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Incertitudes autour de la revente de VÉ et hybrides

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Le marchand Gervais Auto compte 10 % de son inventaire en VÉ. De plus, son équipe est formée pour les vendre et les entretenir. Source : Gervais Auto

La revente de véhicules électriques et hybrides subit les aléas d’un marché remarquablement instable. Si certains marchands de véhicules d’occasion affirment que les affaires vont bien, d’autres se détournent de ces produits dont la valeur de revente est trop imprévisible pour leur zone de confort.

L’élimination des subventions, leur hypothétique reprise, ou encore la réduction du prix d’achat de véhicules électriques ou hybrides neufs ont déstabilisé les marchands de véhicules d’occasion. Certains se sont brûlé les doigts en payant trop cher des véhicules dont la valeur a subitement chuté.

La valeur de revente, parfois difficile à établir d’un modèle à l’autre, demeure néanmoins intéressante et suffisante.

« D’entrée de jeu, je dois constater que nos marchands ne sont pas tous au même niveau, ni même réceptifs lorsque l’on parle de véhicules électriques », constate Steeve De Marchi, directeur général de l’Association des marchands de véhicules d’occasion du Québec (AMVOQ). « Il y a beaucoup d’imprévisibilité sur ce marché. Il faut admettre qu’au Québec, le VÉ fait partie de la réalité, et je dis aux marchands qui hésitent que ce type de véhicule représente un marché intéressant et qu’il faut s’y investir. »

Surtout chez les concessionnaires

Ce sont les concessionnaires de voitures neuves qui accaparent la plus grande partie des inventaires de véhicules électriques et hybrides d’occasion. Selon le directeur général de l’AMVOQ, entre 13 et 14 % des inventaires de véhicules d’occasion au Québec sont électriques ou hybrides. L’inventaire des concessionnaires serait composé à 18 % de ces véhicules, contre seulement 7,5 % des stocks chez les marchands indépendants. Cette répartition entre marchands est très variable, certains faisant de ce secteur une spécialité, tandis que d’autres l’évitent.

« Les concessionnaires ont le premier choix sur le retour des véhicules électriques en échange », explique M. De Marchi. « Ils ont aussi les outils et la formation pour s’en occuper. Certains de nos marchands progressent néanmoins dans ce secteur, sachant qu’au Québec, si tu ne t’intéresses pas à l’électrique, tu te coupes d’une part importante du marché. »

Selon M. De Marchi, il est facile de comprendre qu’à l’arrivée sur le marché de la revente des premières générations de véhicules électriques et hybrides, plusieurs questions se posaient, notamment en matière de condition et de valeur de revente. « Aujourd’hui, la valeur reste beaucoup plus intéressante, c’est même surprenant. Il faut dire que les garanties se sont bonifiées, notamment celles qui couvrent la batterie, atteignant souvent huit ou dix ans. »

Pour le directeur général de l’AMVOQ, la voiture hybride ou électrique d’occasion est une solution très intéressante pour un consommateur qui souhaite aborder cette technologie à moindre coût.

Une offre appuyée par l’expertise

Chez Gervais Auto, qui compte des points de vente à Shawinigan et Trois-Rivières, la voiture électrique fait partie du quotidien. Le copropriétaire Guillaume Gervais expliquait en compter plus de 70 dans son inventaire au moment de notre entrevue. « C’est un produit très intéressant à cause de la dévaluation par rapport à un modèle neuf », explique-t-il. « Il faut être très prudent lors de nos achats, à cause de ces fluctuations. Mais pour le consommateur, il y a des aubaines intéressantes à dénicher. »

Ce marchand a formé ses employés, non seulement aux ventes, mais aussi au département de service. « Puisque nous ne sommes pas attachés à une marque, nous pouvons vraiment conseiller les clients sur les meilleures solutions pour leurs besoins », explique M. Gervais. « De plus, nos techniciens étant qualifiés, ils peuvent faire l’entretien des VÉ et des hybrides. Nous pouvons même produire un rapport sur la condition de la batterie du véhicule. C’est très rassurant pour les clients. » L’inventaire de ce marchand est composé à environ 10 % de VÉ et hybrides, un témoignage de sa prudence mesurée face à ces produits.

