Attachez vos ceintures, le virage technologique du secteur automobile n’a pas fini de nous faire vivre des émotions fortes.
Lors de notre Congrès national l’automne dernier, nous avons eu la chance de recevoir Ryan Mandell de Mitchell comme conférencier. Je tenais à en parler ici, dans ma chronique, car ce qu’il a expliqué devant nous va impacter l’ensemble du secteur de la carrosserie automobile.
On doit d’abord parler de l’état actuel du marché automobile. Comme nous sommes tous en position de le constater, la rareté des véhicules neufs comme d’occasion depuis plus d’un an a eu l’effet d’en augmenter la valeur. C’est en soi une bonne nouvelle pour notre secteur. Cela justifie de réparer des véhicules qui auparavant auraient été déclarés pertes totales. En passant, cela est vrai en carrosserie, mais aussi pour le volet mécanique. Car dans ce contexte, les entrepreneurs devront apprendre à diversifier leur offre de services pour maximiser leurs revenus.
La complexité croissante des véhicules légers qui nous sont confiés tend aussi à augmenter le prix des réparations. La multiplication des pièces, parfois difficile à dénicher en ce moment, et les processus de réparation contribuent à cette situation. Un coup d’œil au diagnostic électronique des véhicules, incontournable aujourd’hui, avant d’entreprendre la réparation, nous démontre la riche récolte des codes d’anomalie qui se présente à nous. En fait, le nombre de puces électroniques se multiplie de façon exponentielle dans les voitures d’aujourd’hui.
Véhicules électriques
Les Canadiens démontrent leur intention de passer à l’électrique lors du remplacement du véhicule qu’ils utilisent en ce moment. Même si le Québec et l’Ouest canadien se démarquent à ce chapitre, plus de la moitié des consommateurs considèrent aujourd’hui l’acquisition d’un véhicule électrique ou hybride en remplacement de leur voiture à essence.
Et cela, confirme M. Mandell, va directement impacter notre industrie. Cela va évidemment demander une mise à jour des ateliers de carrosserie. Les équipements spécialisés et la formation adéquate sont inévitables. Ces ateliers doivent savoir que de la formation est disponible pour eux. Qui plus est, trouver du temps pour former des techniciens pour travailler sur ces nouvelles structures où se multiplient les matériaux innovants ajoute de la valeur à leur poste et contribue à leur rétention.
Ceci étant dit, les ateliers qui ont toujours démontré leurs aptitudes à s’adapter à toutes les nouvelles technologies automobiles émanant des constructeurs seront bien positionnés pour saisir de nouvelles opportunités.
En effet, les véhicules électriques et hybrides coûtent et valent encore plus cher que leurs équivalents à essence. Le coût moyen de réparation d’un VÉ est de 33 % plus élevé que celui d’un véhicule traditionnel. Dans le cas du leader de la catégorie, Tesla, on parle d’une facture majorée de 44 %. Les composantes et la structure sont différentes, les processus plus complexes et le temps de cycle sont allongés par les contraintes de sécurité. Retirer au besoin une batterie d’un VÉ, une masse de près de 2000 livres, requiert par exemple un savoir-faire et des équipements adaptés. Évidemment, ce virage électrique se fait graduellement, mais il faut s’y préparer. On peut toujours évaluer les coûts d’investissement, mais dans ce cas, il faut aussi comprendre les répercussions pour nos ateliers du non-investissement.
Nous sommes constamment confrontés à de la nouveauté, cela fait partie de notre métier. La question est de cesser d’y voir un obstacle, mais plutôt de la percevoir comme une ouverture sur de nouvelles opportunités.