Marcos Malzone et Elliot Roberts de Solera/Audatex, sont aux premières lignes du développement d’applications d’estimation des dommages basée sur des photos analysées par l’intelligence artificielle.

Dans le cadre de la rencontre virtuelle du Forum canadien de l’industrie de la carrosserie (CCIF), ces deux experts internationaux, responsables du développement de produits sur tous les continents ont expliqué quelle révolution dans l’estimation des dommages après une collision l’intelligence artificielle apportera. Cette technologie est à nos portes.

Solera, qui commercialise la plateforme d’estimation Audatex, pousse la recherche pour qu’une photo des dommages sur une voiture soit automatiquement traduite par un estimé des coûts de réparation. La voiture est identifiée par son numéro VIN qui précise le modèle, l’année et la version. Un calque du véhicule permet au logiciel, basé sur l’intelligence artificielle, de tracer les zones affectées. L’utilisateur n’a alors qu’à retirer les dommages antérieurs et l’estimation des dommages s’ajustera automatiquement.

« Ce n’est pas la solution parfaite, s’empresse de préciser Elliot Roberts, ça prend un expert pour valider les dommages, mais c’est un outil incroyable qui donne une très bonne base pour l’estimation des travaux à faire et du prix qu’ils représentent. » L’information sur le kilométrage permettra aussi de déterminer la valeur du véhicule avant la collision, ce qui entrera en ligne de compte pour déterminer la suite des choses, notamment la déclaration de perte totale.

Une immense base de données

Pour construire son estimé, le système qui est présentement en validation auprès d’assureurs européens et d’ateliers de carrosserie, travaille sur une base de données comptant un milliard d’images et 350 millions d’estimés provenant d’ateliers. Tout ça est relié au système Audatex qui comporte tous les processus de réparation selon les normes des constructeurs, constamment mis à jour. Le système a été construit pour tenir compte des coûts des travaux et des pièces selon les différents marchés mondiaux pour ajuster en conséquence les estimés.

« Pour les assureurs, cet outil promet une grande transparence et une constance dans les résultats, explique à son tour Marcos Malzone. Les projets pilotes en cours démontrent une réduction de 50 % des suppléments dans les dossiers analysés. Nous travaillons à valider ce processus automatique basée sur nos données et les décisions en archives. » Les deux intervenants savent qu’en plus de valider la technologie, il faudra aussi la rendre acceptable aux assureurs, fournisseurs et réparateurs. Pour le consommateur, qui pourrait lui-même fournir les photos à son assureur, tout le processus de réclamation pourrait être accéléré. Et si l’estimation est précise et détaillée, le carrossier aurait l’occasion de commander les pièces nécessaires et réserver son équipe avant même que la voiture n’entre à l’atelier.

Selon les développeurs, la plateforme qui est en validation auprès de l’écosystème de la carrosserie doit atteindre un consensus entre le consommateur, l’assureur, les fournisseurs de pièces et de matériel et les carrossiers. Une étude comparative est aussi en cours pour voir quelles disparités seront décelées entre un estimé fait par un logiciel basé sur l’intelligence artificielle et celui compilé par un humain.

« Le défi technologique ne fait plus obstacle. L’utilisation de photos qui peuvent ainsi être interprétées en 20 secondes va changer le paysage de la carrosserie, prédit M. Roberts. On peut faire l’analyse à distance, rapidement, en suivant un protocole satisfaisant pour tous les partis. »