L’analyse des données (scan) d’un véhicule avant d’entreprendre les travaux de réparation après une collision devient un incontournable dans l’industrie.
Un réseau comme celui de Fix Auto demande à ses ateliers de procéder aux analyses électroniques de tous les véhicules qui leur sont confiés dès l’ouverture du dossier. Pour l’ensemble des carrossiers, cette procédure fait de plus en plus partie intégrante du processus de réparation.
Nous avons parlé à des gestionnaires d’atelier qui maîtrisent cette technologie de diagnostic afin de voir avec eux les avantages qu’ils en tirent.
« Nous branchons la voiture dès son arrivée lors de l’évaluation des dommages, explique Yvon Bousquet, directeur de la carrosserie CarrXpert de Saint-Hyacinthe. Cela nous donne un portrait clair des dommages lorsque nous préparation l’estimation. Si le véhicule est carrossable, nous referons un scan avant le démontage, puisqu’il peut s’être produit des choses dans l’intervalle. Et à la fin des travaux, nous allons analyser tous les systèmes électroniques pour nous assurer que tout est en ordre. »
Appuyer l’estimation
Selon M. Bousquet, voir l’historique du véhicule est une formule gagnante pour tous. Les codes d’anomalie permettent de voir les travaux à réaliser, mais aussi les programmations et les calibrations nécessaires à la remise en condition des systèmes, notamment ceux reliés à l’aide avancée à la conduite. « Le rapport que nous tirons du scan vient appuyer l’estimation. L’important est de tout documenter, reprend M. Bousquet. Après, il faut travailler avec l’assureur dans un processus d’apprentissage mutuel. Pour les assureurs aussi, toute la question des scans reste une nouveauté. »
Dans cet atelier de pointe, un technicien spécialisé a été attitré pour mener l’ensemble des scans sur toutes les voitures qui se présentent. Le technicien Vincent Mosiman passe ses journées branchées sur les véhicules des clients.
« Ça représente un investissement, puisque nous devons constamment mettre nos équipements de diagnostic à jour. Mais c’est le prix à payer pour avoir en main la documentation qui nous permet de soutenir nos dossiers et nous faire payer par les assureurs, souligne M. Bousquet. L’assureur voit aussi qu’en tirant l’historique du véhicule, c’est avantageux pour lui puisqu’il est plus simple d’écarter les dommages antérieurs. Et de pouvoir scanner tous les véhicules qui nous sont confiés est aussi une façon de nous protéger. Ça démontre, noir sur blanc, que nous avons fait le travail pour remettre sur la route des voitures sécuritaires. »
Découvrir les problèmes
Selon Yvon Bousquet, le fait de scanner à trois reprises les véhicules de ses clients est rentable. Il peut tirer des revenus de 60 à 75 $ par voiture sans compter tous les ajouts de remplacement de composantes électroniques, de programmation et de calibration que ce type de diagnostic électronique permet de découvrir. « Avant, on ne voyait tout simplement pas ces problèmes. »
Même constat chez un autre précurseur, Jean-Pierre Landry, qui nous parlait de sa Carrosserie ProColor de Drummondville. « Ça nous rend beaucoup plus conscients. On n’a pas toujours des solutions à tout, mais au moins on voit tous les problèmes. » Tout comme son collègue de Saint-Hyacinthe, M. Landry peut faire les scans et les reprogrammations à l’interne, mais doit envoyer chez les concessionnaires les véhicules dont les systèmes avancés d’aide à la conduite (ADAS) doivent être recalibrés. Mais les deux entrepreneurs visent à s’approprier ces services dans les prochains mois, question de trouver les meilleurs équipements et l’espace nécessaires pour procéder à ces opérations délicates.
« Chose certaine, enchaîne M. Landry, l’analyse des données et la préparation d’un rapport pour justifier les réparations n’est pas un travail de carrossier. J’ai plus de chance de trouver un technicien pour le faire derrière un comptoir de Best Buy que sur les bancs d’une école de métiers. »
Chez lui présentement, la tâche des scans est partagée entre une demi-douzaine de techniciens. Le propriétaire d’ateliers n’exclut pas de confier la tâche à un seul spécialiste, quand les volumes le justifieront.
Les assureurs suivent
Il constate aussi que l’attitude des assureurs en ce qui concerne le paiement des scans pré et post réparation a progressé, puisqu’il se fait payer ces opérations dans 95 % des cas. Et si l’assureur ne veut pas payer, il ne recevra pas le rapport des codes d’anomalies sur la voiture. Ce qui n’empêchera pas le carrossier d’effectuer les travaux qu’il juge nécessaires pour la remise au client d’un véhicule sécuritaire.
« Mais en général, nous travaillons avec une grande transparence avec les assureurs qui manquent encore de connaissances. Nous avons l’impression d’ouvrir le chemin, illustre M. Landry. L’investissement nécessaire à réaliser les scans, que ce soit au chapitre de la formation ou des équipements, n’est pas encore rentable à proprement parler, à mes yeux. Mais nous construisons notre expertise pour les années à venir. »
Un coup de fil au formateur spécialisé Michel Julien, de la firme MJ Consultech, nous apprend qu’il travaille encore étroitement auprès des carrossiers pour les aider à apprivoiser la capture et l’analyse des données électroniques des véhicules. Mais lors de notre conversation, il indiquait travailler aussi avec les assureurs pour démystifier cette méthode de diagnostic et en souligner toute l’importance.