La revente de véhicules électriques et hybrides reste intéressante, malgré une baisse de la demande et des prix. Source : Gervais Auto

Un bon choix pour le consommateur

« Nous enregistrons une baisse d’engouement depuis quelques mois, et nous ne vivons pas actuellement de situation de rareté », observe Dominic André, copropriétaire de l’entreprise familiale et précurseur Véhicules électriques Simon André, également à Trois-Rivières. « Il y a des fluctuations de prix, mais il reste que la voiture électrique d’occasion est une option intéressante pour les consommateurs. C’est un marché un peu particulier que nous avons abordé en 2016, pour nous y tailler une place, mais aussi par conviction. »

Même si les prix bougent et que les programmes de subventions sont aléatoires, les consommateurs qui ont goûté à l’électrique par l’achat d’un premier véhicule d’occasion semblent rester fidèles à cette technologie. « Je vous dirais qu’en près de dix ans d’opération, il est peut-être arrivé deux fois qu’un consommateur qui nous a acheté un véhicule électrique l’ait remplacé par la suite par un véhicule à essence », témoigne M. André. Ici aussi, l’expertise de l’entreprise, qui peut réparer les VÉ, semble jouer en faveur de la satisfaction de la clientèle.

Maxime Rémillard d’Amiral Auto de Laval se spécialise dans la revente de véhicules haut de gamme, habituellement à traction intégrale. Pour lui, l’électrique n’est pas encore à la hauteur des attentes de sa clientèle. « Entre l’autonomie déclarée et la réalité, il y a un grand écart et beaucoup de place pour la déception », constate-t-il. « Pour l’instant, dans ma gamme de produits, les véhicules hybrides ont plus de succès. Et comme commerçant, la courbe de dépréciation des véhicules électriques haut de gamme demeure bien trop imprévisible. Évidemment, il faut être à l’affût de la demande de nos clients, mais le 100 % électrique n’est pas pour tout de suite en ce qui me concerne. »

L’impact des subventions

La réalité du marché se reflète aussi sur les sites internet destinés à la revente. Par exemple, le site autousagee.ca de l’AMVOQ affichait, lors de notre dernière visite, environ 1 000 véhicules électriques et hybrides sur un total de 10 000 offres.

Chez AutoHebdo.net, Baris Akyurek, vice-président à l’intelligence des marchés, indique que les véhicules électriques continuent d’attirer l’attention des acheteurs, mais que leur adoption généralisée reste difficile.

En 2024, AutoHebdo a mené une étude sur le sentiment des consommateurs à l’égard des véhicules électriques. L’enquête a révélé qu’à l’échelle nationale, la possession de VÉ a légèrement augmenté pour atteindre 12 %, soit une hausse de seulement 2 % par rapport à 2023. À titre de comparaison, au Québec, la possession de VÉ a atteint 18 % en 2024 contre 13 % en 2023.

Même l’intérêt d’achat semble s’être refroidi, car seulement 46 % des non-propriétaires de VÉ ont exprimé un intérêt pour l’achat d’un VÉ en 2024, contre 56 % en 2023 et 68 % en 2022. La même étude indique que 94 % des consommateurs canadiens ont été attirés par les VÉ grâce aux incitations gouvernementales et que la moitié des acheteurs ont agi en raison des subventions.

L’annonce de l’élimination graduelle des subventions a entraîné une augmentation des ventes de véhicules 100 % électriques (BEV) de près de 75 % au deuxième trimestre 2024 au Québec, contre une hausse nationale de 36 %, selon Statistique Canada. « Cette tendance met en évidence l’impact des incitations financières sur le comportement des consommateurs et la croissance des ventes, un phénomène qui s’est poursuivi au troisième trimestre 2024 », souligne M. Akyurek.

