Lors d’un webinaire le 22 février, des gestionnaires d’importants parcs véhiculaires américains ont témoigné de leurs stratégies de décarbonation.
C’est sous l’égide de l’organisme State of Sustainable Fleets que cette rencontre virtuelle a eu lieu. Elle réunissait Nate Springer de l’organisme hôte, Charlotte Argue de GeoTab, Philip Saunders, gestionnaire du parc de la ville de Seattle et Emily Conway, gestionnaire du parc de PepsiCo, second en importance en Amérique.
Deux thèmes sont revenus régulièrement dans cette conversation. Le premier, qu’il est impossible de planifier et déployer un virage vert dans un parc sans avoir accès à des données précises sur l’utilisation des véhicules et leur coût total de propriété (TCO). L’autre est le fait que ce virage vert est à géométrie variable, il ne peut simplement se réaliser en convertissant l’ensemble du parc à l’électricité.
« Nous menons de front plusieurs initiatives, explique Mme Conway de PepsiCo. Nous avons des véhicules électriques, certes, mais aussi des camions plus lourds alimentés au gaz naturel ou au diésel renouvelable, là où ce carburant est disponible. Nous analysons notre parc de façon stratégique, mesurant chaque contrainte. Le travail de déploiement des solutions se fait aussi avec les constructeurs automobiles. Puisque notre politique de transport sans émissions se fait dans le court, moyen et long terme, il faut savoir par exemple qu’elle sera l’autonomie des véhicules en développement. »
La taille optimale
Saunders de Seattle est en charge des véhicules municipaux qui se déclinent en 4100 unités de toutes tailles. « Nous voulons réduire de moitié les émissions polluantes d’ici 2025. Nous comptons aujourd’hui 12 % de véhicules électriques dans notre parc, dont des Nissan Leaf 2001 qui s’avèrent encore aujourd’hui fiables et économiques en coûts totaux d’opération. »
Comme il l’explique, la municipalité doit remplacer des véhicules chaque année et il regarde toujours si un équivalent électrique est disponible. Son analyse va plus loin. « Les outils télématiques nous indiquent les utilisations réelles. Cela nous a permis d’éliminer plusieurs véhicules sous-utilisés ou de les attribuer autrement. Ces données nous ont aussi permis de réaliser qu’il nous était possible de nous départir de nos VUS Escape à carburant fossile au profit de compactes Bold électriques, sans réduction dans la prestation de nos services et plaintes de nos utilisateurs. »
Une question d’argent
Le facteur économique demeure central dans ces discussions. Ainsi, incluant les frais d’acquisition, l’installation d’infrastructures de recharge et les coûts de formation pour les utilisateurs et les mécaniciens chargés de leur entretien, Mme Conway estime que la solution électrique, lorsqu’appliquée stratégiquement, entraîne des économies.
« La meilleure formule demeure d’éliminer tout ce qui n’est pas efficace, enchaîne Mme Argue de la firme GeoTab. Il faut optimiser le parc dès le départ. Un client a ainsi réalisé récemment qu’il lui était possible de faire le même travail avec trois camions au lieu de cinq, simplement en redessinant les parcours de livraison. Ensuite, le virage vert doit reposer sur les données, mais aussi sur les comparatifs de véhicules équivalents en version électrique ou au gaz naturel pour mesurer les coûts réels d’opération de chaque option. »
La discussion a aussi abordé l’adhésion de tous les membres de l’équipe dans une politique de décarbornation des parcs. « Nous avons les chiffres détaillés de l’utilisation de tous nos véhicules grâce à la télématique, illustre M. Saudners. Ça nous permet de changer les comportements. Ça ne sert à rien si l’utilisateur ne branche pas sa voiture hybride et préfère rouler avec le moteur à essence. »