par l’IA, est de comprendre comment en dégager une signification utile à la prise de décision, notamment en matière d’entretien.
« La plus grosse erreur serait de ne pas s’intéresser à ce que peut faire l’intelligence artificielle pour sa gestion », soutient François-Alexandre Tremblay, expert en IA chez Baseline. Il faut comprendre l’utilité des données qui sont générées aujourd’hui et savoir analyser ces flux d’informations ; ultimement, elles vont contribuer à optimiser la performance des parcs, à réduire leur consommation énergétique et leur empreinte carbone. » La réduction des pannes par carence d’entretien est aussi un facteur qui peut être considéré.
Une relation à développer
Même si les gestionnaires n’ont pas besoin de comprendre dans le détail comment fonctionnent l’intelligence artificielle ou les lignes de code, ils doivent quand même se familiariser avec les solutions existantes ou potentielles qui peuvent contribuer à augmenter leur performance.
« Idéalement, les gestionnaires et les spécialistes en IA travaillent conjointement pour arriver rapidement à la meilleure solution ; ensemble, on dégage les théories les plus intéressantes pour ensuite utiliser des bases de modèles génériques existants pour tester les hypothèses », explique Guillaume Poudrier, président de Géothentic.
Les experts demeurent conscients que leurs systèmes sont imparfaits et peuvent commettre des erreurs. C’est pour cette raison que Geotab mise sur la transparence et tient à démontrer à sa clientèle la logique utilisée par l’IA pour mettre un système en action.
« Nous gardons l’humain dans la boucle, donc au lieu de parler d’intelligence artificielle, nous parlons d’intelligence augmentée : nous aidons les gestionnaires de flotte à être plus performants, mais ce sont eux qui demeurent les experts en la matière et qui, devant certaines données, ont l’expérience nécessaire pour juger de leur pertinence », précise Amir Sayegh.
L’IA générative pour trouver l’aiguille dans la botte de foin
L’IA générative, c’est l’intelligence artificielle à la portée de tous. Les applications telles que ChatGPT ou autres permettent à n’importe qui de créer des contenus inédits de façon autonome à partir de simples requêtes.
« Avec l’IA générative, la gestion du changement devient moins nécessaire, explique Amir Sayegh. En tant que gestionnaire de flotte, vous n’avez qu’à poser vos questions en langage naturel : cela permet non seulement d’être plus productif, mais aussi d’obtenir des informations qui étaient impossibles à dénicher avant. On peut désormais trouver l’aiguille dans la botte de foin ! »
Les possibilités de questions à poser sont infinies, notamment en matière d’entretien, assurent les experts. Par exemple :
- Quels sont les véhicules qui consomment trop de carburant ?
- Quels véhicules consomment trop de carburant en raison d’un mauvais comportement au volant ?
- Quels sont les véhicules non sécuritaires ?
- Quels sont les véhicules non sécuritaires, le mardi ?
« Les possibilités sont illimitées parce que l’IA générative prend votre question, la code et envoie ce code à la base de données. C’est comme avoir un analyste de données à vos côtés qui a une patience et un temps infinis pour répondre à toutes vos questions », conclut Amir Sayegh. »
Trois tendances lourdes
En matière de gestion de flotte et d’intelligence artificielle, François-Alexandre Tremblay identifie au moins trois grandes tendances qui changeront la façon de gérer un parc de véhicule :
- D’ici 5 ans, peut-être 10 ans, nous aurons probablement des véhicules autonomes ou semi-autonomes sur nos routes; ces avancées vont entraîner une foule de nouveaux enjeux en matière de recrutement, de convention collective et de responsabilité légale ;
- Il est encore difficile aujourd’hui de déterminer le moment idéal pour renouveler un véhicule ou comment maximiser sa durée de vie utile ; d’ici quelques années, l’IA sera en mesure d’aider les gestionnaires à déterminer la durée de vie utile restante de leurs véhicules en identifiant les facteurs qui vont influencer la dégradation d’un véhicule ;
- La vie d’un gestionnaire de parc de véhicules est ponctuée d’une foule d’activités secondaires telles que la gestion de la paperasse, l’entrée de factures ou la préparation de bons de commande. Bientôt, avec l’IA, toutes ces tâches administratives connexes seront automatisées.