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Récupérons les pare-chocs de plastique ! par Frédéric Laporte

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La possibilité de récupérer et de recycler les couverts de pare-chocs en plastique est une solution respectueuse pour l’environnement. PHOTO CCPQ

Les automobilistes québécois envoient malgré eux environ 180 000 pare-chocs de plastique chaque année aux sites d’enfouissement.

Cela se produit quand les spécialistes des ateliers de carrosserie doivent remplacer ces encombrantes pièces à la suite d’un accident. La Corporation des carrossiers professionnels du Québec, (CCPQ), souhaite sensibiliser les acteurs de l’industrie, les compagnies d’assurance, les pouvoirs publics ainsi que la population à ce grave problème environnemental. « Ensemble nous pouvons trouver une solution afin de récupération et de réutiliser cette matière polluante. »

À l’heure actuelle, le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques ignore le nombre exact de ces pare-chocs qui se retrouvent à chaque année dans les sites d’enfouissement. Du côté des compagnies d’assurance Anne Morin, responsable des Affaires publiques du Bureau d’assurance du Canada, précise que leurs statistiques n’incluent pas de données précises quant au nombre des pare-chocs remplacés et mis au rebut.

Par contre certaines statistiques permettent d’évaluer leur nombre approximatif : en 2019 on a répertorié 200 294 sinistres impliquant des véhicules légers sous la catégorie de la responsabilité civile, ainsi que 198 152 sous celle de collision ou versement, dont les coûts moyens atteignaient 4794 dollars pour la première et 4947 pour la seconde.1 Ce nombre calculé par la CCPQ de 180 000 pare-chocs par année est plausible et possiblement même en dessous de la réalité.

Du côté américain

Cette situation n’est pas unique au Québec. Aux États-Unis Dave Hartman, copropriétaire du recycleur de pièces automobiles de plastique Carhart Products de Saranac au Michigan, estime que l’on envoie aux sites d’enfouissement américains quelque 150 millions de livres de pare-chocs par année. Le manufacturier Ford y avait un programme de consignation traitant ces encombrantes pièces de 2011 jusqu’en octobre dernier.

Dans un courriel envoyé au magazine « Plastics News », Ford explique ainsi avoir mis fin à ce programme : « En réponse aux demandes des concessionnaires et des ateliers de carrosserie souhaitant un processus de gestion des pièces simplifié. Ce changement permettra aux concessionnaires et aux réparateurs d’être financièrement plus compétitifs et efficaces à servir leurs clients.2 Ces réparations s’effectuent dorénavant avec des pièces neuves.

Des équipements de haute technologie

« Ce qui rend très difficile le remplacement des pare-chocs gravement abîmés par d’anciens recyclés est leur complexité croissante. Ils sont maintenant munis de nombreux capteurs, d’éléments électroniques qui calculent la distance avec les autres usagers de la route. Dans les ateliers de carrosserie les ordinateurs de bord des véhicules sont « scannés » avant et durant le processus de réparation, ce qui est suivi d’un calibrage électronique des pièces pour s’assurer du bon fonctionnement de l’ensemble du véhicule. Si le pare-chocs de plastique est suffisamment abîmé pour devoir être remplacé, alors il l’est par une pièce neuve afin que le véhicule conserve le même niveau de sécurité », explique Michel Bourbeau, de la CCPQ.

Un premier programme de récupération

À l’heure actuelle il n’existe au Québec qu’un seul programme de récupération des pare-chocs gravement endommagés, qui ne traite qu’une fraction de ces grandes pièces qui sont enlevées des véhicules accidentés. Mario Maselli, président de Tandem recyclage, explique comment la situation a graduellement empiré :

« Je travaille dans l’industrie des pièces automobiles recyclées depuis plus de 20 ans. J’ai participé à mettre sur pied des usines de recyclage et de remise en état des pare-chocs au Canada, aux États-Unis et au Mexique. Avant on récupérait les pare-chocs des véhicules accidentés pour les redresser, les réparer et qu’ils puissent être revendus aux ateliers de carrosserie. Il y a quelques années le marché s’est gravement détérioré, on s’est mis à installer de plus en plus de pièces de remplacement neuves, provenant surtout d’Asie, qui étaient moins chères que les usagées! Finalement ces usines ont été obligées de fermer leurs portes parce qu’elles n’étaient plus rentables, ici comme ailleurs. »

