Alors que les activités économiques reprennent un rythme plus normal, les gestionnaires de parcs sont confrontés à une nouvelle réalité et pourraient changer leurs façons de faire.
Mais, somme toute, les nouvelles sont positives. « Les usines ont repris la construction de véhicules et nous ont envoyé les dates de fabrication des unités que nous avons commandées, souligne Simon Therrien, ingénieur mécanique, spécialiste de parc automobile chez Bell Canada. La cadence de production semble bonne et les délais de livraison sont semblables à ceux d’avant la crise. »
Selon cet expert, certains clients ont possiblement laissé tomber leurs commandes, ce qui a accéléré la livraison pour les autres. Pour son entreprise, cela signifie la possibilité de retirer graduellement les véhicules plus âgés qui, par la force des choses, étaient encore utilisés.
Du mouvement
Dans une autre perspective, on signale aussi que la forte croissance de la demande pour les véhicules de livraison en cette période où les consommateurs ont opté en grand nombre pour les achats en ligne et la livraison à la maison a été absorbée en partie par les véhicules rendus disponibles par l’annulation des grands événements estivaux.
Alain Lahaie, directeur de l’entretien de la flotte chez Keolis est aux premières loges pour témoigner de la vitesse variable à laquelle la nouvelle réalité fait son apparition dans son secteur.
Son entreprise s’occupe de transport scolaire sur la couronne nord de Montréal, de transport urbain dans certaines villes de la région métropolitaine et de transport interurbain par le réseau des autobus Orléans Express.
Maintien des services
« Nous avons continué à offrir les services de transports municipaux auprès de nos clients à environ un niveau de 80 % puisqu’il s’agissait d’un service jugé essentiel. Évidemment, les autobus ont roulé presque vides ou complètement vides, explique M. Lahaie.
En ce qui concerne le transport scolaire, toutes les activités sont remises à l’automne dans notre région, sauf pour une école. Six autobus sont en opération. Et pour le transport interurbain, les services sont temporairement suspendus. »
Dans ce dernier cas, M. Lahaie souligne que la reprise devra se faire sans contraintes de distanciation puisque pour être rentable, le réseau doit opérer avec des autobus pleins.
« La livraison des nouvelles unités commandées a été retardée. En l’occurrence, nous n’en avons pas besoin pour le moment et avons connu une baisse de nos revenus. Mais nous sommes dans l’obligation de veiller au remplacement des véhicules plus âgés, ce que nous avons reporté à l’an prochain puisqu’il y un retard d’environ huit mois sur les livraisons. »
De la flexibilité
Les gestionnaires de parcs ont dû faire preuve d’une grande flexibilité pour livrer leurs biens et services durant cette période de turbulences, tout en s’assurant de la sécurité de leurs équipes. Généralement, leurs activités auraient repris dans une proportion de 75 à 80 %.
Le travail des représentants dans certains secteurs, comme ceux de la santé par exemple, est encore entravé puisque les accès y sont encore limités. Mais en général, après avoir adapté les véhicules pour respecter les normes sanitaires, le travail reprend graduellement.
Certains enjeux de disponibilité d’équipements mobiles se sont présentés notamment auprès des services essentiels tels que les télécommunications ou la construction dont les parcs sont principalement composés de véhicules de services avec des aménagements spécifiques et spécialisés.
Les gestionnaires de parcs risquent de tirer certaines conclusions à moyen ou long terme de cette crise imprévue.
Des remises en question
Ils auraient réalisé qu’ils devaient opter pour une approche plus flexible dans la gestion de leur parc.
Par exemple, certains ont décloisonné leurs services, permettant aux véhicules d’usage général non utilisés dans un département de leur entreprise d’être utilisés par d’autres équipes en ayant besoin. C’est d’ailleurs une stratégie qui pourrait être envisagée hors de périodes de crise.
Un effet positif de cette pandémie, toutefois, aura été la chute des prix du carburant. Un phénomène temporaire qui a donné quand même un peu d’oxygène aux gestionnaires de parc durant une période où le manque de liquidité s’est fait sentir.