Les politiques de brassage économique du secteur automobile chez nos voisins du Sud affectent nos opérations. Cela ne fait aucun doute, les tarifs vont impacter certaines pièces, produits et matériaux que nous utilisons pour réparer les véhicules qui nous sont confiés après une collision. Il convient toutefois de souligner qu’une bonne partie de ces intrants est encadrée par l’accord de libre-échange qui régit nos transactions et devrait circuler sans être pénalisée par des droits de douane supplémentaires.

Le Canada va-t-il imposer des tarifs réciproques sur les produits non couverts ou sur les pièces de remplacement ciblées par le président américain ? Difficile à dire, et entre le moment où j’écris cette chronique et sa publication, la situation pourrait évoluer.

Des véhicules à réparer

Ce que nous pouvons mesurer, en revanche, c’est l’impact de ces turbulences commerciales à l’échelle mondiale sur la valeur des véhicules vendus sur notre marché. Cette hausse liée aux entraves commerciales se reflète également dans la valeur résiduelle des voitures actuellement sur la route. Pour notre secteur, il s’agit d’une nouvelle très positive sur laquelle nous pouvons concentrer notre attention.

Des voitures qui conservent leur valeur sont moins susceptibles d’être déclarées pertes totales en cas de collision. Certains assureurs accepteront même de couvrir jusqu’à 95 % de la valeur du véhicule lors de l’estimation, afin de le remettre sur la route. La possibilité de réparer ces véhicules destinés au recyclage est une excellente nouvelle pour nos opérations, mais aussi, bien sûr, pour l’environnement, un facteur que l’on oublie trop souvent.

Nos carrossiers n’avaient certainement pas besoin de ce va-et-vient émotionnel alors qu’ils sont confrontés à de nombreux défis en matière de recrutement, de formation et de mise à niveau de leurs installations pour répondre aux avancées technologiques des véhicules qui leur sont confiés.

Optimiser les réparations

Ici encore, la notion de réparer au lieu de remplacer s’impose. L’assureur pourra s’ajuster si une réparation prend plus de temps, au profit de la réduction de l’utilisation des pièces dont le prix et la disponibilité risquent d’être affectés par les récentes tensions commerciales.

Le carrossier doit également porter une attention particulière à toutes ces petites dépenses qui s’accumulent et viennent rogner les marges de profit. L’utilisation abusive du matériel par des techniciens manquant de directives ou de formation, une consommation excessive de peinture causée par un pistolet mal ajusté ou inefficace, ou encore une chambre à peinture dont l’utilisation pourrait être optimisée par une meilleure planification des travaux, sont autant de domaines à surveiller.

Pour conclure cette chronique, je tiens à rassurer nos carrosseries : peu importe le climat économique, des collisions feront toujours partie du quotidien des automobilistes canadiens. De plus, les circonstances nous incitent à nous concentrer sur les éléments que nous pouvons contrôler, à savoir nos méthodes de travail et nos dépenses. L’application de meilleures pratiques demeurera, selon moi, un héritage durable et positif de la situation d’incertitude que nous traversons ensemble en ce moment.