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De gros changements sont à venir pour les fabricants de peinture et de revêtements automobiles

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Un technicien de chez Axalta Coating Systems effectuant des tests sur un produit de revêtement. Source: Axalta

La Californie serait sur le point d’adopter de nouvelles régulations limitant l’utilisation des COV (composés organiques volatils) dans les revêtements automobiles, et le Canada risque fort de suivre le pas.

Les sources de pollution dans l’industrie automobile sont connues : les moteurs à combustion, les dépenses énergétiques des usines d’assemblage, l’exploitation des métaux qui se retrouvent dans les véhicules, la production des plastiques dans l’habitacle, et on en passe.

Mais de manière surprenante, la peinture et les revêtements sur les véhicules sont eux aussi une source de préoccupation assez importante pour des agences de protection de l’environnement comme le South Coast Air Quality Management District (South Coast AQMD), une organisation chargée d’instaurer des mesures pour assurer une bonne qualité de l’air sur une partie du territoire de la Californie.

Depuis 2023, South Coast AQMD est en discussion avec les acteurs de l’industrie pour resserrer les règles entourant les émissions des composés organiques volatils (COV), des substances chimiques qui sont beaucoup utilisées dans les revêtements automobiles et qui se retrouvent ensuite dans l’atmosphère.

Plus précisément, South Coast AQMD compte mettre à jour les modalités de la “Rule 1151”, ou Règlement 1151, entré en vigueur en 1988 et qui impose aux manufacturiers de peinture les limites d’émissions de COV pour l’application des revêtements automobiles en Californie. Parmi les produits contrôlés par le Règlement 1151, on retrouve entre autres les apprêts (primer), les revêtements de couleurs, les vernis (clear coat) et les agents adhésifs, et chaque type de revêtement possède des limites d’émissions de COV différentes.

Les techniciens qui travaillent avec ces produits étant très exposés aux COV, il faut évidemment s’assurer qu’ils soient en sécurité. C’est ce que le Règlement 1151 régit, en suivant l’évolution de notre société.

Les émissions de COV sont généralement indiquées sur de petites étiquettes placées sur les contenants de revêtements. Source : Construction Photography/ Avalon / Getty Images

D’où viennent les COV dans les revêtements automobiles?

Les composés organiques volatils sont relâchés durant l’application de toutes les peintures et revêtements automobiles. Toutefois, ce ne sont pas toutes les peintures qui en relâchent autant.

Tout d’abord, il y a les peintures à base d’eau, inventées au cours des années 1990. Elles relâchent moins de COV, si bien qu’elles sont plus écologiques et peu toxiques. Ensuite, on trouve les peintures à base de solvants, qui exploitent une chimie plus ancienne et qui relâchent généralement le plus de COV.

Une poignée de solvants spécifiques produisent cependant moins de COV que les autres, en plus de ne contenir aucun composé chimique banni, comme l’explique le directeur de la formation chez Axalta Systems, M. Normand Cormier: « Parmi les trois solvants exemptés, on a notamment le PCBTF ou Oxol, souvent utilisé dans les vernis et qui offre un temps de séchage plus long. Ça laisse le temps de bien étaler le produit et ça donne un meilleur résultat. »

Les solvants à base de P-Chlorobenzotrifluoride (PCBTF) sont donc très appréciés et en demande dans les ateliers de carrosserie.

Toutefois, en 2020, on a découvert que le PCBTF était cancérogène. C’est pour cette raison qu’au départ, South Coast AQMD souhaitait bannir toute utilisation du PCBTF, d’après M. Cormier. Mais après avoir sondé plusieurs fabricants de revêtements en Californie, l’organisation a constaté que la technologie disponible aujourd’hui ne permettait pas complètement de cesser de l’utiliser. South Coast AQMD offre donc quelques années de sursis aux fabricants de peinture pour offrir de nouvelles solutions sans PCBTF.

Exemple d’un filtre à air installé au plafond, capable de capturer les VOC et de les éliminer. source : Erlab

Limiter l’impact des COV sur l’environnement

Bien que le PCBTF soit toxique pour les humains, il faut rendre à César ce qui est à César : c’est un produit plutôt écologique. En effet, vu que le PCBTF est très puissant, il en faut peu dans les mélanges de peintures pour qu’il fasse effet, d’après un publié sur le site web de l’Université de Waterloo. De plus, au moment d’appliquer les peintures contenant du PCBTF, il y a en fait peu d’émissions dans l’air.

