La ministre canadienne des Finances, Chrystia Freeland, a confirmé le 26 août la mise en application d’une nouvelle surtaxe sur les véhicules électriques chinois à partir du mois d’octobre 2024.
Le 24 juin dernier, le gouvernement canadien avait publié un communiqué de presse annonçant son intention d’ouvrir une consultation de 30 jours pour recueillir l’opinion publique sur l’imposition de droits de douane concernant les véhicules électriques importés de Chine à partir du 2 juillet 2024.
D’après le communiqué émis par le gouvernement canadien, les pratiques commerciales de la Chine comprendraient des normes insuffisantes dans toute la chaîne d’approvisionnement des VÉ, telles que de mauvaises conditions de travail et des normes environnementales trop permissives. De plus, les véhicules connectés équipés de technologies chinoises pourraient aussi poser un risque pour la vie privée de la population canadienne, recueillant de l’information des conducteurs canadiens qui pourrait être utilisée à mauvais escient.
Pour ces raisons, le gouvernement canadien a finalement décidé, après consultation, d’appliquer une surtaxe de 100 % sur les véhicules électriques et hybrides provenant de Chine pour encourager davantage l’industrie du VÉ canadienne, ainsi que ses bonnes pratiques. Cette mesure s’ajoute à une autre surtaxe de 6.1% qui était déjà en vigueur.
Depuis les dernières années, l’industrie du VÉ a explosé en Chine. En 2023, les exportations annuelles de VÉ chinois ont généré 47,2 milliards de dollars, comparativement à 0,2 milliard de dollars en 2018. Aujourd’hui, près de 70 % des VÉ dans le monde proviennent de la Chine d’après CTV News.
Ainsi, les nouvelles mesures ont aussi pour but de prévenir la domination de la Chine dans le marché du véhicule canadien et de protéger les 550 000 emplois directs dans le secteur.
Suivre l’exemple de l’Europe et des États-Unis
Cette mesure adoptée par le gouvernement du Canada s’inspire en bonne partie de nos voisins du Sud et de nos cousins d’Europe qui ont lancé des initiatives similaires plus tôt cette année.
En Europe, on a mené une enquête en mai dernier pour déterminer la légitimité des subventions offertes par le gouvernement chinois à ses constructeurs de VÉ. Ainsi, la Chine aurait augmenté de manière importante les montants des subventions remises à ses constructeurs pour réduire au maximum les prix de vente des VÉ chinois et engloutir leur compétition.
Suite aux résultats de cette enquête, l’UE a décidé d’imposer à partir du 4 juillet 2024 des surtaxes différentes pour chaque constructeur de VÉ chinois dépendamment de leur transparence et de leur collaboration au cours de l’enquête. On retrouve parmi les marques affectées BYD (+17.4%), Geely (+19.9%) et SAIC Motors (+37.6%).
Les mesures adoptées par l’Europe sont donc moins restrictives que celles adoptées par le Canada, mais aussi par les États-Unis. Le 14 mai dernier, le gouvernement américain a annoncé le passage de 25 % à 100 % des tarifs douaniers imposés aux VÉ chinois à partir du 1ᵉʳ août 2024.
Les constructeurs Polestar (Geely) et Tesla produisent tous ou certains de leurs véhicules en Chine et seront, eux aussi, visés par ces surtaxes, le cas échéant. Avec des usines sur plusieurs continents, les constructeurs automobiles peuvent ajuster leurs réseaux de production et de distribution pour contourner ces barrières.
Ce qui est clair, c’est qu’avec cette mesure, autant les Canadiens que les Américains et en partie les Européens, veulent protéger leurs constructeurs automobiles d’une entrée massive de véhicules électriques au prix hautement subventionné par Beijing et produits selon des normes environnementales et sociales moins contraignantes que les leurs.