Pour les concessionnaires, les temps sont difficiles. Les inventaires sont lourds à porter alors que les consommateurs se font frileux. Pourquoi, en effet, acheter à plein prix un véhicule électrique ou hybride alors que la possibilité d’un retour des subventions gouvernementales plane à l’horizon ?
La situation n’est guère plus brillante pour le véhicule à essence. Les consommateurs sont prudents et attendent dans un contexte politique où les décisions de nos voisins du Sud pourraient plomber notre économie. En plus, je n’ose penser à ce que serait l’industrie automobile nord-américaine si elle était alourdie de frais de douane entre les trois partenaires que sont les États-Unis, le Canada et le Mexique dans une production étroitement imbriquée.
Si nous ne pouvons contrôler les sautes d’humeur du président américain, au moins, pourrions-nous nous entendre avec nos propres gouvernements sur une politique d’électrification structurée et logique. L’annonce subite de la suspension de ces programmes a eu l’effet que l’on sait : les inventaires gonflent et l’intérêt des consommateurs s’étiole.

Des contraintes coûteuses
La réponse simple serait de voir les constructeurs réduire le prix de vente de ces véhicules électriques et hybrides, ce qui a d’ailleurs été le cas pour certains d’entre eux. Mais il m’apparaît évident que ces mêmes constructeurs, contraints d’acheter des crédits pour éviter les lourdes pénalités liées à la norme VZE, n’ont pas la marge de manœuvre nécessaire. En souhaitant pousser à 60 % le pourcentage de véhicules électriques vendus comparativement aux ventes totales en 2030, sous peine de lourdes pénalités pour les constructeurs délinquants, le Fédéral leur impose une trop forte pression financière.
Les constructeurs se sont engagés dans le virage électrique, investissant des sommes colossales dans l’opération tout en achetant des crédits pour compenser leurs manques dans leur offre électrique. Tous les constructeurs, à l’exception des rares constructeurs qui ne proposaient que des véhicules électriques dès leur fondation, Tesla en tête. Mentionnons que Tesla, qui vit en ce moment une période commerciale pour le moins trouble sur tous ses marchés, a bien profité de cette bourse des crédits qu’elle a pu revendre aux autres constructeurs.
J’ai déjà mentionné dans cette page comment la réduction des émissions par nos parcs de véhicules était un objectif louable et inéluctable. Ce que je rappelle ici, c’est l’importance pour nos gouvernements d’appuyer ce virage avec un programme structuré d’incitatifs. Je suis le premier à dire que ce programme de subventions prêtait flanc aux abus et que sa couverture doit être revue pour cibler la bonne clientèle. Mais, on ne peut d’un côté maintenir la charge de la norme VZE pour les constructeurs et leurs concessionnaires, un programme qui maintient le prix des VÉ trop élevé, si des incitatifs à l’achat ne viennent pas stimuler la demande.
Ce dont a besoin notre industrie, ce sont des signaux de stabilité.