COVID ou non, les constructeurs automobiles gardent le cap sur l’électrification de leur offre de véhicules.
Lors du forum sur l’électrification FOCUS 2020, qui s’est déroulé sur une plateforme virtuelle du 18 au 20 novembre, les représentants de Honda, Huyndai et des fournisseurs Schaeffler et Faurecia ont tracé un portrait de la situation mondiale du déploiement de véhicules sans émissions.
Ryan Harty, à la tête du département de la connectivité et de l’énergie chez American Honda Motor Company a ouvert le bal en précisant que le constructeur qu’il représente a pour objectif de ne livrer, à partir de 2050, uniquement que des véhicules sans émissions. « Nous travaillons à faire évoluer notre offre des véhicules hybrides vers le véhicule entièrement électrique avec un œil sur les piles à combustible à hydrogène. Pour le tout électrique, nous oeuvrons en collaboration avec General Motors et des fournisseurs étrangers pour les batteries. La pandémie n’affecte en rien le déploiement de nos véhicules à énergie verte; nous venons par exemple tout juste me mettre en marché le populaire CR V en version hybride. »
Avec son regard mondial sur le marché, Huyndai pour sa part, dit suivre la demande. « Nous introduisons constamment nos nouvelles technologiques sur les marchés réceptifs de par le monde, explique Gil Castillo, directeur principal pour la division de la stratégie sur les véhicules de pointe chez Huyndai Motor Company. Nous envisageons qu’en 2030, 30 % du parc automobile mondial sera électrique. Mais les marchés ne progressent pas à la même vitesse. Présentement, en Norvège, 48 % des véhicules légers sont électriques, mais moins de 1 % en Grèce. »
Un marché favorable
Vouloir multiplier l’offre électrique et hybride est une chose. Trouver des consommateurs pour y adhérer en est une autre. « Le succès se base sur l’écoute des besoins des consommateurs, incluant les parcs commerciaux, souligne M. Harty de Honda. Il faut offrir les bons produits aux bons endroits. Ce qui sera déterminant pour la suite des choses sera l’encadrement. » Il faut, selon ces experts, une réglementation gouvernementale qui favorise l’électrique, voire des incitatifs pour les consommateurs et les gestionnaires de parc. Et une infrastructure de recharge en mesure de suivre et même de mousser la demande.
Pour les fournisseurs tels de Shaeffler et Faurecia, le travail de collaboration est essentiel. Il existe en effet une grande proximité d’affaires entre ces joueurs qui accompagnent les constructeurs à chaque étape de leur développement de nouveaux véhicules. Si les constructeurs aiment contrôler toute leur chaîne de recherche et de développement, la réalité d’aujourd’hui est qu’ils ont besoin de fournisseurs spécialisés pour leur faire sauter des étapes.
Camions lourds à hydrogène
L’hydrogène est aussi une technologie propre dans la mire des constructeurs. Ces derniers indiquent que l’utilisation sur des véhicules commerciaux serait la porte d’entrée logique. Développant, pour une masse équivalente, plus d’énergie que des batteries, le système peut être rechargé plus rapidement.
Pour Huyndai, cette voie est au cœur de ses recherches et débouchent déjà sur des mises en service de camions cargo fonctionnant avec une pile à combustible à hydrogène. « La Corée veut être un leader dans cette technologie, a expliqué Gil Castillo. Nous n’avons pas de ressources en carburant fossile et notre gouvernement veut que toute la grappe industrielle liée à l’hydrogène progresse ensemble. »
En octobre dernier, Huyndai livrait les premiers des 50 camions cargo Xcient à hydrogène réservés par des clients suisses, notamment de la chaîne de supermarchés Migros, développés en partenariat. Si les analystes prédisent que la technologie de l’hydrogène sera aussi abordable que son équivalent diésel d’ici 2030, son coût est encore nettement plus élevé en ce moment. Pour conclure l’entente avec les Suisses, le constructeur coréen a proposé une formule de paiement à l’utilisation.
Le projet a été mené en collaboration avec ces partenaires commerciaux pour établir les itinéraires optimums, mais aussi pour mettre en place les stations de remplissage nécessaires. Après la Suisse, Huyndai veut implanter cette technologie dans d’autres petits pays européens avant d’aborder le géant américain.
L’hydrogène pour tous
« On peut aussi penser au potentiel de l’hydrogène sur des marchés grand public, souligne pour sa part Ryan Harty de Honda, que cette solution pourra être intéressante pour les véhicules légers. La production d’électricité, en période de faible demande, est pour ainsi dire gaspillée. Elle pourrait être convertie et stockée sous forme d’hydrogène. Ce serait une solution logique dans les grands centres où les unités d’habitation ne permettent pas les bornes de recharge électrique. Ce serait une solution complémentaire qui va dans la même direction d’un carburant propre. »