Richard Grenon et son fils Nicolas ont investi 6000 heures dans la restauration de ce qui pourrait être la plus belle voiture américaine de tous les temps.
Pourtant, durant ses 50 ans de carrière, le restaurateur en a vu passer de belles voitures. S’il a choisi de nous parler spécifiquement de la Chrysler Imperial Convertible Victoria de 1931, c’est à cause de sa rareté, de sa remarquable élégance, mais aussi du défi que sa restauration a représenté pour lui et son fils.
Une passion hâtive
Mécanicien dans le garage de son père, le jeune Richard n’a que 14 ans lorsqu’il modifie un Willys Coupé 1940 en Hot-Rod. Il travaillera pour son père jusqu’en 1981, année où la restauration de voitures antiques devient son métier. Il réalise rapidement qu’il est plus intéressant pour son entreprise, Au Temps Tic Auto, de travailler sur des voitures classiques rares, « plus le fun à restaurer. » Les Porsche, Ferrari, Jaguar des années 1950 à 1970 se succèdent dans son atelier ainsi qu’une brochette hallucinante de modèles américains luxueux d’avant-guerre. Sa réputation se construit au rythme des livraisons et des contacts créés partout en Amérique et en Europe. Son fils Nicolas est maintenant son associé.
C’est en 2009 que le duo achète la Chrysler Convertible de son propriétaire new-yorkais. Il ne resterait que trois voitures de ce type dans le monde. Ce modèle luxueux est d’autant plus intéressant qu’on y perçoit l’influence européenne, notamment en matière de carrosserie. La voiture à deux larges portes pour quatre passagers comporte plusieurs accessoires avant-gardistes, comme un éclairage intérieur ou encore deux roues de secours latérales et un porte-bagages sur le coffre arrière.
50 ans dans une grange
Elle a dormi dans une grange pendant 50 ans et si toutes les structures en bois devaient être reproduites à la main, la carrosserie en aluminium, une de rare livrée par Waterhouse, était en relativement bonne condition. Seulement le bas des panneaux a dû être refait.
Pour les pièces, tout est d’origine sauf le moteur et la transmission, prise sur une autre Chrysler Imperial 1931 achetée par la même occasion.
Il aura fallu un total de 6000 heures au restaurateur et à son fils pour mettre cette voiture rarissime en condition impeccable. Toute la carrosserie a été sablée à nue et recouverte d’un scellant avant d’être recouverte de plusieurs couches successives d’apprêts. « Avec ce traitement, la carrosserie est bonne pour 200 ans », précise l’expert. Les couches de peinture finales sont noires avec une découpe orange brûlé. La même couleur se retrouve dans le capitonnage intérieur, du cousu main par M. Grenon.
La voiture a passé deux ans dans l’atelier avant d’être vendue dans un encan spécialisé en 2012 pour la somme de 525 000 dollars américains, un prix qui semble une aubaine pour Richard Grenon. « Quand on calcule le nombre d’heures passées à la restauration, on voit que notre métier est tout d’abord une question de passion », conclut-il avec philosophie.