On déplore encore trop souvent des lacunes en matière de sécurité alors que des solutions existent pour protéger la santé des travailleurs dans nos ateliers de carrosserie.
Rémi Michaud, spécialiste des opérations pour le réseau CARSTAR, visite constamment des ateliers dans le cadre de ses fonctions et est aux premières lignes pour constater comment la santé des travailleurs en carrosserie est à risque. « C’est un volet encore trop négligé par les gestionnaires d’ateliers, constate-t-il. Nous mettons en péril la santé de travailleurs qui, nous le savons, sont rares et précieux. Il existe plusieurs zones à risque et l’investissement en équipement de sécurité est rentable. Il faut aussi que les bonnes pratiques en matière de sécurité deviennent partie intégrante des processus de production. Bref, même s’ils peuvent parfois être réfractaires, les techniciens doivent utiliser les équipements qui sont mis à leur disposition. »
Focus sur la chambre à peinture
M. Michaud signale par exemple que la chambre à peinture demeure la zone la plus risquée surtout avec les différentes émanations qui peuvent attaquer le système respiratoire. Selon lui, un masque complet alimentant le peintre avec de l’air frais et filtré venant de l’extérieur est la solution qui s’impose. Il recommande aussi la couverture de tout le corps avec un habit qui protégera la peau qui peut capter ces contaminants.
La peau des mains devrait aussi être protégée par des gants lors de la manipulation de la peinture durant les mélanges ou encore lors du nettoyage du pistolet qui implique des solvants.
La zone de préparation des surfaces des pièces est aussi source d’une poussière qui peut affecter le système respiratoire. Le port d’un masque de type N95 remédie à la situation. Évidemment, M. Michaud et les autres spécialistes consultés pour la rédaction de cet article se réjouissent de l’utilisation de plus en plus fréquente de systèmes de sablage sans poussière dans les ateliers de carrosserie qui contribuent grandement à assainir l’air ambiant.
Pour les opérations de soudure, les yeux doivent évidemment être protégés par un casque à visière adéquat alors que l’extraction des fumées à la source est la solution préconisée pour le contrôle des émanations.
« C’est incroyable de voir des ateliers avec des équipements de haute technologie qui lésinent sur l’aspect sécuritaire », déplore Christian St-Arnaud, représentant des ventes chez Entrepôts AB. « Je dirais qu’un quart des ateliers démontrent de bonnes pratiques à ce sujet, c’est loin d’être suffisant. »
Gérer la poussière
En plus de la chambre de peinture, il voit dans la zone de préparation un autre secteur où les risques pour la santé sont élevés. « L’aire de préparation n’est pas fixe, constate-t-il. Il faut alors considérer les équipements d’extraction de poussière mobiles, qui vont suivre le travailleur. »
Pour Jason Couillard, spécialiste du développement des entreprises chez SATA, la pandémie de la COVID avec l’impact qu’elle a eu sur la main-d’œuvre a contribué à sensibiliser les gestionnaires d’ateliers sur l’importance de prendre soin de leurs travailleurs.
« On enregistre une progression des ventes pour les équipements de sécurité, constate l’expert. L’important ensuite, c’est de s’assurer qu’ils seront utilisés correctement. Utiliser un système de respiration avec cagoule qui puise l’air purifié de l’extérieur demande une période d’adaptation de la part du technicien. Cependant, à l’usage, le peintre va se sentir en confiance et apprécié de son employeur qui investit dans sa santé. »
Alain Laplante et Christian Roy de NAPA/CMAX mentionnent que le corps humain, exposé aux contaminants, se comporte comme une éponge. Ils insistent sur l’importance de protéger les travailleurs en carrosserie. « Il faut suivre les nouvelles technologies. Le séchage des pièces avec UV, par exemple, demande une protection spécifique pour les yeux. Il ne faut pas négliger non plus les bruits excessifs qui peuvent à la longue endommager l’audition. Chose certaine, l’utilisation des équipements de sécurité ne devrait pas être négociable, reprennent-ils. Cela doit faire partie intégrante des processus de réparation automobile. »
Ce que s’entendent à dire nos experts, c’est que les solutions existent et sont facilement accessibles. Un fournisseur comme 3M par exemple, offre toute la gamme des équipements de sécurité pour les ateliers de carrosserie dans le catalogue qu’il ouvre à ses distributeurs. Comme l’indique d’ailleurs l’information partagée par cette compagnie : « Protéger vos employés c’est protéger votre entreprise. Un travailleur à l’arrêt va affecter la productivité et la profitabilité de votre entreprise. »
Masques, respirateurs autonomes ou alimentés d’air frais, protecteurs auditifs ou visuels, combinaisons protectrices complètes et même programmes d’entretien des divers filtres de ces équipements sont facilement accessibles. « Malheureusement, le constat c’est que même les entrepreneurs les mieux intentionnés sont mal informés », déplore Alain Laplante de NAPA/CMAX.