Les pare-chocs sont transformés en granules qui peuvent être réutilisés dans la fabrication de nouveaux objets. PHOTO CCPQ

L’entreprise de Beloeil effectue le ramassage des pare-chocs de plastique auprès des compagnies qui en font la demande. Ces grandes pièces, mesurant près de deux mètres de longueur et pesant quelque trois kilos, représentent plus de la moitié du volume des rebus que les ateliers de carrosserie mettent dans leurs conteneurs à déchets.

Chaque pare-chocs est inspecté pour en retirer le moindre métal, qui pourrait abîmer les couteaux des appareils qui les réduisent en particules. « C’est particulier mais les deux machines qu’on utilise servaient il y a plusieurs années à broyer des disques 33-tours. Même à elles on a réussi à trouver une nouvelle existence! », souligne-t-il.

Pour créer de nouveaux objets

La matière broyée est appelée polyoléfine thermoplastique ou plus communément TPO. « C’est un plastique huileux qui entre dans la composition de plusieurs éléments. Les particules recyclées servent dans la fabrication d’objets dont l’apparence n’est pas importante, par exemple des tuyaux de drainage. L’entreprise conçoit une recette qui est concoctée en fonction de ses besoins en mélangeant des matières recyclées à des neuves », ajoute Florence Maselli, représentante chez Tandem. À l’heure actuelle ces particules sont expédiées à une entreprise manufacturière située aux États-Unis.

Agir mieux

Les membres de la Corporation des carrossiers professionnels du Québec sont convaincus qu’il est possible de faire beaucoup mieux qu’en ce moment. « Les consommateurs d’aujourd’hui s’attendent à ce que les entreprises qui réparent leurs véhicules disposent des anciennes pièces d’une façon responsable, respectueuse de l’environnement. Mais pour l’instant ils ignorent ces enjeux. Nous pensons que s’il existait un programme efficace de récupération de ces pièces les gens n’hésiteraient pas à embarquer », précise Michel Bourbeau, de la CCPQ.

« Maintenant ce sont les gestionnaires d’atelier qui prennent ces décisions et payent pour envoyer ces pare-chocs aux sites d’enfouissement. Ou encore de récupérer, de trier et d’entreposer ces pièces qui sont ramassées pour les transformer en granules. Cela ne devrait pas être leur responsabilité et ce n’est pas à eux de payer pour ça », ajoute M. Bourbeau. Ajoutons qu’à l’heure actuelle seule la compagnie d’assurance Intact participe aux frais de récupération de ces pare-chocs.

Trouver le bon modèle

« Est-ce que le déchet de l’un peut devenir la matière première de l’autre? », se demande Francis Fortin, pdg de Chamard stratégies environnementales. Le spécialiste des matières résiduelles précise que le défi demeure d’avoir un modèle économique fonctionnel qui fasse que les entreprises privées adoptent un projet écologique, quel qu’il soit.

« Après une analyse du cycle de vie, du bilan environnemental, peut-être que l’on s’apercevra qu’il faut travailler différemment avec les centres de tri, les carrossiers, les recycleurs, les ferrailleurs… Les gens payent déjà des écofrais pour leurs pneus, pour l’électronique. Ils sont sensibilisés et s’attendent à ce que la reprise après la Covid soit verte », souligne-t-il.

La CCPQ souhaite que l’on agisse pour l’environnement

En ce moment les sites d’enfouissement reçoivent de nombreuses matières provenant de l’industrie automobile qui auraient pu être recyclées, entre autres les pare-chocs de plastique. Collectivement nous traitons avec succès les huiles et les pneus usagés depuis des années. La CCPQ souhaite que l’on mette sur pied un programme efficace de récupération des pare-chocs de plastique, dont bénéficiera l’ensemble des Québécois.


1Plan statistique automobile du Québec, rapport 1A.2, sommaire, Résultats pour toutes catégories de risques confondues, toutes garanties confondues. Groupement des assureurs automobiles, 31-03-2020.

2 « Ford drops bumper recycling program », Plastics News, 6 octobre 2020.

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