Une table ronde virtuelle d’experts américains en gestion de parc réuni par l’Université de Caroline du Nord le 27 mai a tracé bon nombre de pistes de réflexion pour les gestionnaires d’ici.
Cette rencontre virtuelle, organisée en partenariat avec la NAFA, portait sur l’analyse de la taille des parcs et le bon choix des types de véhicules qui les composent.
Réunis pour l’occasion, Ron Hall, de la firme CST, Robert Horton, gestionnaire de parc pour la ville d’Atlanta, Kathy Wellik, occupant les mêmes fonctions pour l’Université de l’État de l’Iowa et David Dunn, gestionnaire de parc à Orlando en Floride, ont parlé de leurs expériences respectives.
Ouvrant le bal Ron Hall a expliqué que la pandémie de COVID-19 a mis particulièrement en lumière l’importance de revoir la dimension des parcs.
« Tout commence par une comparaison entre les besoins et l’offre du parc, explique-t-il. Les budgets sont plus serrés et les utilisations ont évolué. Je vois encore des parcs de 800 véhicules qui n’ont accès qu’à deux baies de service pour leur entretien. Même chose pour les véhicules électriques pour lesquels il faut prévoir suffisamment de bornes de recharge. »
Une vue d’ensemble
Cet expert revient sur l’importance d’avoir une vue d’ensemble sur le coût total de la gestion du parc, avec des données sur chaque véhicule.
Cela permet d’évaluer son coût d’achat, d’entretien et son utilisation. Il insiste aussi sur une grille de remplacement réaliste basée sur le vieillissement des véhicules et leurs coûts d’entretien.
« Le travail doit se faire avec les divers départements de l’entreprise ou de l’organisation, souligne-t-il. Il y a peut-être des véhicules qu’on peut remplacer sans toucher à la mission de l’entreprise. On verra aussi s’il est possible de partager entre départements les véhicules moins utilisés, notamment par un système de réservation qui vous donnera aussi des données précieuses sur les utilisations. Bien mesurer le parc peut représenter des économies de 8 à 20 % pour une entreprise. »
Étonnamment, dans certains des cas sur lesquels il a travaillé, M. Hall a recommandé à ses clients l’acquisition de véhicules supplémentaires. L’entreprise payait pour le kilométrage des véhicules privés utilisés par leurs employés et au bout du compte, il était plus économique d’ajouter quelques voitures corporatives au parc.
Réduction de cylindrée
Robert Horton, directeur du parc pour la ville d’Atlanta gère les allées et venues de 1385 véhicules de toutes les tailles répartis sur 30 sites. Cela va de la voiture compacte aux immenses camions pompes, en passant par toute la famille des camionnettes.
« Ma première stratégie est de toujours me demander si nous pouvons utiliser un véhicule plus petit ou plus économique. Nous suivons tous le matériel roulant pour mesurer ce qui est peu ou trop utilisé. Cela nous a permis d’éliminer dix voitures de parc au cours de la dernière année et de les remplacer par trois voitures électriques. »
La stratégie de M. Horton va plus loin. Par exemple, il élimine graduellement les grosses camionnettes 4X4 qui servent en milieu urbain pour des modèles à propulsion.
Si possible, il en profitera pour faire passer ces véhicules de moteurs à huit cylindres vers des versions plus économiques à six cylindres. Aux premiers abords réticents à ces changements, la direction s’est ralliée à son approche quand on lui a présenté les économies engendrées.
« Il faut aussi implanter un changement de mentalité, reprend M. Horton. Il faut convaincre la direction, mais aussi les utilisateurs. Nous avons aussi implanté un système informatisé de partage accessible 24 heures par jour. Ceci nous permet de mesurer les tâches et les déplacements avec précision. Ça nous permet d’ajuster le parc selon la fréquence où un type de véhicule est en forte demande, mais inaccessible. »
L’appui de la télématique
L’implantation d’un système de télématique a fait passer de 50 à 80 % l’utilisation des véhicules qui sillonnent le campus de l’Université de l’État de l’Iowa.
« Nous nous sommes associés à un partenaire technologique, explique Kathy Wellik qui veille sur le parc de cette institution d’enseignement. La mise en place d’un service de partage pour certains véhicules, combinée à la télématique, nous permet de suivre les utilisations et prévoir les besoins.
« Nous avons impliqué les divers départements lors des décisions d’acquisition. Nous avons constaté qu’un utilisateur qui a un véhicule qui correspond bien à ses besoins en fera plus attention. »
Elle a aussi réalisé que la pandémie de COVID-19 a changé la nature de la demande.
« Ce serait une erreur de remplacer un véhicule en fin de vie par le même modèle sans se questionner sur son utilisation. Nous avons ainsi remarqué que le service de courrier utilisait des camions cubes sur le campus alors qu’une fourgonnette remplit 99 % des besoins.
« Nous conservons un ou deux plus gros camions qui sont disponibles au besoin, en service de partage, sous réservation. Chose certaine, le personnel qui fait la distribution du courrier apprécie grandement l’utilisation d’un camion plus petit pour circuler sur le campus. »
Penser petit
Mme Willik a aussi remplacé plusieurs grosses navettes de 15 places pour de petits VUS.
« Personne ne se plaint du changement, les besoins de déplacement sont satisfaits et nous engendrons des économies à l’achat et sur l’entretien. »
David Dunn de la ville d’Orlando en Floride n’a pas hésité à faire appel à une firme spécialisée pour le guider dans sa gestion de cet imposant parc de 4000 véhicules, dont 1000 autopatrouilles.
« Parfois, quand l’analyse et les recommandations viennent d’un tiers parti elles sont plus facilement acceptées par la direction. Ces études viennent appuyer mes propres analyses des données d’utilisation de chaque véhicule du parc. Il est intéressant aussi de pouvoir avoir accès à des tableaux comparatifs avec d’autres parcs véhiculaires de villes américaines de notre dimension. »
Électricité et hydrogène
Cela le guide en effet dans le virage vert qu’il effectue présentement afin de faire diminuer la facture d’un million de dollars en carburant que cette ville doit assumer annuellement.
« Sachant la mission de chaque véhicule nous commençons la transition vers l’électrique et gardons même un œil sur l’hydrogène. Mais ce changement se fait toujours par la consultation et l’information des utilisateurs. »
En fait, avant de remplacer un véhicule, il envoie aux utilisateurs un sondage opérateur, pour en préciser l’utilisation et voir si des solutions innovantes ne viendraient pas de ceux qui se servent de ces véhicules quotidiennement.
Un des éléments intéressants de la démarche de ce gestionnaire est qu’il a trouvé, au sein de son parc, une série de véhicules et d’équipements lourds qui dormaient plus d’un an dans les garages municipaux simplement au cas où l’on en aurait besoin un jour.
« Nous nous sommes débarrassés de certains équipements lourds, que nous pouvons louer lorsque nous en avons réellement besoin. »
Ici aussi, le mot d’ordre est d’aller vers le plus petit et le plus économique. À cette échelle, cette approche a un impact majeur sur les budgets d’exploitation.