Pour les gestionnaires de parc optant pour un virage vert, la question de la fin de vie des batteries des véhicules se pose.
Les véhicules électriques font leur place sur le marché et la multiplication des modèles commerciaux attire les administrateurs de parc.
L’équilibre entre le coût de revient et les économies découlant de ce choix pointe à l’horizon. Mais, si verte soit cette solution, les observateurs se questionnent sur ce qu’il advient des batteries lithium-ion en fin de vie.
Cette solution est-elle verte tout au long de la vie utile du véhicule ?
Un marché dans l’usagé
D’entrée jeu soulignons que de longue date le Québec a mis en place une filière qui permet de remettre en marché les batteries de véhicules accidentés.
Il s’agit, pour les recycleurs déjà actifs dans la récupération et la remise en marché de pièces de mécanique et de carrosserie du prolongement de leurs activités.
Ces batteries d’origine, mais usagées, ont une bonne valeur de revente et trouvent preneurs comme pièces de remplacement plus abordables quand le bris ou la fatigue demande le changement de la batterie d’une voiture ou d’un camion encore en mesure de prendre la route.
« Depuis 2006 nous offrons de la formation aux recycleurs pour traiter ces batteries, explique Simon Matte, président directeur général de l’Association des Reclycleurs de pièce d’autos et de camions (ARPAC).
« Leur remise en marché permet de prolonger la vie des véhicules. Cela évite l’achat d’un nouveau véhicule, c’est plus économique et écologique. »
Un cadre législatif
La Commission européenne a adopté un cadre juridique obligeant les constructeurs de véhicules électriques à n’utiliser, à partir de 2024, que des batteries dont on peut établir l’empreinte écologique, et qu’on pourra ensuite recycler.
La prochaine phase réglementaire obligerait un certain pourcentage de matériaux recyclés dans la fabrication de véhicules neufs, incluant la batterie. Ce n’est pas encore le cas sur notre marché.
Il existe une solution ici pour ces batteries, qui même si leur longévité est remarquable, vont finir par rendre l’âme.
La firme Recyclage Lithion, a une usine pilote à Anjou où elle valide une technologie de recyclage des batteries lithium-ion de toutes tailles, allant du téléphone cellulaire au batteries pour voitures et camions.
Boucler la boucle
« Je veux tout de suite rassurer les gestionnaires de parc qui envisagent l’acquisition de véhicules électriques en leur disant qu’ils prennent une bonne décision écologique », lance Jean-Christophe Lambert, directeur du développement des affaires chez Lithion.
« L’aboutissement d’une réflexion vers le choix électrique doit prendre tous les éléments en considération, notamment le volet économique. Les gestionnaires de parc sont sensibles à l’impact environnemental qu’auront ces batteries en fin de vie. Et à ce chapitre, le Québec est très bien positionné. »
L’entreprise québécoise compte lancer la construction d’une première usine commerciale au Québec en 2023.
Elle valide en ce moment sa technologie hydrométallurgique permettant de retirer des batteries 95 % de ses composantes par un processus très écologique. Ces matières premières peuvent ensuite entrer dans la fabrication de nouvelles batteries.
Hyundai dit oui
La démarche est appuyée par le gouvernement du Québec, mais aussi par l’industrie.
Plusieurs constructeurs majeurs sont intéressés par cette technologie et au-delà des simples discussions Hyundai Canada passait une entente en mars dernier avec Recyclage Lithion pour le recyclage des batteries de ses véhicules électriques et hybrides.
« Le développement des véhicules électriques est l’une de nos priorités depuis de nombreuses années. Hyundai est devenue aujourd’hui le plus important distributeur de véhicules électriques grand public au Canada, et nous en sommes très fiers », a affirmé Michel Poirier, directeur de l’expérience client et du service après-vente chez Hyundai Auto Canada dans un communiqué de presse lors de cette annonce.
« Par conséquent, nous devons être proactifs et développer un modèle d’élimination durable de ces batteries en fin de vie. »
S’approcher des marchés
Le plan de développement commercial de Lithion est de se servir du Québec comme vitrine de sa technologie.
Une usine au Québec pourrait être suivie d’ententes avec des opérateurs indépendants ailleurs en Amérique du Nord, voire outre-mer.
« Le facteur de transport est névralgique quand on parle de batteries à recycler, ne serait-ce que par le poids, reprend M. Lambert. Il faut être près des marchés. Travailler par la suite avec des opérateurs sous licence atteindrait cet objectif. »