D’après le gestionnaire stratégique de compte chez BASF Canada, Benjamin Perrier, pour empêcher les COV de se retrouver dans l’air et de polluer, les ateliers de carrosserie ont l’option de contenir et de limiter les COV à l’aide de systèmes de filtration d’air. Toutefois, ces systèmes peuvent représenter un investissement important (jusqu’à 100 000 $).

Selon M. Perrier, les ateliers de carrosseries ont donc tout intérêt à s’orienter dès maintenant vers des solutions de revêtements écoresponsables, autant pour anticiper les futures normes environnementales sur les émissions de COV, que pour limiter au maximum l’impact de ces mêmes émissions sur la santé de leurs salariés.

« Aujourd’hui, chez BASF, tous nos efforts sont tournés vers le développement de solutions plus durables. Par exemple, nos dernières lignes de peinture de finition automobile émettent déjà jusqu’à 40 % moins de COV que la norme actuelle. »

Vers une application au Canada

Suite aux commentaires des fabricants, les limites revues par le nouveau Règlement 1151 seront appliquées en deux phases, pour laisser le temps à l’industrie de s’adapter aux nouvelles règles. Le tableau ci-dessous montre les dates limites de chaque phase pour les types de revêtements visés par cette réglementation.

Tableau montrant les limites édictées par le nouveau Règlement 1151 pour les différents types de revêtements. Dans la colonne de gauche, on retrouve les limites actuelles. La colonne du centre représente la phase de transition où la majorité des limites augmentent. Finalement, la colonne de droite indique les limites finales à atteindre en 2028 ou en 2030, selon les produits.

D’après Normand A Cormier, le Canada va probablement adopter des limites similaires: « On adopte les mêmes règles au Canada dans plus de 90 % des cas pour les produits chimiques dangereux, précise-t-il. Nous utilisons à peu près les mêmes procédés et technologies dans nos ateliers, donc il est logique d’utiliser les mêmes limites d’émissions. »

S’il n’y a pas d’embûches, la nouvelle édition du Règlement 1151 devrait être adoptée en Californie au mois de novembre 2024, puis appliquée en plusieurs phases au cours des années suivantes. Ces nouvelles restrictions arriveront donc au Québec dans quelques années. Toutefois, comme l’indique M. Cormier, les fabricants canadiens se préparent déjà à leur arrivée depuis quelque temps.

« Ça fait à peu près deux ans que les fabricants au Canada entendent parler des changements qui vont arriver par rapport aux COV aux États-Unis, révèle M. Cormier. Chez Axalta, nous avons commencé à nous préparer à l’arrivée des nouvelles limites, mais ça prend du temps pour arriver à de nouvelles solutions. »

Par conséquent, les fabricants canadiens comme américains qui produisent des revêtements doivent dès maintenant chercher des solutions pour respecter les limites à venir.

Un technicien de chez AkzoNobel solidifie une couche de peinture automobile à l’aide d’une lampe UV.

L’impact pour nos ateliers

Au Canada, l’équivalent du Règlement 1151 californien qui régule les produits qui émettent des COV est le Règlement limitant la concentration en composés organiques volatils des produits de finition automobile.

Ainsi, lorsque le gouvernement canadien décidera de passer à l’action et d’adopter à son tour ces nouvelles normes, les entreprises du pays devront se conformer aux indications qui s’y trouveront. D’après Erica Clayton, chef de produit des revêtements automobiles et spéciaux chez AkzoNobel, un manufacturier multinational spécialisé dans les revêtements, ces changements législatifs vont influencer les types de produits avec lesquels les carrossiers travailleront.

« On va voir de plus en plus de revêtements à haute teneur en matières solides. Ils ont une moins forte teneur en solvant, ce qui réduit les émissions de COV lors de leur application. On va aussi commencer à utiliser davantage de solvants n’émettant que peu ou pas de COV dommageables, comme l’acétone. »

Les techniques d’application des produits risquent aussi de changer dans les carrosseries. En effet, certains revêtements de nouvelle génération utilisent déjà des rayons UV lors de la finition pour durcir, ce qui permet de réduire de manière significative les quantités de solvant nécessaires à la tâche.

« Il y a 15 ans, nous n’avions pas le choix d’utiliser le PCBTF dans une grande variété de revêtements, dit Mme Clayton. Aujourd’hui, avec les avancées technologiques, nous détenons les outils pour créer des revêtements avec très peu ou sans PCBTF, ce qui est plus sécuritaire pour les professionnels qui manipulent les produits. »

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