Prévoyez des augmentations de prix et un ralentissement de l’économie à mesure que la situation se prolonge.
En tant que Canadiens, nous savons depuis longtemps que ce qui se passe au Sud a des répercussions sur notre économie.
Elle s’est toutefois révélée beaucoup plus volatile qu’à l’habitude sous le gouvernement actuel et la guerre tarifaire entre les États-Unis et la Chine qui perturbe l’économie mondiale. Tout a commencé en 2018 lorsque Donald Trump a annoncé l’imposition de tarifs douaniers pouvant atteindre 25 % sur 50 milliards de dollars (tous les chiffres sont en dollars américains) de produits importés de Chine et que le gouvernement chinois a riposté en imposant des tarifs sur des articles importés des États-Unis.
Les droits ont augmenté graduellement, bien que l’administration américaine ait renoncé à imposer les tarifs additionnels de 250 milliards de dollars sur les importations chinoises devant entrer en vigueur en octobre dernier. Les produits visés comprennent les vêtements, le matériel électronique et les jouets, les téléphones cellulaires — et lorsque le prix de ces articles augmente, les consommateurs ont moins d’argent à dépenser pour leur véhicule.
Au moment de mettre sous presse, la guerre tarifaire se poursuivait, la Chine affirmant que les deux pays avaient convenu d’annuler progressivement les hausses tarifaires alors que les É.-U. nient avoir consenti à une telle mesure. De nombreux experts s’attendent à ce que la situation perdure jusqu’à l’élection présidentielle américaine de 2020 et que l’adoption d’une position ferme contre la Chine constituera un point important de la campagne du président actuel.
Coup dur pour le secteur automobile
Selon l’Organisation mondiale du commerce, cette guerre économique affecte directement 3 % du commerce mondial alors que l’industrie automobile génère 8 % de tous les échanges. Les conséquences sont importantes pour ce secteur.
Ces politiques commerciales ont un impact à l’échelle mondiale et bien qu’elles soient loin d’être les seules responsables, les ventes globales d’automobiles ont continué de chuter alors que la production diminuait dans de nombreux secteurs et que l’économie ralentissait en conséquence. Bien que les gouvernements aient tenté d’endiguer la marée, cette situation devrait durer plusieurs mois encore.
La Chine n’expédie qu’environ 50 000 véhicules aux É.-U. annuellement, mais selon le Center for Automotive Research, elle leur a fourni 12 % des pièces en 2017, occupant le deuxième rang des fournisseurs derrière le Mexique dont les produits finis comportant suffisamment de composants chinois seraient également assujettis aux tarifs douaniers.
Par conséquent, les constructeurs devront débourser davantage pour assembler leurs véhicules aux États-Unis. Ces derniers n’ont pas indiqué comment ils feraient face aux coûts supplémentaires, mais si l’on se fie au passé, au moins une partie, seront assumés par les consommateurs, si ce n’est la totalité.
Hausse du prix des véhicules à grand volume
Alors que le Canada exporte approximativement cinq millions de véhicules aux É.-U. chaque année, environ 65 % de l’ensemble des importations du secteur automobile canadien — quelque 74.1 milliards $ en 2018 — provient des États-Unis. Cela comprend les véhicules les plus populaires comme les camionnettes et les VUS.
Augmenter la production de pièces en Amérique du Nord permettrait d’éviter les tarifs douaniers, mais c’est un processus complexe. Selon les estimations, il faudrait jusqu’à dix ans pour mettre en place une chaîne d’approvisionnement efficace et des procédés d’assemblage permettant de remplacer les fabricants étrangers. En ajoutant des tarifs douaniers sur le matériel brut, le coût d’évitement pourrait surpasser celui des droits à payer sur les marchandises importées. Même si les tarifs douaniers augmentent par la suite, les fournisseurs sont plus susceptibles de déplacer leur production à l’étranger que de repartir à zéro en Amérique, ce qui les rend vulnérables aux redevances si le gouvernement américain décide également de cibler ces pays.
Coûts d’entretien et de réparation plus élevés
Selon une étude publiée en 2018 et citée par la National Automobile Dealers Association (NADA), une augmentation de 25 % des tarifs douaniers sur les pièces importées de Chine ferait grimper le prix d’un véhicule assemblé aux É.-U. de 2 270 $ et celui d’un véhicule importé de 6 875 $, soit une augmentation moyenne de 4 400 $. Les mensualités d’un véhicule neuf se situant environ à 533 $ par mois au moment de l’étude grimperaient à 611 $. Les tarifs douaniers entraîneraient également une diminution des ventes de deux millions de véhicules neufs, une perte de 117 500 des 1,1 million d’emplois chez les concessionnaires de véhicules neufs aux États-Unis, une augmentation du prix des véhicules usagés, des coûts d’entretien des véhicules et des primes d’assurances en raison de l’augmentation du prix des pièces de remplacement.
Aux É.-U. comme en Chine, l’effet des tarifs douaniers ne se limite pas aux entreprises qui expédient leurs produits de l’autre côté de l’océan, ils affectent toute la chaîne d’approvisionnement. À mesure que les exportations des principaux fabricants diminuent en raison des redevances plus élevées, ils achètent moins des petites entreprises qui leur fournissent des composants, du matériel et de l’équipement pour la fabrication. Bien que la Chine soit l’un des marchés de vente de véhicules neufs ayant connu la croissance mondiale la plus rapide depuis les années 1990, ses ventes de véhicules sont en baisse depuis maintenant plus d’un an dans un contexte où les acheteurs réagissent à l’affaiblissement de l’économie causé par la guerre commerciale avec les États-Unis.
Qu’advient-il du Canada dans tout cela ? Nous pouvons nous attendre à ce que le prix des véhicules et des pièces automobiles augmente, à ce que les constructeurs automobiles du monde entier subissent les effets de la crise et à ce que le ralentissement de l’économie mondiale nous affecte. Nous ne sommes peut-être pas personnellement engagés dans cette guerre commerciale, mais nous serons sans aucun doute victimes de dommages collatéraux.