Il n’est pas fréquent de voir un diplômé des HEC, sans aucun lien avec l’industrie automobile, faire l’acquisition non pas d’un, mais de deux ateliers de carrosserie. Rencontrons Harry Jinjinian, conseiller en placements et président de Carrossier ProColor Saint-Hubert et Carrossier ProColor Carignan.
C’est lors des célébrations soulignant l’ouverture officielle de l’atelier de Carignan que nous avons rencontré M. Jinjinian et son équipe. L’acquisition de cet atelier remonte à octobre 2024 et suit de deux ans la prise de possession de l’atelier de Saint-Hubert. Le conseiller en placements n’est pas seul dans cette aventure financière, il compte comme partenaires ses beaux-frères Hovie Der-Nigoghossian et Yvon Parounagian. Ce dernier apporte au groupe une certaine expertise, ayant mené une carrière de peintre automobile.
Le président Jinjinian résume la situation, « Yvon s’occupe du plancher, je m’occupe des chiffres ». Aussi, en appui à cette équipe de direction, on retrouve Audrey Daoust, qui joue le rôle clé de directrice de la carrosserie nouvellement acquise par M. Jinjinian et ses partenaires. Mme Daoust était déjà dans l’entreprise depuis huit ans, bien avant l’acquisition.
« Je venais avec une expérience dans de gros ateliers de carrosserie très performants, explique-t-elle. Avec l’atelier de Carignan, c’était un autre défi. Surtout que nous avons passé à travers la pandémie en équipe. Cela nous a obligés à nous réinventer. »
Mme Daoust a vu l’arrivée des nouveaux propriétaires d’un très bon œil. « Ce ne sont peut-être pas des gens qui ont grandi dans l’industrie, mais ils nous donnent les moyens de réussir. »
Un beau témoignage, appuyé par les décisions concrètes que nous détaille Harry Jinjinian pour nous. « Tout d’abord, avant d’acheter, j’ai analysé les chiffres. Il y a de l’argent à faire en carrosserie si on est bien organisés et si les opérations sont optimisées. »
Il veut aussi un atelier à la fine pointe. Profitant de réaménagements importants, l’atelier est maintenant doté d’un banc de redressage haut de gamme qui est encastré dans le sol. Il est aussi en mesure d’effectuer toutes les calibrations liées aux systèmes avancés d’aide à la conduite. « Nous avons envoyé Yvon à New York pour qu’il suive une formation spécifique afin d’utiliser ces équipements, explique le président. C’est bien d’investir dans des machines, mais il faut aussi savoir bien s’en servir. » Il pense même élargir l’offre, alors qu’Yvon en maîtrise le fonctionnement, en proposant le service de calibration à d’autres ateliers qui n’ont pas les équipements nécessaires.
On voit que l’investisseur garde l’œil ouvert sur le potentiel de revenus de ses opérations, au-delà de la relation avec les assureurs.
Mais à ce chapitre, il comprend parfaitement l’importance d’une solide réputation. « Les équipements et la formation, c’est avant tout pour démontrer aux assureurs que nous sommes à la hauteur. Je veux aussi travailler plus étroitement avec les concessionnaires de mon voisinage, voir les partenariats que nous pouvons construire. »
Très dynamique, l’investisseur nous indique que le prochain objectif à court terme est d’obtenir la certification des constructeurs par le biais du programme CCC. La dizaine d’employés de cette carrosserie est ouverte à cette approche d’amélioration continue.
Selon M. Jinjinian, il a opté en partie pour l’acquisition de cet atelier, car il était déjà franchisé du réseau Carrossier ProColor. Pour lui, il était hors de question d’investir dans un atelier indépendant, sachant l’importance du support d’une bannière forte et d’un siège social à l’écoute des franchisés. « Pour moi, la question d’image est très importante. Nous voulons être modernes et cette bannière m’intéressait grandement. »
Avec un atelier plus petit à Saint-Hubert, à 18 minutes de distance, le gestionnaire profite d’une intéressante flexibilité opérationnelle. « Par exemple, j’ai beaucoup d’espace ici, alors je peux accepter des camionnettes ou de gros VUS qui peineraient à trouver de la place à Saint-Hubert. Toutefois, je n’ai pas l’intention de spécialiser mes ateliers dans les marques européennes, asiatiques ou domestiques. Je veux garder la possibilité de déplacer les véhicules, mais aussi les techniciens, selon les fluctuations des volumes à réparer. »
Pour les prochains mois, outre le processus de certification qui va bon train, M. Jinjinian veut tout d’abord optimiser les capacités des deux ateliers. Il gravite d’ailleurs entre les deux carrosseries, sachant qu’il a sur place des gens de confiance. « J’ai aussi le personnel technique qu’il me faut, mais il y aura certainement de la place pour des embauches dans l’avenir. Pour le moment, je veux m’assurer qu’ils se sentent bien avec nous. » Il mentionne ce fait en indiquant, en marchant dans l’atelier, que toutes les opérations de sablage s’effectuent avec des outils munis d’un système d’extraction de poussière. Preuve concrète de son souhait pour un environnement de travail propre.
Et qu’en est-il de l’avenir plus éloigné ? « Nous allons évidemment aller chercher la formation nécessaire pour travailler en toute sécurité sur les véhicules électriques et hybrides. Et puis, ajouter la réparation et le remplacement de vitres d’auto serait un prolongement naturel et profitable de nos activités ; j’y songe. » Et qui sait, si l’occasion se présente, l’investisseur et entrepreneur pourrait bien ajouter un autre atelier à son portefolio. Mais il a amplement à s’occuper d’ici là.