Le vendredi 20 septembre dernier avait lieu le Forum canadien de l’industrie de la carrosserie (CCIF) à l’hôtel Marriott de l’Aéroport Pierre-Elliot Trudeau durant lequel plusieurs experts du milieu de la carrosserie sont venus donner un aperçu des nouvelles technologies qui vont façonner le métier de carrossier de demain.
“Aucune autre industrie ne subit des changements technologiques aussi rapides que l’automobile”, disait Benjamin Perrier, gestionnaire stratégique de comptes chez BASF Canada, durant le CCIF Montréal 2024.
En effet, depuis le début de la pandémie, l’industrie de l’automobile entière est propulsée à vitesse grand V dans une importante métamorphose qui gagne encore en momentum aujourd’hui. Les véhicules électriques, l’intelligence artificielle et les nouvelles mesures environnementales sont les principaux vecteurs de ces changements, et la carrosserie sera l’un des secteurs parmi les plus affectés.
Ainsi, les événements comme le CCIF sont particulièrement pertinents pour aider les carrossiers à se préparer à faire face à cette vague de défis. Une fois par an, le CCIF invite les professionnels de l’industrie du Québec à venir assister à des conférences portant sur diverses facettes de leurs métiers, tels que la peinture automobile et, par exemple, les nouvelles technologies qui aident les ateliers à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
De gros changements pour la peinture
Pour commencer, les nouvelles peintures automobiles doivent maintenant s’assurer de ne pas perturber le fonctionnement des systèmes d’aide à la conduite (ADAS) et leurs capteurs qui ne cessent de se multiplier sur les nouveaux véhicules. Il y a donc fort à parier que les peintures utilisées par les carrossiers vont être composées d’ingrédients différents qui vont imposer des procédés d’application différents, eux aussi.
“En 2020, 90 % des véhicules qui sortaient de l’usine étaient équipés d’au moins un système ADAS, révèle M. Perrier de BASF. Et aujourd’hui, en 2024, si ce chiffre n’est pas rendu à 100 %, il est très près de l’atteindre.”
De plus, les peintures utilisées aujourd’hui sont plus complexes qu’il y a seulement 10 ans. Les revêtements tri couches sont de plus en plus populaires chez les constructeurs, en plus de ceux présentant des effets spéciaux, telles les peintures mates retrouvées sur certains véhicules haut de gamme. Ainsi, les ateliers de carrosserie devront s’habituer à travailler avec ces peintures qui vont se retrouver de plus en plus souvent dans leurs cours.
Finalement, il faut aussi savoir que de nombreux gouvernements à travers le monde sont en train de resserrer les lois entourant les émissions de composés organiques volatils (COV), ces produits chimiques qui sont relâchés dans l’air lors de l’application de peintures automobiles. Ainsi, les manufacturiers de peinture devront changer les recettes et les processus d’application de leurs produits pour réduire les émissions de COV. Par exemple, certaines peintures plus avancées font maintenant l’utilisation d’appareils qui envoient des rayons UV pour durcir, limitant les quantités de COV relâchées dans l’air.
Plus écologique… et plus rentable!
Bill Brower, vice-président principal des réclamations pour l’Amérique du Nord chez Solera, présentait leur nouvelle technologie au CCIF appelée Sustainable Estimatics, une suite de logiciels capable de mesurer la quantité de carbone émis pour chaque réparation, individuellement.
Solera, une entreprise spécialisée dans le développement de logiciels et de solutions pour l’automobile, recueille les données sur les émissions de gaz à effet de serre émis pour chaque étape du processus d’une réparation; de la fabrication d’un pare-choc, par exemple, à sa pose en atelier, jusqu’à l’application du revêtement. Ainsi, en entrant un travail de maintenance dans le logiciel de Sustainable Estimatics, les propriétaires d’ateliers de carrosserie peuvent voir exactement combien de kilogrammes de Co2 sont générés pour un travail de maintenance donné.
De plus, le logiciel montre aux carrossiers les différentes options qui s’offrent à eux, ainsi que celles qui sont les plus écologiques. Comme on peut l’imaginer, pour la carrosserie, le logiciel suggère bien plus souvent de réparer que de remplacer des pièces, car c’est l’option la plus verte dans la majorité des cas.
« Selon les statistiques, 76 % des consommateurs disent cesser de faire affaire avec une entreprise s’ils apprennent qu’elle ne respecte pas l’environnement, révèle M. Brower. C’est pourquoi nous allons aussi mettre sur pied un système de pointage sur notre application pour permettre aux consommateurs d’identifier les ateliers qui sont les plus respectueux de l’environnement. »
Ainsi, grâce à Sustainable Estimatics, les ateliers de carrosserie qui performent le mieux d’un point de vue environnemental vont se bâtir une meilleure image de marque.
Au final, il faut retenir que de nombreuses nouvelles technologies voient aujourd’hui le jour et qu’il est important pour les ateliers de carrosserie de rester dans la vague. Les événements comme le CCIF Montréal représentent d’ailleurs une opportunité parfaite pour se renseigner sur toutes ces avancées, pour rester au-dessus de la compétition !