À Val-Bélair, la bougie d’allumage de l’atelier CarrXpert est Ian Boissonneault, qui avait obtenu son DEP haut la main au centre Wilbrod-Bherer, où on lui avait même attribué en 1997 une mention d’honneur.
Ainsi, sa carrière avait-elle décollé sur un tapis rouge, malgré le fait que ses excellents enseignants le trouvaient trop souvent plongé dans les livres, un « extra-terrestre » disaient-ils.
Rapide à piger et à exécuter, il préférait de loin prendre de l’avance en défrichant et en déchiffrant les modules à venir pour bien comprendre en quoi ils consistaient.
Littéralement captivé par cette formation, il avait presque oublié qu’il souhaitait devenir ambulancier comme son père – à qui il donnait parfois un coup de main – ou devenir cinéaste pour la télévision.
Pourtant, c’est son père qui, au tout début de l’adolescence, lui avait montré le métier sur le tas en refaisant au complet une Chevy Van 1978, qui les avait amenés à parcourir cinq fois la côte est des États-Unis !
Une expérience qui l’avait incité, avant son cours, à peindre sa première auto, une Tempo 1984 à traction, avec des canettes achetées chez Canadian Tire, et dont il avait même riveté les bas de caisse.
De peintre à gestionnaire
Ses premiers pas dans l’industrie se sont faits à Québec, chez Mercedes, où Richard Chevalier l’avait guidé lors d’un premier stage, tandis que le second avait eu lieu à Sherbrooke, chez Dominick Auto-Sports.
Artiste du pistolet, Ian avait dû abandonner son métier quatre ans plus tard, sur la recommandation du médecin, et se transformer en gestionnaire.
Vite comprises, les notions d’administration et de gestion acquises auprès des meilleurs formateurs ont fait de lui un directeur d’atelier qui a presque triplé le chiffre d’affaires en quatre ans.
Alors qu’il était directeur adjoint d’un grand atelier, une occasion en or s’est présentée en 2010 d’ouvrir le sien à Val-Bélair même, sa ville d’origine, et selon ses propres plans.
À peine eut-il pensé en 2013 devoir grossir l’équipe, qu’Yves Roussel frappe à sa porte, ce carrossier qui avait décroché à 20 ans une médaille d’excellence au Mondial des Métiers de 1999.
Bien qu’Ian Boissonneault n’en soit qu’à l’aube de la cinquantaine, il voit déjà en Yves Roussel le successeur idéal, lui-même ayant failli devenir opérateur d’engins de chantier.
L’inattendu bras droit
Il aura fallu une seconde rencontre avant qu’Yves Roussel et Ian Boissonneault ne s’harmonisent et ne créent les conditions essentielles à la réussite de l’entreprise.
Au début de la trentaine, le nouveau venu était déjà rompu au débosselage qu’il avait pratiqué durant 15 ans à l’atelier de Réjean d’Auteuil, situé dans sa ville natale de Baie-Comeau, où il avait eu pour guide Gérard Caron.
M. Roussel avait pourtant couronné son cours en mettant quelque 60 heures à repeindre la Mustang 5.0 accidentée de 1989 qu’il avait achetée, celle-là même qui avait servi à son examen.
Ayant vu en lui un professionnel rigoureux et organisé, Ian Boissonneault en a fait un directeur d’atelier qui gère la production comme un chef d’orchestre, puis, en 2019, un partenaire d’une fiabilité absolue.
Sans doute avait-il perçu chez lui les qualités qui l’avaient conduit en 1999 à devancer l’Allemagne, la France, l’Angleterre, la Finlande, la Suède, la Norvège et les États-Unis au Mondial des Métiers.
Partenaire « numérique »
En 2019, la conjointe d’Ian Boissonneault, Kathleen O’Malley, devenait également partenaire en occupant le poste de directrice administrative.
Un changement radical de régime, puisqu’elle passait du coup des équipes de gestion de Retraite Québec aux premières loges du volet administratif d’un milieu exigeant, demandant d’être constamment en alerte.
La différence entre un jeu de chiffres dans un organisme gouvernemental et celui d’un atelier de carrosserie est radicale, celui-ci fonctionnant en coulisses pour contrôler le moindre flux des entrées, des sorties et des réclamations.
Mme O’Malley prend la juste mesure de sa responsabilité chaque fois qu’à titre de partenaire, elle participe aux rencontres portant sur leur analyse et les décisions afférentes ; une fonction aussi majeure que hautement stimulante.
N’échappant pas à la pénurie, CarrXpert Val-Bélair compte sur plus d’une dizaine de techniciens, dont quatre Colombiens provenant tous de grands ateliers des réseaux de concessionnaires.
Convaincus que détenir les certifications des constructeurs est la seule façon d’être constamment à la fine pointe, l’atelier détient présentement les certifications de FSA, Honda, Nissan et Subaru.