Du mouvement sur les prix

Le site AutoHebdo présente également l’offre de véhicules neufs des concessionnaires. Cela lui permet de constater une augmentation des inventaires de véhicules 100 % électriques sur sa plateforme. AutoHebdo.net comptait 2 121 BEV en décembre 2019 contre 16 844 en février 2025. Aujourd’hui, l’inventaire de véhicules 100 % électriques neufs est en hausse de 26 % en projection annuelle. Les constructeurs continuent de produire des VÉ, mais la demande diminue. « Cela se reflète dans les prix – les prix des VÉ neufs et d’occasion ont nettement baissé », précise l’expert.

En février 2025, selon les données compilées par AutoHebdo, le prix moyen d’un véhicule électrique neuf s’établissait à 70 297 $, en baisse de 5,7 % sur un an. Au même moment, le prix moyen d’un VÉ d’occasion atteignait 42 398 $, en baisse de 16,3 %. Les prix des véhicules hybrides ont moins baissé que ceux des VÉ 100 % électriques. En fait, le prix moyen de ces véhicules neufs a augmenté de 6,8 %, tandis que la valeur des hybrides d’occasion a diminué de 5,5 % en un an.

Le site commercial permet aussi de constater qu’il est plus difficile de vendre un véhicule neuf de luxe électrique ou hybride, alors que la demande pour les véhicules plus accessibles reste forte.

Les acheteurs de VÉ restent fidèles

Un peu comme l’a observé le marchand Dominic André, les propriétaires d’un premier véhicule électrique restent en grande majorité fidèles à cette technologie lorsqu’il est temps de renouveler leur achat, qu’ils optent pour un véhicule neuf ou d’occasion. L’étude d’AutoHebdo indique que 90 % des propriétaires sont satisfaits de leur VÉ et que 77 % d’entre eux déclarent vouloir racheter un VÉ à l’avenir. Ceux qui hésitent évoquent l’autonomie plus limitée qu’escomptée, le manque de bornes publiques de recharge ou encore le coût d’achat comparativement élevé.

Leanne Kripp, directrice des ventes chez Kijiji Canada, a également répondu à notre demande d’informations sur les mouvements du marché de la revente de véhicules électriques. Elle nous a indiqué : « En février 2025, nous avons observé une baisse significative des annonces actives de véhicules électriques. Ce phénomène n’est pas saisonnier, car une telle baisse n’avait pas été constatée en février dernier. Cependant, nous n’avons pas constaté de baisse significative des prix des véhicules électriques d’occasion. »

Elle observe toutefois que certaines marques connaissent des variations notables selon les modèles et les constructeurs.

Mme Kripp note une hausse de l’intérêt pour les véhicules hybrides comparativement aux versions 100 % électriques. L’experte constate aussi que la durée moyenne de publication d’une annonce est d’environ 61 jours et qu’il n’y a pas de différence significative entre le temps nécessaire pour revendre un véhicule électrique, hybride ou à essence.

Le marché de la revente de véhicules électriques et hybrides connaît assurément des turbulences en ce moment. L’effacement des incitatifs, l’ajustement des prix de la part des constructeurs, une hausse des inventaires ou encore l’incertitude provoquée par les politiques économiques américaines viennent brouiller la prévisibilité du marché. Il n’en demeure pas moins que les acheteurs de la première heure, tout comme ceux qui ont suivi ces précurseurs, retourneraient difficilement vers un véhicule à essence après avoir goûté à l’électromobilité. La question qui demeure est de savoir s’ils trouveront leur prochain volant dans une vente d’écoulement de VÉ chez le concessionnaire de leur quartier ou chez un marchand d’occasion qui a su développer son expertise et un inventaire attrayant.

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