Bien que les Canadiens soient plus conscients des dangers de la distraction au volant, leur comportement se détériore.
Les résultats du dernier sondage national réalisé par Desjardins plus tôt cette année démontrent que 53 % des Canadiens admettent avoir été distraits au volant par leur téléphone cellulaire au moins une fois — une augmentation, comparativement à 38 % en 2018. En d’autres termes, malgré l’augmentation des amendes, des points d’inaptitude et des efforts des policiers pour surmonter ce problème, la distraction au volant s’intensifie.
« Nous constatons une diminution générale pour tous les types d’accidents mortels », affirme Robyn Robertson, présidente et cheffe de la direction de la Fondation de recherches sur les blessures de la route (FRBR). « Ce n’est toutefois pas le cas de la distraction au volant pour laquelle nous observons une augmentation. »
Il y a dix ans, ajoute la présidente, les conducteurs distraits étaient responsables d’environ 16 % des accidents alors qu’aujourd’hui ils le sont pour 25 % des accidents mortels. Ainsi, un accident mortel sur quatre est maintenant attribuable à la distraction.
La distraction ne se limite pas à l’utilisation du téléphone
Bien que l’utilisation du téléphone soit en grande partie responsable du problème, notre interlocutrice explique que la distraction ne se limite pas au cellulaire. En réalité, elle concerne toutes les tâches manuelles, auditives ou cognitives qui détournent votre regard ou votre attention de la route ou éloignent vos mains du volant. »
Les conducteurs de parcs par exemple, peuvent être distraits par les dispositifs de navigation ou le fait de communiquer avec le bureau ou les clients, de manger, de boire, de consulter les commandes, de répondre à des demandes, etc.
Une pensée illusoire
Presque tout le monde reconnaît la problématique de la distraction au volant, mais très peu se sentent concernés. En fait, selon Mme Robertson, la plupart des conducteurs se croient supérieurs à la moyenne.
« Lorsque nous évitons un accident de justesse, dit-elle, nous croyons souvent que l’autre automobiliste est en faute, ce qui renforce notre perception d’être un conducteur au-dessus de la moyenne. En réalité, ce n’est peut-être pas notre habileté, mais celle d’une autre personne qui nous a permis d’éviter une collision. »
Notre interlocutrice explique que le temps de perception et de réaction d’une personne dans la force de l’âge est d’une seconde et demie, soit trois quarts de seconde pour que le cerveau reconnaisse ce que voit le conducteur et trois quarts de seconde pour qu’il commande à l’organisme de réagir.
« Ainsi, vos compétences en matière de conduite importent peu lorsque l’on parle de distraction », ajoute Mme Robertson. Si vous ne prêtez pas attention à ce qui se passe sur la route, vous manquerez quelque chose. La plupart des accidents surviennent en quelques secondes. Ces deux ou trois secondes d’inattention correspondent au temps et à la distance qu’il vous aurait fallu pour éviter un accident. »
Pour Robyn Robertson, les gestionnaires de parcs doivent s’attaquer à la distraction au volant sur plusieurs fronts. La sensibilisation des conducteurs est essentielle, ainsi que l’établissement de politiques d’entreprise strictes associées à un système de suivi.
D’après le même sondage, 43 % des conducteurs affirment qu’être impliqué dans un accident les inciterait à conduire de façon plus préventive. Ne laissez pas vos conducteurs faire partie des statistiques.